Mon monde à l'envers

Ce matin, tranquille et sans soucis, je marchais dans la rue. Lala le schtroumpf lala, en gambadant gaiement.

Comme toujours, j'attends que le petit bonhomme passe au vert, pour traverser. Sauf quand il n'y a pas de feu, je fais jouer ma priorité absolue. Je ferme les yeux et je me lance, comme la grand-mère de Mulan (sauf que moi je n'ai pas de cricket).

Et à ce carrefour là, il n'y avait qu'une voiture arrêtée, en train de vérifier que personne n'arrivait et qu'elle allait pouvoir y aller comme une dingue, vite vite tant que la voie est libre !

Sauf que non chérie, tu vas devoir attendre, là c'est mon tour, je suis le piéton, sur le passage clouté, donc pas bouger !

Elle a dû se lancer un quart de seconde après moi, la salope.

Ca s'est passé très vite. Le temps de me dire qu'elle allait bien être obligée de freiner pour me laisser arriver de l'autre côté, elle était déjà en train de me rentrer dedans. C'était bizarre, parce que je pensais vraiment qu'elle m'avait vu, alors le coup a été beaucoup plus violent que ce que je pensais (forcément, vu que quand elle a freiné, je me l'étais déjà mangée dans les jambes).

Heureusement, grâce à mes réflexes félins (après une enfance traumatisante, ça a enfin payé d'être le fils de Catwoman et Félix le chat), j'ai réussi à ne pas me vautrer comme une merde et à juste me niquer la main en me rattrapant.

Je me suis relevé, rassurant d'un geste de la main tous ceux qui s'étaient précipités pour me porter secours (nan j'déconne, c'est Vincennes, ils ont pas que ça à foutre nos vieux).

Par contre, quand la chauffarde a ouvert sa fenêtre, je ne sais pas que ce qui m'a pris. Je l'avais au creux de ma main, je n'avais qu'à serrer pour l'écraser, mais au lieu de ça, je l'ai rassurée, ha ha, vous inquiétez pas, y'a eu plus de peur que de mal, allez madame, salut à la revoyure !

Et j'ai repris mon petit bonhomme de chemin. Bien sûr, dès que je me suis remis en route, j'ai eu le contrecoup de l'accident : la tête qui bourdonne, mal à la main, et je faisais dans mon froc à chaque passage piéton, mais c'est vite passé. Et ça m'a permis d'avoir des trucs à raconter ce soir, en arrivant à Happy Time.


- Et t'as fait quoi alors aujourd'hui ? - Bah rien. Ah si, ce matin je me suis fait renverser par une voiture. Et toi ?

Ou alors je ne me suis jamais relevé, je suis dans le coma et j'ai rêvé toute la suite de cette journée depuis mon lit d'hôpital.

Ou je suis mort sur le coup.

Les hommes aiment les hommes qui n'aiment personne

Pendant mon premier contrat à Happy Time, j’étais encore un jeune blanc-bec, tout naïf, la tête pleine de belles illusions. Je ne détestais pas le boulot, tous les jours c’était un peu comme être en colonie de vacances. Sans me forcer, j’étais aimable et souriant avec les clients, consciencieux dans mon travail.

Je faisais aussi attention à mon apparence : j’arrivais toujours bien rasé-bien coiffé-bien habillé, pour que les chefs continuent à être satisfaits de moi. Et puis, je bosse quand même dans le coeur du monde gay parisien, il fallait bien essayer de faire une belle impression sur ces messieurs, on ne sait jamais sur qui on peut tomber.

Mon premier contrat a duré six mois. Je me suis fait draguer par un ou deux collègues, et mater par quelques clients (sans compter les fans qui étaient venus voir la bête à l’oeuvre).

Et puis, pour mon deuxième contrat, j’ai découvert Perle de Lait. Je me suis rendu compte que je fais vraiment un job de merde, que je n’ai aucun avenir, et que de toute façon les chefs m’aimeront quoi qu’il arrive, vu que je remplis les deux conditions requises pour être bien vu : je viens, et je bosse.

