Les stigmates de ma personnalité

Il y a deux semaines au boulot, j'ai eu droit à mon entretien annuel. Je suis un employé modèle, donc je n'ai eu que des compliments, mais Girafa s'est sentie obligée de me faire un reproche. Oh, j'imagine qu'elle a passé du temps à chercher, la salope. Mais vu ce qu'elle a trouvé, je pense qu'elle aurait dû plancher un peu plus :

- David, un de tes gros défauts... C'est que tu es une peste.

Ouuutch, a répondu ma virilité. Mais je n'ai pas cherché à me défendre plus que ça : déjà parce que je suis un lâche, mais en plus je sais qu'elle a raison.

Évidemment, ça n'est pas ma faute. C'est une malédiction, un mauvais sort que je supporte depuis toujours : dès que je remarque un défaut chez quelqu'un, qu'il bosse mal ou se comporte comme un con (bien sûr que non, ça n'est pas objectif), je ressens le besoin d'en parler à qui veut l'entendre. Mais plutôt que de m'énerver et de me mettre à gueuler comme un putois, je préfère en rire -aux dépens de la personne. Oui, je me fous de sa gueule. Mais avec bonne humeur et entrain, c'est tout de même plus agréable pour les autres ! Et dans le monde du travail, bien qu'il soit fort aisé de baver sur les collègues, il semblerait que ça ne soit pas très bien vu.

Quand j'en ai parlé aux rares collègues que je tolère, j'ai tenté de défendre ma cause : oui, je critique les gens. Mais ça n'est pas parce que je dis des saloperies sur leur façon de bosser que ça n'est pas la vérité. Elle, qui passe ses soirées à bloquer la ligne du bureau pour appeler son mari et savoir si son chiard a pris son bain ou ce qu'il a mangé, ça n'agace que moi ? Et lui, avec son énergie de poireau, qui ne vient que pour mater les petites caissières, on doit le défendre ?

Non, mais toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, David.

Alors mercredi dernier, pour m'aider, Grololos a suggéré de mettre en place une thérapie expérimentale : je me mets un élastique autour du poignet, et à chaque fois que je crache sur quelqu'un (métaphoriquement, bien sûr, je sais quand même me tenir), WASHLAC !, je me claque le bras.

Évidemment, ça ne marchera jamais : je suis trop bête pour mettre en rapport la douleur et mes accès de bile, mais c'est devenu très pratique : quand quelqu'un entre dans la pièce, au lieu d'attendre qu'il sorte pour lancer ma saloperie, je regarde Grololos (qui pense comme moi mais sait tenir sa langue) et shlac, avec un regard entendu. Au moins, ça m'apprend la discrétion.

Mais ça m'a également permis de me rendre compte que peut-être, je balançais trop. Le mercredi, je ne suis là que quatre heures. On a mis la thérapie en place au bout de deux heures. En deux heures de temps, quand je suis sorti, mon poignet n'était plus que douleur :

Pour le bien de mon bras, pitié, arrêtez d'engager des incompétents !