Les Pains aux Raisins (1/4)

Quand j'étais petit, j'étais anorexique. Enfin non, c'était pas moi, c'était plutôt Mamanprocellus. Elle faisait quinze kilos toute mouillée et ne se nourrissait que de... euh, bah rien en fait. Un grand bol d'air, comme disait ma nourrice qui était tellement méchante avec moi que la fois où je m'étais éclaté la gueule dans les graviers, skriiiatshhhhh ! elle m'avait grondé très fort, et après quand elle avait mis le truc qui pique sur les blessures (ça fait saigner très fort, le gravier), elle m'avait dit que c'était bien fait, et que si ça piquait, alors j'étais une mauviette.

Je sais, c'est dur, mais comme toutes les belles histoires, il faut un début poignant, plein du récit larmoyant d'une enfance si malheureuse qu'en comparaison, la petite marchande d'allumettes a l'air d'une gosse pourrie gâtée.

Enfin en ce qui concerne Nourrice, j'ai appris il y a pas longtemps que son mari était mort dans un accident de voiture, ou d'un cancer, enfin un truc dans le genre, et sa fille l'a à moitié ruinée quand elle a été embrigadée dans une secte qui l'a emmenée au Mexique et depuis elle n'a plus aucune nouvelle, alors je me considère comme vengé.

Fallait pas me traiter de mauviette alors que les Parques sont de mon côté. Enfin, ça c'est ce que je croyais. Les salopes, oui.