Ca a un peu joué sur mon humeur et mon attitude.

Maintenant je ne me rase plus qu’une fois par semaine (grand maximum), et je fais la gueule la plupart du temps, ce qui me donne un charmant air morose. J’ai arrêté d’être consciencieux, ça ne mène à rien, et quand il n’y a pas de clients, je sors mon bouquin, dressant la culture comme un mur invisible entre moi et ces têtes de cons qui me servent de collègues.

Je ne suis pas plus aimable avec la clientèle. À la place du “Bonjour ! ” de rigueur quand un client arrive, je me contente de pencher la tête sur le côté et de lui lancer mon regard apathique et dédaigneux, celui qui dit “Bon, eh; ok ?”, mais en esquissant un sourire quand un chef est dans les parages, parce que faut pas déconner, eh.

Nouvelle attitude, nouveaux résultats.

Sur les sept étages du magasin, il n’y en a plus que deux où je puisse marcher sans tomber sur des employés qui me font une drague lourde et insistante, me caressent pour me tenir la porte ou veulent m’embrasser dans le cou à côté de la machine à café. Je récupère les numéros de tout le monde, y compris des clients. Plus ça va, moins le job me plaît, moins je suis sympathique et plus mon magnétisme sexuel a l’air d’augmenter.

Et je ne suis là que depuis un mois. Je peux être tellement, tellement plus antipathique !

Happy Time, tout pour élargir ses horizons.

C'est Noël !

Glori alléluia ! Joie, bonheur et félicité ! Grâces soient rendues au petit Juif mort pour mes pêchés et ceux de mes pairs (d'ailleurs, surtout ceux de mes pairs, parce qu'il est bien entendu que je suis un modèle de vertu) et dont c'est l'anniversaire aujourd'hui !

Ca fait un an que les petits enfants du monde entier se nourrissent de la perspective de cette fête bénie entre toutes, et aujourd'hui, leur attente est enfin récompensée !

Merci, facteur, merci, de m'avoir rappelé quel jour on était !

Parce que je le vois bien, tout le monde essaye de m'embrouiller ma tête, de me faire croire que c'est pas possible qu'on soit déjà à la Noël, qu'on n'a même pas encore fêté Halloween et nos morts, qu'on est à peine à la mi-octobre... D'ailleurs j'ai bien failli me laisser berner.

Mais heureusement, ma boîte aux lettres ne me ment pas. Elle est honnête.

C'est grâce à elle que je le sais. Enfin, pas seulement.

Grâce à elle et au Premier Catalogue de Jouets (ouais, avec des majuscules, et alors ?) qui vient d'arriver !

Sa mère la pute c'est Noël !

Ma vie sous amphets

À Happy Time, entretenir des bonnes relations avec les codétenus, c'est primordial. Sinon on risque de se faire planter à la cantine par une vieille fourchette rouillée, ou pire encore. Alors quand Collègue Presque Mignon m'a invité à prendre un café pendant la pause, je n'ai pas dit non. C'est un chef de gang, ça serait dangereux de le contrarier.

C'est aussi pour ça que je l'ai laissé faire. En plus c'est toujours agréable de se faire draguer, même si c'est à base de "c'est à vous ces beaux yeux-là ?" et autres "vous habitez chez vos parents ?".

Et puis, les fourchettes rouillées à la cantine.

Du coup, je n'ai rien dit, j'ai tout fait comme il disait. Quand il m'a caressé le torse, le dos puis le cul sous prétexte de me tenir la porte, très poli je n'ai pas bronché. Pareil, quand il m'a commandé un café, je suis resté stoïque. Déjà que je me fais inviter, je ne vais pas jouer ma mijaurée et dire que je n'aime pas ça. Et pour ne pas passer pour un dégonflé, pour montrer que moi aussi je suis un gros dur qui n'a pas peur d'un petit expresso de rien du tout, je l'ai bu.

Funeste erreur !

