Le téléphone est mon ami
D'abord, j'ai demandé à ma chef. Elle m'a renvoyé vers sa chef, qui m'a renvoyée vers sa chef, qui a réussi à me donner le nom et le numéro de la personne à joindre.
Encore une victoire de canard ! (Coin. Coin.)
Alors, j'ai pris sur moi et sur mes heures de boulot (quand même) pour l'appeler.
Le téléphone me rend malade, mais c'est le seul moyen de joindre cette personne, alors la main moite et tremblante, je compose le numéro, et j'attends.
(Merde, déjà il se présente pas comme j'avais imaginé qu'il le ferait, "Monsieur Kilfalèhapler, j'écoute ?", je fais quoi je fais quoi je fais quoi je fais quoi ?!)
Bonjour, ici David Procellus, je vous avais écrit au sujet de ma demande de prolongation...
(Là, je fais une pause, pour indiquer que s'il pouvait se décider à reprendre la main, ben ça serait pas de refus, parce que je ne suis pas très à l'aise au téléphone, déjà je vous fais grâce de tous mes bafouillages, mais je vous laisse imaginer).
(Connard. C'est quoi ça, "oui ?" ? Je fais quoi moi maintenant, hein ?! C'est assez clair le sujet de mon appel, non ?)
(Mais putain de bâtard de connard de merde, tu peux pas fucking répondre ? Why won't you talk to me ?! Je suis encore obligé de surenchérir, et ça fait déjà un moment que j'ai plus rien à ajouter, voilà, j'ai dit tout ce que j'avais à te dire !)
(Je ne supporte pas le téléphone. Je commence à m'angoisser et à perdre patience. Ma gorge est sèche, je ne parle plus beaucoup, mon sang quitte mes extrémités, et se met à battre très très vite dans mon petit coeur. Je suis au bord de l'apoplexie. Je vais bientôt pleurer.)
Et je peux enfin raccrocher.
Tout ça pour ça. J'ai failli mourir pour presque rien, surtout que je m'en foutais un peu de savoir si j'étais prolongé, c'est juste un idiot qui passait par là qui m'a poussé à appeler pour avoir des nouvelles.
Crétin de pauvre type, va.
Procellus, ou le sursis.