Des canards et des hommes (2/2)
Par contre, Donald, c'est l'inverse. Lui, je l'aime. C'est un loser caractériel, pauvre, maladroit, gaffeur, feignant... Ahhh, enfin un personnage auquel je peux m'identifier ! Et malgré tous ses défauts, dans son petit corps de volaille il a un cœur gros comme ça. Il accepte de garder à vie les enfants de sa sœur, alors qu'en fait elle est méchante, elle vient jamais rendre visite, elle en a rien à foutre de ses fils. Il continue à aimer son Onc' Picsou, alors qu'il le traite comme la dernière des merdes. Et ça, c'est l'autre bon point de la bande à Donald (qui curieusement s'appelle la bande à Picsou,ouhou !) : tous les personnages sont détestables, et c'est bieeen... Le cousin Gontran, sa chance et sa suffisance, l'Onc' Picsou, plus radin tu meurs, Daisy qui allume un coup Donald un coup Gontran...
Pourtant, ils sont tous super attachants. Comme quoi il suffit pas d'être une petite souris lèche-boule et vertueuse pour se faire aimer du grand public (que je représente fièrement aujourd'hui). En plus, Donald, c'est pas une lopette, il est dans la Marine, il a fait la guerre, et il hésite pas à jouer des poings quand on le fait chier.
Et bon, les aventures des canards, c'est quand même autrement plus intéressant que de savoir qui a volé l'orange du marchand : ils partent en voyage un peu partout dans le monde, juste pour que Picsou puisse devenir plus riche, encore plus riche, toujours plus riche !, ou alors ils restent à Donaldville pour le plaisir de faire souffrir ce pauvre Donald.
Et puis quand j'étais petit, moi aussi j'étais un peu maladroit et malchanceux, et du coup, mon pôpa il m'appelait Donald : "Ha ha, t'as encore fait ton Donald !", alors forcément, moi je voyais pas du tout qu'il se foutait de moi dans mes grands moments de solitude, au lieu de m'aider dans mes malheurs, tout ce que je voyais, c'est qu'il me servait un modèle pour ma vie d'homme sur un plateau d'argent.
D'ailleurs, aujourd'hui encore, comme Donald je suis feignant. Comme Donald, je porte la vareuse et le béret à merveille. Et comme Donald, quand dans dix jours j'aurai fini à Happy Time, plutôt que de chercher / trouver un vrai travail, je vais sûrement enchaîner les petits boulots, en attendant un héritage qui ne viendra peut-être jamais.
Et un jour, oh oui, un jour, j'aurai une ville à mon nom, moi aussi. Bientôt.