Je ne bois jamais de Coca, j'aime pas c'est trop plein de bulles, et ça désaltère pas. Je ne bois jamais de café non plus, ça a un goût de chiottes, ça donne une haleine de chacal, et c'est une boisson de grande personne. Ce qui fait que mon sobre corps ne reçoit quasiment jamais de caféine, je suis pas un sale drogué.

Et là, sans réfléchir, je viens d'avaler un concentré de pure caféine. Un sucre et cul sec.

Au début, il ne s'est rien passé. Fin de la pause, on se lève, on retourne bosser, chacun de son côté. Et puis soudain en marchant vers mon poste, je me suis senti tout drôle. Il fait chaud d'un coup, non ? Enfin non, il fait pas chaud, je frissonne. Et j'ai des sueurs froides qui me coulent le long du dos, au secours ! Mais ça va aller, hein, ça va, allez ça va, allez ça va, allez ça va.

Arrivé à mon poste, je m'assieds, tout tremblant et super speed.

Au bout d'un moment, je ne me limite plus à trembler comme un parkinsonien. Je suis complètement aware, je prononce 700 mots à la minute, I'm everywhere I feel so hot.

Ensuite, j'ai commencé à avoir du mal à canaliser toute cette belle énergie à l'intérieur de mon corps, je me suis mis à me lever, m'asseoir, jouer du tam-tam sur tout ce que j'ai pu trouver : un classeur, le clavier, mes genoux... Alors j'ai eu très mal à la tête, et j'ai passé toute la fin de journée sur les nerfs, aux aguets, à attendre une catastrophe imminente, qui malheureusement ne vint jamais, bouh la vilaine catastrophe.

Au final, je ne pense donc pas renouveler de si tôt l'expérience café. Le goût n'est pas si désagréable, mais les sueurs froides, les tremblements et le mal de crâne, je ne suis pas franchement fan (et puis je ne rate rien, l'avantage de bosser à Happy Time, c'est que la caféine n'est qu'un des nombreux prétextes pour se faire tripoter dans des coins sombres entre collègues -les clients je sais pas, je n'ai pas encore testé).

Ca par contre, ça n'est pas vrai du tout. Ah ça non alors.

Your Unconscious Mind Is Most Driven by Reserve.

You approach the world with reserve because unconsciously, and perhaps consciously, you like to be in control. You keep your emotions to yourself and you may seem mysterious or enigmatic to others. You're often very cautious about truly expressing yourself.

Even people who have known you for some time may find it hard to get close to you. Your psyche is very deep and rich; the more you learn about it, the more you will understand who you really are...

(via Garoo)

Parfois je me dis qu'il me faudrait beaucoup, beaucoup plus que des lunettes



- Ah ouais ça a l'air sympa ce que t'as acheté ! Mais c'est quoi ? De l'andouillette ?

(Vu sa tête, je me dis que j'aurais dû suivre ma première idée, et proposer le chocolat, non mais franchement qu'est-ce que je raconte, évidemment que ça ne peut pas être de l'andouillette!)

- Euh ? Ben non, quoi, c'est un robinet. Tu sais, pour la salle de bains ?

C'est on ne peut plus vrai

You Could Definitely Be a Vampire
Immortality, staying pretty forever, not having to get a job... you could definitely eat some flesh for these things.
It's not that you're a murderer by nature. In fact, you're probably the furthest thing from it.
However, if you woke up a vampire, you'd certainly be able to adapt and enjoy your new lifestyle.
There might not be much better than living forever, even if it means giving up your soul.

What you would like best about being a vampire: Being a total outsider

What you would like least about being a vampire: Other vampires

Grandir c'est expérimenter

J'avais déjà testé plein d'endroits différents.Dans un lit (le plus souvent, oui, je suis super original et aventurier), dans un canapé (deuxième place), dans un train, un avion, le métro, à la plage et au bord de la piscine.

Et hier, j'ai testé un nouvel endroit. Tout chaud, tout humide, tout bizarre. En plus, assez risqué, maintenant que j'y pense, faudra penser à ne pas recommencer.

Pourtant on ne peut pas dire que j'aime ça.

