Le parfum
Hier, je faisais un tour au BHV, je voulais acheter plein de trucs, faire souffrir la carte bleue, brûler mon petit salaire, kill kill kill, tout acheter, plus rien ne peut m'arrêter, je suis le roi du monde !!!
Mais ils n'avaient rien de ce que je voulais : pas de petit manteau pour que mon iPod passe l'hiver bien au chaud, pas de crochet à torchons Koziol pour arrêter de poser les trucs à même le sol, rien, la dèche, le BHV c'est bien tombé, je vous dis que ça.
Mon besoin frénétique d'achats compulsifs n'allait pas se satisfaire de cette déception, il avait faim, il fallait lui trouver quètchose. Und schnell.
Alors zou, quatrième étage, la décoration d'intérieur, réveille le Queer qui est en toi.
Là je suis tombé sur la jolie gamme Goa, de mâles tiges de rotin plantées dans un flacon de parfum très masculin pour diffuser dans la pièce une odeur des plus viriles.
Chébeau et cha chent bon, miam.
David aime beaucoup. Ca ira très bien chez lui.
Bon, mais il y a plein de parfums, je sais pas lequel choisir, bouhouhou !
Alors méthodiquement, je les porte tous à mon nez délicat (mais pas en même temps, eh l'autre !).
Hmm, celui-là, c'est quoi ? Oh, fruits rouges ? Ah oui, en effet c'est très rouge hein... et très fruité en plus, presque trop ! Plutôt non, du coup.
Et ça, hmm, j'aime bien la couleur, ça doit sentir b... Oh mon Dieu mais quelle horreur, ça sent comme des toilettes de gare, sans la bonne odeur de parfum synthétique !
Celui-ci, jasmin et ylang, ça peut être pas mal... Ouais, enfin, c'est peut-être pas mal, mais ça serait tout aussi bien si ça ne puait pas autant !
Et puis je suis tombé sur un flacon sympa, une couleur agréable, une robe riche, pas d'arrière-goût âpre (non je rigole hein, faut pas boire le parfum, c'est mal !) avec un nom rigolo, Bergamote & Tonka, j'aime bien.
Ca sent... ça sent... bon, ça me rappelle quelque chose, mais quoi...?
Je passe à la caisse, je fais trois ou quatre boutiques pour habiller l'iPod qui est difficile, il n'aime rien, et je rentre.
J'installe délicatement mon bouquet de tiges dans son vase, je le dépose sur son meuble, et j'attends "quelques minutes que le parfum s'émane des tiges de rotin et se répande dans [mon] intérieur".
C'est magnifiquement dit, surtout le "se répande dans votre intérieur", c'est assez suggestif, Régine Desforges ne l'aurait pas mieux écrit.
Et au bout de quelques minutes, en effet, je commence à sentir.
Et je me souviens.
L'odeur.
Mâle.
La fève tonka, c'est ce qui donne sa pleine saveur au parfum de Jean-Paul Gaultier.
Chez moi, ça pue maintenant Le Mâle.
J'ai plus qu'à ressortir mes vieux posters de Wham et le tableau sera complet.