Comment maximiser son potentiel de loser
Parce que oui, être un loser commun (pouah), c'est facile, il suffit de se laisser être soi-même, et en général le reste suit tout seul. En tout cas, pour moi ça marche comme ça, et même un peu trop bien.Mais pour célébrer la nouvelle année, allez, une de plus, ouais, j'ai décidé de repousser les frontières, de diriger une exploration vers des contrées inexplorées, en route pour la Terra Incognita de la lose !
D'abord, il a fallu attendre le moment propice, l'instant où un signe mystérieux indique que ça y est, c'est maintenant, une autre opportunité ne se représentera peut-être qu'avec le prochain alignement des planètes, dans mille ans ou un truc dans le genre.
Pour moi, ça a été la gastro du mercredi soir. À genoux devant mes toilettes sur le coup de deux heures du matin, je me suis dit qu'il ne fallait pas laisser passer ma chance, c'est pas mon style. Une fois ma petite affaire terminée, je suis retourné me coucher, en espérant que ça irait mieux demain (forcément hein).
Le lendemain matin, on ne peut pas dire que j'avais été exaucé. L'odeur de mon gel douche me filait la gerbe, pareil avec les vibrations de mon corps en marchant. J'étais ce que dans le jargon médical on appelle : une merde ambulante. Et c'est là qu'entre en action le plan "loser maximum".
J'aurais pu appeler mon boulot pour leur dire "oui c'est David, je crois que ça va pas être possible aujourd'huuuargl", et n'être qu'un loser ordinaire, cette moitié de la France qui n'a pas survécu aux fêtes et qui va passer deux jours à vomir tripes et boyaux à la maison. Mais non, pas de ça Lisette ! Moi, j'ai décidé d'y aller quand même. Ben oui, je les ai déjà prévenus que j'allais avoir une semaine d'arrêt à partir du 13, je vais quand même pas abuser hein, surtout en période de grimpage d'échelon...
Alors j'y suis allé. Et j'ai tenu bon. Je ne vomirai pas sur ce client, je ne vomirai pas sur ce client... Ca va David ? Oui oui, je ne vomirai pas sur ce client, je ne vomirai pas sur... Euh je vais aux toilettes je reviens...
Mon esprit à réussi à combattre mon corps assez longtemps. Tiens, on va regarder l'heure au fait, ça fait combien de temps que je tiens le coup ? Ah ouais, ça fait quand même une heure et demie... Je dois encore rester là pendant sept heures... Ca risque de pas le faire...
Deuxième opportunité de rentrer chez moi : je vais voir les chefs. Euh dis, ça va pas très... [je deviens vert... ça passe] fort. Je pourrais aller... infirmerie... gastro...?
J'arrive à l'infirmerie, nouvelle chance de me faire renvoyer à la maison. Après avoir manqué de déposer ma quiche en cadeau de bienvenue aux pieds de l'infirmière, je lui explique que je viens la voir pour une gastro. Et je me suis retrouvé devant un croisement. À gauche, je repars vers chez moi, la civilisation, le Mac et la Wii. À droite, je pars explorer un peu plus la jungle noire de mon loser intérieur.
Infirmière ? Mon cul oui, c'est le vil serpent tentateur cette femme, elle est là pour essayer de me détourner de mon noble projet, sale réactionnaire !
Arrière, vipère ! Tu ne m'empêchera pas de mener mon expédition à son terme, je serai le plus grand loser que je peux être !
Et joignant le geste à la parole, j'y suis retourné, d'un pas lent, afin d'éviter au maximum les vibrations quand je pose le pied par terre. Ca va aller. Et puis j'ai un Spasfon sous la langue, je ne peux qu'aller mieux.
J'ai dû attendre dix minutes après m'être assis, pour que ledit Spasfon fasse effet. Et là, l'Enfer s'est déchaîné dans mon bidou. J'ai quand même eu le temps de dire que je devais y aller, et de courir aux toilettes, brisant au passage deux ou trois hanches artificielles à ces cons de vieux qui n'ont que ça à foutre, leurs courses le jeudi matin, hein ?
En revenant, je me suis avoué vaincu. Je ne sais pas si je suis le meilleur loser qu'un homme puisse être, mais je sais que je ne peux pas tenir une minute de plus. Alors je suis retourné voir les chefs, tout blanc, hagard, en demandant si je pouvais rentrer chez moi, finalement.
Face à mon silence éloquent, ils m'ont laissé rentrer. Ensuite je suis rentré chez moi, je me suis couché, et comme tous les grands explorateurs de l'extrême, je suis mort des suites de mon exploit.