Mais hier, j'ai dû obéir à mon corps. Usé par la vie, les soucis, les excès de fervex et le squash, j'ai fait une sieste je me suis endormi comme une merde dans mon bain.

Et c'était bien.

Old Age

Quand j'étais en Sup' d'Happy Time, pour apprendre les rudiments de ce difficile métier, la méchante formatrice avait fait une petite parenthèse sur "Comment s'adresser aux collègues ?". Parce que c'est un truc qu'apparemment il faut savoir.

La leçon pouvait se résumer en deux points principaux :

1. On tutoie tout le monde;

2. Mais on vouvoie les vieux et les vieilles, qui risquent de mal prendre notre tutoiement amical de d'jeuns in da move, ils trouvent que c'est irrespectueux, tout ça tout ça, fossé générationnel, bla bla bla.

Et samedi, je me suis retrouvé à bosser avec une petite nouvelle toute mignonne, qui a dû suivre la même formation que moi. Sauf qu'elle doit être un peu conne sur les bords.

Elle n'a pas arrêté de me vouvoyer.

Ca doit venir d'elle.

Parfois je suis lourd (mais c'est pas ma faute)



- Hé, hé, c'est l'heure, tu vas pas déjeuner ? Allez quoi, tu y vas maintenant, arrête de faire du zèle et de t'occuper des clients, c'est l'heure de ta pause déjeuner, faut que tu y ailles, hé, monsieur collègue, tu dois aller manger maintenant, après y'aura plus rien à la cafet', dis, dis, pourquoi tu restes, pourquoi tu vas pas manger ?

De 14h à 14h30, à mon collègue Mohamed, jusqu'à ce qu'il me fasse gentiment -mais fermement- remarquer qu'on était en plein ramadan (et que si je pouvais arrêter, ça serait aussi bien).

Ma vie sans vacances

À Happy Time, les vacances sont gérées, dirigées, organisées par un seul homme, le Grand Maître des Congés : Polochon (c'est bête que vous ne connaissiez pas son vrai nom, parce que je trouve ma blague très drôle, du coup).C'est lui qui décide si on peut (ou pas) partir à la période de notre choix. C'est son seul pouvoir, mais il le tient bien.

Du coup, j'essaye de me mettre bien avec lui, et de lui faire comprendre que je veux des vacances. Je m'arrange pour ne pas le croiser si je n'ai pas une sucette, un hot dog, une glace, un corn dog, ou un doigt dans la bouche. Et un regard langoureux, toujours.

Et puis il est presque beau, Polochon, et pas seulement parce qu'il a le pouvoir et que le pouvoir rend sexy. Non, il est grand petit, musclé malingre, brun ou châtain je sais plus trop, mais avec juste une petite mèche de cheveux blancs sur l'arrière du crâne, très étrange et rigolote.

Et puis l'autre jour, j'ai passé ma pause avec quelqu'un dont le nom ne mérite pas d'être écrit ici, qui était venu dépenser un peu son argent dans ma boîte et ça c'est sympa. On a discuté devant l'entrée du personnel, pour que je puisse retourner bosser vite fait à la fin de la pause.

Dans l'intervalle, Polochon a fini sa journée (il bosse pas beaucoup, mais bon d'un autre côté il a pas grand chose à foutre), est sorti, et lui et sa mèche blanche nous sont passés devant. Mèche qui n'a pas échappé à Theo, qui a lancé un spirituel :

- Attention y'a un pigeon qui vous a chié dessus !

Auquel j'ai bien entendu beaucoup rigolé.

Alors maintenant si quelqu'un connaît une alternative aux vacances, parce que moi, je crois qu'il faut que j'oublie.

Comment je suis devenu un Super Sayan qui fait peur

Ce matin en partant, j'ai mis un tee-shirt blanc qui met bien mes pectoraux en valeur. I'm a sexy bitch, aren't I ?

Je me suis passé la langue sur les lèvres, devant le miroir, et j'en ai eu une petite grosse érection.

