Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens
Comme mes voisins ne sont pas des bons catholiques, le jour du Seigneur ils s'en foutent, ils ne se reposent pas. Alors hier, ils ont eu la bonne idée d'abattre un mur.
Ben oui, le dimanche, ça sert aussi à ça !
Du coup, toute la journée (j'imagine, au bout d'un moment je suis parti) ça a été des bruits de perceuses, de coups de masse, de marteaux, juste de l'autre côté de mon mur... De quoi se faire plein d'amis dans l'immeuble.
Pour moi, ça a été comme une déclaration de guerre, un motif de meurtre, la fin de notre entente cordiale.
Et ce matin, j'ai croisé monsieur Voisin dans le hall. Il a commencé à s'excuser pour les travaux, et après, il a enchaîné sur le pourquoi de la chose.
J'ai eu droit à toute une histoire palpitante sur son installation électrique vétuste, qu'ils se prenaient des coups de jus en mettant la main sur le mur, "et quand j'embrasse ma femme (en avançant la tête pour embrasser le vide, au cas où je ne comprendrais pas), on se prend de l'électricité, vous vous rendez compte !"...
Comme je ne répondais rien à part un sourire moyennement poli de temps en temps, que dès qu'il s'approchait j'avais un mouvement de recul et que je regardais désespérément l'ascenseur, la liberté, là, à quelques mètres de moi, il a dû comprendre que j'en avais rien à secouer de son histoire, et il a abrégé.
Hier, ça a pris feu dans leur mur, donc ils ont dû tout refaire faire en urgence, d'où l'abattage dudit mur et les travaux qui n'en finissent pas.
Moi je dis, pourquoi pas.
Mais bon. L'idée que mes voisins, le mari, la femme et les enfants auraient pu mourir brûlés vifs, dans d'atroces souffrances est plaisante, certes.
Mais ça ne compense malheureusement pas la gêne occasionnée.
Va falloir y remédier.