We only come out at night

Il y a un mal ancestral qui rode dans ma cuisine. Plus méchant que la date de péremption dépassée, plus vicieux que les vilaines tâches de graisse qui ne partent pas même avec du Cillit Bang, et même pire que les verres ébréchés qui font tout bizarre quand on boit là où c'est abimé.
C'est dire, hein ?

Je l'avais déjà vu quand j'étais chez ma mère, il m'avait trouvé, sans que je le comprenne. Les nuits sans lune, quand tout était calme (contrairement aux autres nuits où Maman Procellus faisait une teuf d'enfer dans la cuisine), il sortait de sa tanière pour s'attaquer méthodiquement à ses proies, une à une, jusqu'à les contaminer toutes.

Son repaire, je le connais. Il se cache dans le lave vaisselle, sournois, à épier ce qu'on y dépose. Je ne sais pas ce qu'il veut, ni comment en venir à bout, ou si je dois appeler Buffy ou Van Helsing ou les Ghostbusters.

Ce mal, j'ai décidé de lui donner un nom, pour en avoir moins peur : vu qu'il fait des vilaines tâches brunâtres je vais l'appeler... "rouille" [ʁuj].
Voilà, maintenant qu'il a un nom, peut-être que si je lui fais prononcer à l'envers, il disparaîtra ? Mais faire dire "elliuor" au démon qui habite dans le lave-vaisselle, ça va pas être facile, accroche-toi hein.

Il ne me reste plus qu'à le comprendre, avant de le vaincre. Alors voilà, aujourd'hui, je lui pose la question bien haut : pourquoi, mais pourquoi est-ce que tu ne t'en prends qu'aux couteaux ?!
C'est même pas logique, au début je pensais que c'était parce qu'ils avaient une plus grande surface en contact avec l'eau / le produit / le whatever attaque que tous les autres couverts, mais en fait non, les cuillers à soupe ont une surface encore plus importante, alors non, vraiment, je ne vois pas.

Mais un jour, oh oui, un jour, je comprendrai, et je le vaincrai.
Et ce jour, là... J'aimerais mieux pas être lui.