Le temps que ça se calme, je me suis mis un peu de gel dans les cheveux. J'ai des épis qui n'en font qu'à leur tête -même avec du Fixation Béton (CMB)-, mais là au moins on a l'impression que c'est fait exprès, même mon petit tourbillon sur le front fait staïle. Il est bien mon gel, parce que si on se foire (ce qui m'arrive rarement, mais supposons), ou si on doit se recoiffer en vitesse en cours de journée, il suffit d'un peu d'eau pour lui donner une nouvelle jeunesse. Ca ne le rince pas, ça le renforce. Et là, du premier coup, j'ai réussi à me donner -comme à chaque fois- une coiffure faussement négligée / saut du lit du plus bel effet. D'ailleurs, pas un jour ne s'écoule sans qu'on m'arrête dans la rue pour me complimenter sur mes ch'feux.

Comme il pleuvait (et qu'il caille sa mère la pute), j'ai mis ma veste qui, avant de couvrir mes épaules musclées, servait d'enveloppe corporelle à un buffle. Jusqu'au jour où il s'est rendu compte qu'il serait beaucoup plus heureux si je la portais -et il a eu raison, parce que quand les passants ne s'esbaudissent pas devant ma coupe, c'est qu'ils me disent à quel point mon cuir me va bien.

Je n'ai pas sorti mon parapluie de mon sac, même pour marcher dix minutes sous une pluie battante : n'étant pas en sucre, il est peu probable que je me dissolve en chemin.

L'eau ruisselait quelque peu sur mes traits réguliers, mais pas trop, parce que mes cheveux sont faits de sphaigne, ils peuvent retenir vingt fois leur volume en eau.

En arrivant à Happy Time, je me suis passé, dans un geste très Leonardo DiCaprioien, la main dans les cheveux.

Ensuite ils ont séché, dans la position où quinze litres d'eau et de gel les avaient laissés.

Ferrero Code

J'ai fait une découverte.Plus troublante qu'une prophétie de Paco Rabanne, plus incroyable que les gnognotesques apparitions du Christ dans des bagels ou des raisins secs, plus effrayante que le menton des Bogdanov, mieux cachée que le talent d'Ingrid Chauvin.

Vous pensiez tout savoir ? Deux et deux font quatre, la Terre est ronde, Henri Salvador est immortel, l'eau ça mouille et pour repérer le nord il faut chercher la mousse sur les arbres ? Vous ne savez rien.

Moi, Procellus, au risque de ma vie, bravant cent fois la mort et déjouant mille périls, j'ai déterré le secret le mieux gardé du monde, n'en déplaise à Dan Brown.

Le petit garçon des bâtonnets Kinder Chocolat est en réalité un vampire, et j'en ai la preuve formelle, oui madame.

photo réalisée sans trucage

Et ça c'est du scoop ou je m'y connais pas. Jean-Pierre Pernaut tu peux aller te rhabiller.

L'uniforme

En ce moment à Happy Time, c'est une période de promotions dont je vais garder le nom secret, pour que dans ma candeur juvénile, je puisse m'imaginer encore un peu que personne ne sait où je bosse. On va donc dire qu'en ce moment à Happy Time, c'est Les Soldinettes!. À cette occasion, on a eu tout un speech de Girafa notre gentille grande chef, qui m'aime et qui pense que chacune de mes actions est directement dictée par Dieu himself, et que la terre que je foule reçoit un sacrement à chacun de mes pas. Comme le dit Pépéprocellus -avec classe- : "tu pourrais chier sur la table elle trouverait ça beau". Du coup en retour, moi aussi je l'aime beaucoup. Je suis comme ça.

Et là, pendant son grand discours, Girafa était encore en train de mouiller sa culotte tellement j'avais le regard captivé par ses mots, alors qu'en fait j'étais parti quelque part dans ma tête, loin très loin, et je ne sais pas trop de quoi elle parlait. Je me souviens juste qu'à un moment elle a utilisé un gros marqueur dont l'odeur a failli me ressusciter, mais en fait non.

