Mysterious Ways

Si je devais absolument croire en quelque chose (situation à laquelle on est confronté si souvent au cours d'une vie) ça serait sûrement un truc animiste, basique : il y a des petits lutins dans les arbres et les ruisseaux et les airs, et c'est eux qui font tourner le monde. La gravité ou la force de coriolis ? Des lutins. Les changements de saison ? Des lutins. Le temps qui passe ? Des lutins ? La mort, la maladie, la vieillesse, les accidents, les pannes ? Des lutins.Des lutins, des lutins, des lutins.

Ouais, je sais, c'est très mystique et abouti tout ça. C'est dire si je suis quelqu'un de triste et morose qui ne croit en rien (et encore, mes réflexions religieuses et métaphysiques sont bien plus élaborées que mes convictions politiques). Et pourtant...

Pourtant hier soir, j'ai bien été obligé de reconnaître qu'une force supérieure guide chacune de mes actions, et qu'au moins cette fois, je me suis retrouvé en parfaite harmonie avec l'univers.

J'étais occupé au PC, vautré dans mon fauteuil, le dos à moitié contre un accoudoir et les jambes par-dessus l'autre -c'est beaucoup plus confortable à vivre que quand on le raconte. Pour une raison secrète qui ne regarde que moi, Excel était ouvert. Non, je ne me branlais pas, quand même, pas sur Excel merde, en plus la page était encore vierge, et c'est pas mon truc.

J'ai attrapé mon iPhone, et vu comme j'étais tordu sur le fauteuil (qui était face au bureau, contrairement à moi), j'ai fait un faux mouvement et je l'ai lâché (l'iPhone, pas le fauteuil). Bien évidemment, ni mes réflexes de chat ni mon agilité simiesque n'ont été suffisants : l'iPhone a rebondi deux fois sur le clavier avant d'aller s'écraser comme une merde sur la moquette, quatre-vingt centimètres plus bas.

Mais alors, me direz-vous, où est l'intervention divine là-dedans (si, je sais, vous alliez le dire, ne niez pas) ? Eh bien, en tombant sur le clavier, l'iPhone, guidé par la main de Dieu himself, a quand même réussi à me donner la réponse au grand secret de l'univers, là, sur mon joli tableau.

Ca ne s'invente pas.