Révélation (3/4)

Et Presquebonne commence à me couper les cheveux.Comme à chaque fois, elle essaye d'entamer la conversation. On a déjà eu droit aux vacances, où j'ai appris sans en avoir rien à foutre qu'elle partait voir sa famille au Cap Vert, aux études, où elle m'a forcé à parler (mais bon, avec sa mémoire de bûche, je n'ai pas eu trop de difficultés à innover, je n'ai eu qu'à répéter la même chose à chaque fois que je la voyais, pendant un an), et là aujourd'hui on attaque le boulot :

- Alors, vous ne travaillez pas aujourd'hui ?

- Ben non.

Je sens qu'il faut que je rajoute quelque chose, juste "non", ça ne fait pas poli.

- Jamais le lundi.

Et on en reste là. Une fois encore, l'esprit l'emporte sur la matière : je ne veux pas parler, elle se plie à ma volonté. Je déteste faire la conversation en général, et encore plus chez le coiffeur, ça sonne faux, on n'a rien à se dire et ça risque de la déconcentrer, allons mon petit, on coiffe, on coiffe !

Peut-être que j'ai eu tort, si j'avais discuté, ça ne serait pas arrivé.