Je ne me suis réveillé que sur la fin du briefing, quand elle nous a distribué nos badges Les Soldinettes!. Tout le monde a commencé à râler "oh nan quoi les badges, chier merde nul, nan !". Je n'ai pas trop compris pourquoi, c'est rigolo le badge, et bon ça va, c'est pas comme si on avait les badges Soldes, mais je veux pas passer pour un dégonflé, alors j'ai grommelé comme tout le monde, en agitant le poing pour montrer mon désaccord.

Girafa nous a regardés avec un air compatissant et désolé. Elle sait bien pourquoi ça nous déplaît autant, les badges -alors si elle pouvait m'expliquer, parce que moi pas comprendre-, mais il faut qu'on se console, parce qu'on a de la chance, la plupart des employés doivent porter un gros tee-shirt Les Soldinettes!.

Comme un seul homme, toute la salle a rigolé pour bien se moquer des pov' nazes avec leurs tee-shirts, ah ouais on les a vus, trop la honte mwahaha. Mais , dégonflé ou pas, je n'ai pas pu les suivre.

Parce que moi aussi en fait j'en voulais un, de tee-shirt ! :(

Cris et chuchotements

L'avantage d'habiter dans un square, c'est que... euh... voyons... ah, si : j'ai pas trop de vis-à-vis. L'inconvénient, c'est que c'est beaucoup moins calme que ça n'y paraît. Le matin, je suis réveillé par les femmes d'affaires dynamiques qui font claquer leurs talons sur le... revêtement de sol dont je ne connais pas le nom. On dirait des pavés. Et un square encadré par des immeubles, ça a une acoustique digne des meilleurs amphithéâtres Grecs, du coup je profite pleinement de leur marche énergique.

L'après-midi, les parents viennent épuiser leurs connards de gosses de merde juste sous mes fenêtres, après l'école, pour être tranquilles une fois rentrés. On croirait pas, mais une cinquantaine d'enfants qui courent dans tous les sens en hurlant à pleins poumons dans un square qui fait office de caisse de résonance, c'est... disons que dans ces moments là, j'aimerais être un sniper.

Et la nuit venue, c'est l'heure où les enfants un peu plus grands prennent possession des lieux. Le monsieur veut dire qu'en fait les racailles et les rebelles aux cheveux gras qui s'écrivent au tipp-ex sur les chaussures viennent s'y bourrer la gueule à la Despé. Du coup, je m'endors assez souvent avec en fond sonore des mecs complètement déchirés qui gueulent contre / avec des filles encore plus barrées. Ma berceuse à moi, c'est :

- COOONNAAAAASSE !!!

- HIHIHIHIHI COOOONNAAAAARD !!!

- WEEEEEEESH !!! COOONNNAAAAARDS !!!

- HIHIHIHIIIIIIIIIIII HAAAAAA AAAARRÊÊÊÊTTE !!!

Et encore, je fais pas les quintes de toux à cause de tous leurs joints qui leur détruisent leurs petits poumons de d'jeuns, et puis c'est dangereux pour la santé, la drogue c'est mal just say no, vu que je ne sais pas trop comment faire une onomatopée pour un mec qui crache ses poumons (mais vraiment) pendant vingt minutes.

Surtout que j'aime bien dormir avec la fenêtre ouverte et les volets pas complètement baissés (je vous raconte ma vie hein, je vois que ça vous intéresse), du coup c'est pas ça qui aide à atténuer les bruits.

Et puis hier soir, surprise. Vers une heure, j'ai entendu une voix de mec qui parlait. Il criait pas, il avait pas la voix pâteuse, non, il parlait. J'ai pas eu à beaucoup tendre l'oreille pour entendre ce qu'il disait. Il était à l'autre bout du square, mais sans un poil de vent, rien, aucune pollution sonore (à part lui bien entendu), je l'entendais comme si j'étais sur ses genoux.

Et il débattait de philosophie avec son pote.

- Ouais alors, tu vois, Nietzsche, dans sa pensée, on voit que bla bla bla...

- Ouais mais non parce que Bergson, si tu lis toute son oeuvre, tu te rends compte que...

