Révélation (3/4)
Et Presquebonne commence à me couper les cheveux.Comme à chaque fois, elle essaye d'entamer la conversation. On a déjà eu droit aux vacances, où j'ai appris sans en avoir rien à foutre qu'elle partait voir sa famille au Cap Vert, aux études, où elle m'a forcé à parler (mais bon, avec sa mémoire de bûche, je n'ai pas eu trop de difficultés à innover, je n'ai eu qu'à répéter la même chose à chaque fois que je la voyais, pendant un an), et là aujourd'hui on attaque le boulot :
- Ben non.
Je sens qu'il faut que je rajoute quelque chose, juste "non", ça ne fait pas poli.
Et on en reste là. Une fois encore, l'esprit l'emporte sur la matière : je ne veux pas parler, elle se plie à ma volonté. Je déteste faire la conversation en général, et encore plus chez le coiffeur, ça sonne faux, on n'a rien à se dire et ça risque de la déconcentrer, allons mon petit, on coiffe, on coiffe !
Peut-être que j'ai eu tort, si j'avais discuté, ça ne serait pas arrivé.