J'étais né pour travailler dans le commerce (2/2)
Hier, comme je vis mes derniers jours chez Happy Time, j'ai décidé d'essayer de devenir le killer de la carte : je vais en placer coûte que coûte, quitte à poursuivre les gens à travers tout le magasin pour qu'ils me la prennent (parce qu'en général, je m'arrête à "bonjour, vous avez la..." "NON", et j'ose pas continuer).
J'attends que ma première victime cliente, une petite vieille à cheveux bleus, soit à portée de voix, et j'attaque.
- Oh non monsieur, c'est une carte de crédit, c'est ça...?
Elle me demande ça d'une petite voix chevrotante, derrière laquelle on imagine des mois de privations sur sa petite retraite, juste pour venir acheter sa pelote de laine, histoire de tricoter un cadeau à ses petits enfants qu'elle aimerait gâter plus, mais en fait non, c'est juste une pauvresse.
Mais bon, je peux pas plaindre tout le monde, j'ai la chance d'être devant un cas d'école, tout comme ils nous ont dit à la formation, je ne peux décemment pas laisser passer une occasion pareille.
Sans hésiter, je lève et agite l'index, tel le maître prêt à énoncer une bonne leçon de derrière les fagots :
(pause for effect)
Ca ne peut pas marcher, il n'y a aucune raison pour que ça marche, personne ne peut être stupide à ce point, ça ne va pas marcher, je suis sûr que ça ne marche pas !
Oh, comme je surestime les gens.
Et je la regarde s'éloigner vers les bureaux de Faistoimettre, d'une démarche tremblante mais décidée, sans vraiment savoir où elle met les pieds.
Encore une victoire de David.