Je peux peindre en mille couleurs l’air du vent (2/2)
Il faut toujours commencer par le plus dur. C'est pour ça que je me suis d'abord attaqué au mur "marron plus clair que taupe et plus foncé que blanc", soit le mur 2, celui dont j'avais un peu choisi la couleur au pif (où ça ?).J'ai commencé par bien dégager les angles au pinceau, comme la grosse Damidot me l'a appris. Voiiilà, on peut s'éclater avec le rouleau, c'est rigolo le rouleau. Ouaaah, mon mur est fini, il est beau, y'a plus qu'à attendre que ça sèche !
En bonne petite lavandière, j'en profite pour aller rincer mes outils, lalalaaa. Maintenant ça doit être à peu près sec, on peut aller voir ce que ça donne.
Euh. En séchant, la jolie couleur que j'avais repérée sur le pot a viré au jaune moutarde. C'est laid. C'est très laid. C'est tellement laid que je m'étonne qu'une telle couleur soit en vente libre.
Pas de panique, je cours acheter un pot d'une autre teinte, parce que je ne peux pas rester avec ce mur moutarde, j'ai envie de vomir dès que je rentre dans ma chambre. Dans le magasin, je fais bien attention, et j'en trouve une qui a l'air pas trop moche : ficelle. J'attends que le temps de séchage réglementaire soit écoulé avant d'en recouvrir mon moche mur.
J'attends. J'attends. J'en peux plus ça doit être sec, je pose la main sur le mur, oui ça va, fait chier merde. Re-on dégage les angles, et re-on s'éclate avec le rouleau.
Le problème, c'est que je n'ai pas assez attendu : le milieu du mur n'avait pas fini de sécher, alors au fur et à mesure que je rouleaute, ça fait un gros paquet (hmm), qui s'accroche, et qui essuie les deux couches d'un coup. Je me retrouve donc avec un joli mur (en séchant, ficelle n'a pas du tout la teinte promise, mais c'est 'achement mieux que ce qui était vendu sur le couvercle), sauf au milieu, où il n'y a rien. Et le pot est vide.
Je vais, cours, vole et nous venge, pour en acheter un deuxième. Évidemment, rupture de stock. Damned.
Avec des grands yeux humides, je demande au peinturier de m'aider à trouver une solution, parce que j'en ai besoin, et là je n'en puis plus, et je commence à ne plus distinguer les teintes sur les couvercles, c'est tous la même couleur, ouinnn. Il m'a alors donné cet outil magique qu'est Le Nuancier. C'était un peu plus facile, pour voir ce que faisaient toutes les marques et acheter la même chose chez le concurrent.
Hop, on colmate la brèche sur le mur, et on attend que ça sèche. Le problème, c'est que la ficelle du concurrent a bien la teinte promise, elle. Je me retrouve donc avec un mur bicolore. Gnfrxslf. On reste calme. Cette fois-ci j'ai assez de peinture pour recouvrir en entier le mur, et je ne me gêne pas. Voilà, la bourde est rattrapée.
Sauf qu'en séchant, cette ficelle là est super laide. $&@#& !!! À ce moment là, plusieurs vaisseaux explosent dans ma tête, du sang me gicle par les oreilles, je me fais péter quelques cordes vocales en hurlant, je mange mon rouleau et je fais un trou dans le mur à force d'y donner des coups de tête. Il est possible que j'aie également invoqué Belzébuth, pour le voir apparaître et me défouler sur quelqu'un, je ne me souviens plus trop (mais ça expliquerait l'odeur de soufre et les hordes de démons qui me vénèrent depuis ce jour).
J'avoue qu'à cet instant, j'ai failli laisser tomber. J'avais déjà repeint trois fois le même mur, pour finalement arriver à un résultat plus que gerbos. Surtout je n'ai toujours pas vraiment d'idée de la couleur qui me plairait. Mais en les éliminant toutes une par une, je finirai par trouver !
Le lendemain je suis reparti à l'attaque : mon mur ressemblait à un trottoir, c'était pas possible de le laisser comme ça. J'ai commencé à feuilleter le catalogue des couleurs, pour voir. Et là sur quoi je tombe ? La photo d'une chambre comme la mienne, avec un mur taupe et ça va en dégradé vers le blanc.
Depuis le début, la solution était là, sous mes yeux ? Je hais l'ironie.
Je suis donc rererereretourné à Castorama, pour acheter la couleur qu'ils disaient, au passage je me suis trompé de pot, j'ai pris une peinture brillante, ça faisait moche, j'y suis retourné pour la prendre en satinée. J'ai ensuite lancé tous les démons qui me vénèrent et m'appellent Maître aux trousses de l'inventeur de tous ces types de peinture : acrylique, glycéro, monocouche, brillante, mate, satinée...
Dix-huit couches de peinture, plusieurs gigalitres de sang et de sueur plus tard, j'ai fini le premier mur ! Vive moi ! Après avoir terminé (sans anicroche) les deux autres, je suis allé ranger mes outils et les pots en rab. Dont un presque plein, qui m'avait juste servi à faire un petit bout de rien du tout. Pot que j'ai mal posé et qui s'est renversé dans sa totalité sur la moquette de l'entrée.
Mais la chambre va bien. Comme on me l'a spirituellement fait remarquer : "ah bah tu t'en souviendras du jour où t'as voulu faire de la peinture !".