Hé ! Lastic !
L'invention la plus merveilleuse du monde, je l'ai découverte quand j'étais petit : l'élastique. Pas le truc de tantouze qui se joue à trois à la récré et où il faut faire du cloche-pied et on se casse la gueule, non, le vrai, l'élastique de bureau, le marron -bon, c'est vrai que ses dérivés aussi sont intéressants, de l'élastique à cheveux à l'élastique de saut, mais mon préféré, c'est quand même l'original. Accept no substitute. Déjà tout enfant je trouvais ça fascinant, même si je n'arrivais pas à prononcer le mot correctement. Je me limitais à "paclique", ce qui est presque la même chose. Bien sûr, mon grand-père trouvait ça tellement drôle qu'il a continué à le dire, même quand j'étais trop vieux pour me tromper. Du coup maintenant c'est lui qui passe pour un con, et oui.
Mais c'est vrai quoi, c'est trop fort un élastique, on peut s'amuser à menacer les gens de leur envoyer à la gueule, voire vraiment leur envoyer (augmentant ainsi le potentiel comique de la précédente blague de 176%), on peut l'étirer au maximum et l'envoyer sur le mur, le tendre entre deux doigts et faire de la musique avec -mais seulement de la basse, j'ai essayé de faire The Man Who Sold the World à l'élastique, c'est impossible (et pas seulement parce que j'apprends tout juste à jouer grâce à Guitar Hero)-, et s'il est assez grand, on peut passer les deux mains dedans et s'emmêler les doigts. Avec un élastique de taille normale, on peut aussi s'amuser à s'emmêler les doigts d'une seule main:
(après ça, qu'on ne vienne pas me dire qu'un élastique n'est pas un truc super fun).
Alors imaginez à quel point j'ai mouillé ma culotte quand j'ai découvert que maintenant, l'élastique allait devenir mon outil de travail, pour tenir tous les papiers ensemble ! Quand j'arrive le matin, j'ai presque une érection à l'idée de plonger la main dans le pot pour en sortir un joli bracelet de caoutchouc. Je mets bien les deux mains dedans, vive le double fist-fucking au boulot, pour l'étirer, tester sa résistance et jouer un peu, et la journée commence bien.
Et toute la journée, pendant que je fais mes plannings, que je compte les sous ou que je glande, j'ai presque toujours un élastique dans la main, pour faire des boinnng bonnng booong. Quand le téléphone sonne, hop, je le fais glisser le long de mon poignet, et il se transforme en bracelet, le temps d'être sérieux et travailleur.
Mais j'ai une mémoire à court terme aussi performante que celle de Dory : à peine je décroche, j'oublie ce que j'étais en train de faire. Alors souvent, je sors du boulot et rentre chez moi avec un ou deux élastiques en bracelet, et je m'en rends compte en prenant ma douche : "Ah ? Crotte, ça m'est encore arrivé...". Je les enlève, et consciencieusement je les range avec les autres, dont je commence à avoir un tas assez conséquent.
À Happy Time, on ne rigole pas avec ce genre de choses : la rumeur dit qu'on a viré un caissier parce qu'il était reparti chez lui avec du produit à vitres, qu'on utilise pour nettoyer les caisses -et la rumeur ne ment pas, ça se saurait.
Mes jours sont donc comptés. Bientôt, je serai libéré de l'enfer du travail. Bientôt.