Vacances marocaines 2 : Autour de moi les fous

Résumé des épisodes précédents : en raison d'une vie trop stressante, David et Lapin partent en vacances au Maroc. À première vue, l'hôtel allait tenir toutes ses promesses : luxe, calme, volupté, et une réceptionniste qui a presque gardé son sang froid quand elle a compris l'ignoble vérité : "un seul lit ? Mais... Ça veut dire...?". Oui, ça voulait dire.

Pendant l'exploration de notre nouvelle maison pour la semaine, nous avons fait une découverte stupéfiante, ralala : nous étions apparemment les seuls occupants de l'hôtel. Joie, bénies soient les vacances en dehors des périodes scolaires !

Mais bientôt, il a bien fallu se poser la question : si nous sommes seuls dans l'hôtel, mon cher Watson, où sont donc passés tous ces pignoufs qui nous ont empêché d'avoir les chambres premier prix ? Peu de temps après, la réponse est venue nous frapper en plein visage.

Il se trouve qu'une année comprend cinquante-deux semaines. Si on ajoute à cette équation le nombre d'hôtels dans la ville, on se rend compte que les chances de réserver pile pendant l'open de poker de Marrakech, qui ne pouvait se dérouler que dans le casino de l'hôtel, étaient quasiment nulles. Et pourtant...

Bien sûr, au début de la compétition, ils jouaient la nuit et dormaient le jour, c'était plutôt difficile de les rencontrer (et puis faut dire qu'on n'a pas vraiment essayé, imagine : tu vas en vacances, c'est pas pour partir à la chasse au Patrick Bruel). Mais plus les jours passaient, plus les gros losers se faisaient éjecter du tournoi et venaient squatter notre piscine jusqu'ici quasi privée.

Et c'est là qu'on a bien été obligés de se rendre à l'évidence : on nous ment.

Quand on dit poker, on entend casino, James Bond, classe, smoking, Monte Carlo, pépées russes vénales moulées dans des robes bustier qui menacent de leur faire exploser les seins si elles respirent trop fort, champagne, cigares, smokings blancs et Ferrero Rocher à profusion.

Eh bien non. Le joueur de poker, c'est tout sauf ça. Le joueur de poker, c'est le kéké de base, qui tune sa caisse, se gratte allègrement les couilles sous son boxer de bain vert fluo, et qui trouve que Lara Croft elle est bonne, putaing ! Alors oui, au début du tournoi, ils étaient calmes, ils y croyaient, on était tranquilles !

Mais plus la compétition avançait, plus ils perdaient d'argent (t'es mauvais, t'es mauvais...), et plus ils étaient énervés. Alors, ils se retrouvaient autour de nous pour en discuter. De plus en plus. De plus en fort. À la fin, on était cernés par des hystériques, la bave aux lèvres et l'œil injecté de sang, qui se beuglaient des "brelan de dix, con !" et autres "je l'ai flushé au roi, bordel !!!", à tout bout de champ.

Bien sûr, on aurait bien voulu participer, flusher au roi ça a l'air d'être trop de la balle, mais pudiquement, comme le font les grands de ce monde, nous avons préféré laisser la plèbe se vautrer dans la fange de leur futile excitation.

Alors, nous sommes sortis de l'hôtel.