Mon premier joint

Je m'ennuie.Je ne sais pas quoi faire, je zappe, je m'invente une nouvelle vie dans ma tête, je joue, je me branle, mais rien ne m'amuse.

J'essaye de me rabattre sur le ménage, mais l'aspirateur c'est rigolo cinq minutes mais après, ben plus rien. Je passe à la bouffe, mais en vain, le frigo est à moitié vide, et les restes ne me disent rien.

Je reste debout dans la cuisine, à regarder dans le vide, vers le mur tout crassouille. Trainspotting attitude.

Et là, d'un coup, je trouve. Quelque chose que je pourrais faire.

Je vais refaire le joint d'étanchéité de l'évier (après avoir vérifié que ça s'appelle comme ça - évier dans la cuisine, lavabo dans la salle de bains, j'arrive jamais à m'en souvenir).

Alors d'abord on vire tout le vieux joint, berk, casse-toi sale vieux, et on admire ce trou béant (voilà, ça c'est fait...), parce qu'avant il y avait du carrelage entre le lavabo et l'évier, et depuis que je l'ai viré, il y a un espace d'un bon centimètre à combler.

On va faire des frais et acheter de l'enduit de rebouchage, hein, ça s'impose.

En cherchant bien de l'enduit, je tombe sur un truc fabuleux dans le rayon : un joint d'étanchéité autocollant. Ca a l'air génial ce truc ! C'est fait pour les nullards dans mon genre qui n'ont jamais étanchéifié une cuisine, ça se déroule, ça se colle, et poupouf, plus d'eau. En gros.

Avec mon investissement, je rentre chez moi, je retrousse mes manches, je me crache virilement dans les mains comme les bûcherons dans les dessins animés, et au boulot.

Le trou est rebouché plus ou moins comme il faut, c'est plus ou moins lisse (plutôt moins que plus, mais on s'en fout, c'est ma cuisine), on peut attaquer la partie rigolote, faire un joint en gommettes.

Alors, "enlevez toutes les traces de l'ancien joint" - ça, c'est fait, je suis trop fort, je vais même plus vite que la musique, oh oui moi.

"Nettoyez les surfaces à coller à l'alcool". Iiiiih ! Mais je n'ai pas d'alcool ménager, moi ! Tant pis, on passe en mode Mac Gyver, et on prépare le terrain du joint autocollant avec un sopalin imbibé de vodka. Si c'est pas malheureux...

Après tout ça, il ne reste plus qu'à apposer ledit joint sur toute la surface... ...et de se rendre compte que c'est de la merde ce truc, ça ne colle pas du tout.

Du coup, dès qu'on a cinq minutes, couvert d'enduit de rebouchage et puant la vodka, on court acheter de quoi faire un vrai joint, comme un vrai professionnel.

Parfois, je me dis que tout serait plus simple si je prenais un bouquin, quand je me fais chier.