Révélation (4/4)

Finalement, Presquebonne abandonne tout espoir de parler, et la suite du coupage se fait dans un silence presque religieux, pour cause de salon vide. Jusqu'au moment où elle est prise d'une crise d'allergie, et se met à éternuer : discrètement au début, puis de plus en plus fort, au point d'aller s'enfermer aux toilettes pour se lâcher un grand coup, vas-y chérie on t'entend pas, enfin si, grave, mais on va jouer aux sourds.

Elle revient et peut reprendre son activité.

Et moi, je reprends la mienne. Parce que chez le coiffeur, ce que j'aime bien c'est mater dans le miroir. Regarder les filles d'à côté qui se font poser les bigoudis, ou les filles d'en face à qui on fait leur couleur qui sent la mort, ou essayer de compter mes reflets dans les deux miroirs qui se font face, et ça donne mal à la tête.

Mais là, il n'y a personne autour de moi, alors j'ai les yeux qui se baladent.

Jusqu'au moment où je me rends compte que ça fait bien cinq minutes que je suis en train de mater comme un porc les seins de Presquebonne. Et plus j'essaye de ne pas regarder, forcément, plus je regarde. Pire que quand on dit à quelqu'un de ne pas se retourner, j'ai les yeux collés à ses roploplos.

C'est comme ça que je me suis rendu compte qu'en fait je suis hétérosexuel, oui parfaitement, c'est papa qui va être content.

Et en plus du coup, ça me permet d'élargir l'éventail des possibles avec Bombasse, maintenant qu'on joue tous les deux dans la même équipe...