Quand je me suis couché, sur le coup de 1h30, ils y étaient encore.

Au secours. Maintenant la nuit, mon (j'ai un sens de la propriété parfois trop développé) square devient le nouveau Café de Flore.

Et je sais pas lequel est le pire, d'avoir des mecs complètement torchés qui gueulent comme des porcs, ou des mecs sobres comme des chameaux qui viennent là pour se raconter Critique de la Raison Pure comme moi je vous raconterais Ratatouille.

So Gwen Stefani, will you pee-pee on me please ? (3/3)

À onze heures, j'étais bien soulagé d'appeler les chefs pour les prévenir que j'allais à la médecine du travail. Au bout de presque douze heures sans pipi, j'étais plutôt impatient. J'ai traversé la rue, monté les marches à toute vitesse (mais bon, sans faire de trop grandes enjambées, un accident est si vite arrivé), et ding-dong je suis rentré.

- Bonjour madame ! Je viens pour la visite médicale !

Ce que je ne savais pas, c'est que la dame en question n'est pas seulement secrétaire médicale. Dans le milieu, elle est plus connue en tant que Mollusqua : la Femme la plus lente du Monde !

- Booonjouur... Vouus aaaveeez voootre cooonvooocaaatiooon ?

- Oui voilà ! Pipi maintenant !

- Aaalooors... Vooous êtes mooonsieur... Prooo...ceee...lluuus...

En écrivant dans mon dossier de sa plus belle plume, en s'appliquant, la langue tirée comme les enfants. Je m'étais jamais rendu compte qu'il y avait autant de lettres à mon nom de famille, avant ça.

- Aaah, maaais nooon, vooouuus êêêtes ààà teeemps paaartiel... C'eeest uuun dooossier jaaauuune qu'iiil fauuut...

Et on gomme le dossier blanc. Et on recommence dans un dossier jaune.

- Aaalooors... Vooouuus aaaveeez voootre laaaisseeez-paaasseeer A38 ?

- Hein euh non ? J'avais que la convocation, pour vous. Pipi ?

- Ah c'eeest eeembêêêtaaant çaaa... Vouuus êêêtes sûûûr ?

- Ben oui ! Allez quoi, pipipipipipi !

- Aaalooors... Aaatteeendeeez...

Et Mollusqua de farfouiller dans les dossiers de tous les nouveaux embauchés du dernier mois, pour voir si par hasard elle n'a pas mon papier manquant.

- C'eeest biiiizaaarre... Jeee neee trouuuve paaas voootre dooossieeer...

- PIPIIIIIIII !

Il aura fallu dix bonnes minutes et la mobilisation de tout le personnel présent dans le bureau pour nous sortir de là. Et encore, mon caleçon n'est resté au sec que grâce à une des secrétaires, qui a eu cette idée géniale de réimprimer la feuille.

Ensuite, je me suis dirigé vers les toilettes avec mon flacon gobelet piqué à la machine à café, où j'ai découvert avec horreur que comme on peut être trop fatigué pour s'endormir, ben... enfin vous voyez quoi.

Ou alors c'était le contrecoup du stress que je venais de vivre, parce que finalement j'y suis arrivé, sans déborder, sans m'en foutre plein les mains, comme si j'avais fait ça toute ma vie. Rien ne peut battre le pénis.

So Gwen Stefani, will you pee-pee on me please ? (2/3)

La dernière fois que la médecine du travail m'avait demandé de pisser dans un flacon, ça avait été un échec lamentable.Ils m'avaient eu par surprise, j'étais à sec, j'avais déjà tout donné le matin. J'avais eu beau me concentrer, essayer très très très fort, ça avait pas été possible. Mais je ne vais pas laisser le souvenir pénible de ce fiasco me mettre à terre, je le dois à tous mes futurs examens d'urine. Rien ne battra le pénis !

