Paranoïa

L'autre jour, je suis sorti de chez moi sans mon sac. Parce que parfois, dans la vie d'un homme, on pense que le sac, c'est superflu.

Mais une fois arrivé dans le métro, je me suis retrouvé un peu bête, il me manquait quelque chose. Je m'en suis rendu compte quand d'un coup, la foule s'est infiltrée.
En cas d'affluence, je ne me sens jamais en sécurité. Mais d'habitude, j'arrive à me raisonner :
Ok, tu es un grand garçon, tu es dans le métro, il ne peut rien se passer. Rien. Ca n'arrive que dans les films, qu'un volcan surgisse et qu'un flot de magma en fusion vienne tous nous cramer.

Evidemment, l'autopersuasion, ça n'a qu'un temps, donc j'ai trouvé un autre truc : je me dis que de toute façon, quoi qu'il arrive, j'ai de quoi me défendre :

- si on m'agresse, j'ai un stylo que je peux parfaitement planter dans l'oeil de mon attaquant. L'oeil peut à loisir être remplacé par la jugulaire.
- Si quelqu'un se trouve mal, je pourrai mettre en application mes cours de secourisme télévisuels et pratiquer une trachéotomie d'urgence avec mon Bic.
- Si j'ai soudain un éclair de génie, j'ai un papier pour le noter.
- Et si vraiment la situation dégénère, je pourrai toujours faire un chèque.

Oui, la seule arme vraiment valable dans mon sac, c'est mon stylo.
Mais là, que tchi, de stylo il n'était point. Et quand tout le monde est entré dans la rame, j'ai eu un petit moment de panique. Rien. Pas de stylo. Rien pour me protéger. Rien pour attaquer, non plus. (Aucune hypothèse ne doit être laissée de côté. Dans le métro, il ne faut jurer de rien.)
Bien sûr, je peux toujours en étrangler un ou deux avec le câble de mes écouteurs, mais est-ce qu'on a déjà éprouvé la solidité de ce petit fil ?

Du coup, j'envisage sérieusement de glisser, de façon préventive, un stylo dans tous mes vêtements.

Et un sous le lit aussi, on ne sait jamais.