Quand j'entends le mot culture, je sors mon revolver

À Happy Time, on n'est pas généreux sur la paye, comme me le rappelle quotidiennement Maman Procellus, mais on a un bon comité d'entreprise. Ils offrent (enfin, "offrent", hein, comprenons-nous bien) souvent des voyages au bout du monde, pour que les moins fortunés aient le plaisir de partir en Chine, au Yémen ou en Turquie avec touuus leurs collègues, et ça c'est trop du bonheur. Tous les ans pour la fête des mères, ils offrent aussi des cadeaux pour féliciter les reproductrices, avec une coupe de champagne en prime : du coup elles reviennent travailler en fin de journée complètement pompettes. Ils sont pas cons, notre comité d'entreprise : des cadeaux pour la fête des mères dans la plus grosse boîte à pédés de Paris, ils sont sûrs de ne pas se ruiner.

Mais cette année, ils ont entendu la révolte gronder dans nos rayons : des miyards de pédés et goudous pas contents d'être toujours lésés lors des distributions de cadeaux, parce qu'à Noël c'est la même histoire : on offre des trains électriques aux bambins, mais nous autres grands enfants, on peut se toucher (et on ne se prive pas).

C'est pour ça que l'autre jour, ils ont affiché ce mot, qui disait en gros qu'en "ces temps de crise, la culture est trop souvent oubliée. Pour permettre à tous de rêver un peu, notre CE offrira donc un chèque culture de 50 neuros à tous les employés".

Enfin, un beau geste !

Mais le seul problème, c'est l'idée qu'ils ont l'air de se faire de la culture. Parce que parallèlement à cette opération "la lecture pour tous", le magasin a essayé de booster ses ventes de livres, en organisant un évènement digne des plus grands salons littéraires.

Le jour où on nous offrait un chèque culture, comble de l'hypocrisie, on recevait également Sophie Favier en dédicace, pour la sortie de son livre "Comment j'ai perdu 10 kilos en 3 mois".

Ce jour-là, pour la première fois, j'ai eu honte de travailler à Happy Time.