J'ai quand même dû concocter tout un plan génial pour être sûr de pas me faire avoir par le trac. On commence par un grand bol de thé au petit déjeuner. Et un grand verre de jus de fruits. Et oh, tiens, je vais finir ma bouteille d'eau. Allez, encore un peu de jus de fruits. Un grand coup sur la main quand je me prépare à aller pisser. Dans le flacon uniquement.

En arrivant au boulot, j'étais content de moi. J'avais déjà un peu envie de pisser, encore une demi-heure et je serais mûr pour le flacon. J'aime quand un plan se déroule sans accroc.

So Gwen Stefani, will you pee-pee on me please ? (1/3)

À Happy Time, ils sont gentils, ils s'inquiètent pour ma petite santé. Alors l'autre jour, pour vérifier que tout va bien pour moi, ils m'ont forcé à passer la visite médicale. Oh, ils m'ont pas pris en traître, j'ai eu la convocation en signant le contrat.Avec une petite note en bas de la page : "Au préalable de la visite, un examen d'urine sera effectué. Pensez-y".

Ah ça, j'y ai pensé.

Les examens d'urine et moi, on se déteste depuis longtemps. La fois où je m'étais cassé le poignet et il avait fallu faire pipi dans un flacon à la forme bizarre, au goulot minuscule, avec un bras en torche, et mon père et l'autre petit garçon avec qui je partageais la chambre et sa mère qui essayaient de détourner le regard pour me faire croire qu'ils étaient pas dans la pièce, je n'ai pas aimé. La fois où mes parents m'ont forcé à pisser dans un bocal pour y chercher (et trouver) des traces de cannabis, curieusement j'ai pas aimé non plus.

Et puis j'ai une vessie à grande capacité, je ne bois pas beaucoup dans la journée, du coup c'est assez rare que j'aie envie de pisser.

Alors le faire sur commande, et dans un flacon, en me prévenant deux semaines à l'avance, oui, j'y ai pensé. Merci la médecine du travail.

Ces lectures qui me dépassent

Hier j'étais dans le métro, l'iPod fièrement vissé dans les oreilles.La fille assise en face de moi a fini de se maquiller, elle s'est un peu recoiffée, et elle a sorti Vogue de son sac.

Et là, elle s'est mise à faire la chose que je n'arriverais jamais à comprendre : feuilleter les pages publicité de son magazine de mode. Sur des dizaines et des dizaines de pages, des photos de filles en robe, en jupe, en body, en tailleur, avec des sandales, des bottes, des chapeaux, des écharpes, des gants, des machins et des trucs et des chais pas quoi.

Même pas des fringues mettables (à quelques exceptions près...), que des vêtements de grand couturier. Donc pas de texte, que des photos. Même pas de légende. Une fille dans une position saugrenue, avec une tenue improbable, et bien en évidence, le logo de la marque.

Quand je tombe sur ces pages là, en lisant Marie-Claire ou Voici chez le médecin ou le coiffeur (avant je les lisais en vacances, quand ma mère les achetait pour le voyage, mais c'est fini, ah elle est bien loin l'époque où je quittais la petite couronne...), le temps d'analyser ce que je vois -une page sans mots-, et en un quart de seconde j'ai tourné la page.

Elle, elle y passait bien une minute à chaque fois. Et j'ai beau chercher, me creuser les méninges, je n'arrive vraiment pas à comprendre ce qu'on peut regarder pendant une minute là-dessus.

Ok, la fille sur la photo a une robe marron. Ok, elle a un chignon. Ok, elle a des chaussures à talons.

Voilà, et ça m'a pris quoi ? Cinq secondes ? Si vraiment j'essaye de faire un effort, je vais y passer cinq secondes supplémentaires, sans vraiment savoir quoi regarder de plus. Et même combat pour la mode masculine, à part les pubs pour les sous-vêtements, cinq secondes c'est vraiment un grand maximum.

Alors que toutes les femmes dans toutes les salles d'attente, elles y arrivent, à rester des heures sur une pub. Du coup j'ai l'impression de passer à côté de quelque chose, et ça m'énerve, grrr !

Mais je ne désespère pas. Un jour, je comprendrai. Un jour.