Ma dent

Ma dent, ça n'est pas n'importe laquelle, c'est mon incisive.
La première fois qu'elle est morte, je devais avoir dans les douze ans. Je courais comme un fou, les cheveux au vent et les bras levés vers le ciel, quand mon pied a roulé sur une pomme de pin. Ma dent a amorti le choc.
Ma jolie incisive définitive. Tschbam, niquée.
Votre sacrifice ne sera pas oublié. Pour la remercier, le dentiste l'a ressuscitée du mieux qu'il a pu, hop on recolle, ni vu ni connu.

Ensuite, elle s'est recassée un mois plus tard, quand je suis tombé dans les couloirs de l'école.
Cette fois-ci, le dentiste n'a pas pu la réparer, il a fallu la limer (aïïïïïïïïïeuh !) pour en mettre une fausse.

Depuis six ans, j'ai la même dent devant.
Oui, parce que c'est ça qui est rigolo, quand on se casse une incisive avant d'avoir fini sa croissance, il faut la changer régulièrement, pour qu'elle soit de la même taille que les autres, qui continuent de pousser.

Et Céline (ma dentiste) me l'a dit, la dernière fois :
"Ah monsieur Procellus, vous n'avez pas de chance, ce que je dois vous faire, c'est la pire chose que l'on puisse vous faire chez un dentiste !".
Curieusement, on ne s'est pas revus, depuis.

Mais là, le problème, c'est qu'au fil des ans, ma dent a bougé.
Maintenant, elle a tourné selon un axe vertical ET horizontal, commençant à grimper sur sa voisine, incisive elle aussi.
Et pourtant, elle tourne !

Bon, rien de bien méchant, ça n'entache NULLEMENT mon sourire Colgate (quitte à faire de la pub, je devrais parler de mon sourire Parodontax, qui m'aide à ne pas me vider de mon sang dès que je me brosse les dents), pensez-vous, bien au contraire.

Mais là, ça commence à me gêner pour garder la bouche fermée, ma dent frotte contre ma lèvre.

Alors, soit je continue à me donner des coups de manche de brosse à dents pour redresser tout ça (de l'avantage d'avoir une fausse quenotte à cette endroit...), soit je vais voir Céline.

Procellus, ou la non-motivation (ou encore la non-mofivafion).