Le Kiki de tous les Kikis

Quand j'étais petit, ma maman lavait le linge avec Bonux, la lessive des champions. Même que ça sentait super bon. Mais le plus chouette avec Bonux, c'était quand même le cadeau. J'en étais presque à me rouler dans la boue tous les jours pour qu'on lave le linge plus souvent et que je puisse avoir d'autres Kikis (presque, j'ai dit), parce que les Kikis, c'était vraiment super génial (vingt ans plus tard, rien n'a changé). Après les Kikis, ils ont eu cette idée de génie de sortir les lucioles. C'était encore plus fabuleux, parce que ça brillait. Plein de petites bêtes en forme de vers immondes avec des ailes et qui s'éclairaient dans le noir, youhouuu ! Le jour où j'ai compris comment ça marchait, j'ai eu une super idée. Ah, les lucioles emmagasinent de la lumière qu'elles renvoient dans le noir, ou un truc dans le genre (oui, c'est de la magie, et la magie, ça s'explique toujours par "ou un truc dans le genre") ? Alors pour qu'elle phosphoresce encore plus, et que je devienne le maître du Monde, avec la luciole la plus brillante de toutes, j'avais pensé à en coincer une dans un abat-jour, juste au-dessus de l'ampoule, pour qu'elle récupère toute la lumière directement à la source. Bien sûr, je l'ai oubliée et elle a fondu.

Et puis un jour, ma maman a dû décider que j'étais trop vieux pour ces conneries, et on a arrêté d'acheter Bonux. On est passés à Dash 2 en 1, avec des vrais cristaux de je sais pas quoi dedans, pour avoir des petits orgasmes en lavant son linge. Ca faisait aussi sentir bon le linge, alors le jour où je suis parti et où j'ai dû laver mes affaires moi-même (l'horreur), j'ai fait comme ma môman : j'ai acheté du Dash. Ca sentait pas exactement comme à la maison, mais ça allait quand même.

Et l'autre jour, en faisant les courses, sur quoi je suis tombé ? De la Bonux, évidemment ! Et en regardant vite fait, j'ai vu qu'ils pratiquaient encore cette opération si basse du cadeau. Comme j'avais fini ma vieille lessive Dash de merde, je me suis jeté sur le paquet, et j'ai couru à la caisse, tout impatient de rentrer à la maison vider la lessive dans les toilettes, pour jouer avec ma nouvelle peluche, ou faire vivre plein de choses à ma nouvelle petite figurine, qui allait sans aucun doute devenir ma nouvelle meilleure amie. Ben ouais, face à l'adversité, rien de tel qu'une bonne vieille régression infantile pour aller mieux !

Arrivé chez moi, j'ai éventré la boîte. J'ai tout de suite reconnu l'odeur, c'était comme avant, quand j'étais petit, heureux et insouciant. Marcel Proust, tu n'as rien inventé. Tout fébrile, j'ai plongé dans la main dans la poudre blanche. À vue de nez, c'était de la bonne. Mais on n'était pas là pour ça. L'important, c'était le cadeau. Le cadeau !

Je l'ai vu, il dépassait un peu. Alors j'ai tiré. Et j'ai sorti un bout de papier glacé : "en cadeau : voici ton code pour télécharger gratuitement un titre d'un artiste Universal Music ! Rendez-vous sur bonux.fr !"

Non non, je ne suis pas dégoûté...