Qu'un sang impur abreuve nos sillons ! (1/3)
J'ai jamais aimé le 14 juillet. Quand j'étais petit, mes grand-parents m'emmenaient voir le feu d'artifice, et à chaque fois je flippais ma race : dans "feu d'artifice" il y a "feu", et j'avais toujours peur que les petites flammèches me retombent dessus et m'enflamment.Déjà à l'époque, tout précoce que j'étais, je me doutais qu'une mort par combustion risquait d'être douloureuse. Alors je pleurais et faisais chier tout le monde, mais quelque part, c'est pas ma faute, fallait pas m'y emmener de force.
Mais le pire de mes 14 juillet, ça a été pour le bicentenaire. J'avais sept ans. Je ne sais pas trop comment ça se fait, parce qu'en général la Saint Fête Nat. ça tombe pendant les vacances scolaires, mais on avait fait quelque chose pour l'occasion, à mon école. On avait dû avoir une Journée Spéciale Bicentenaire, également appelée JSB (ou J'zbeuh), à laquelle on nous avait donné plein de cadeaux : un joli bonnet phrygien en papier crépon, des stylos, des badges, enfin bref, une vraie panoplie de révolutionnaire. Mais le vrai cadeau, le seul, celui qui m'a le plus marqué, c'est le calendrier. Un joli (enfin, joli comme on devait en faire en 1989 pour célébrer la révolution...) calendrier, à accrocher au mur, avec des grandes cases dessus, une par jour, ouaaaaah, j'en avais jamais vu pour de vrai avant, mais c'est trop l'éclate ce truc !
Ouais, c'est ça.