Y'a des jours comme ça
C'était une journée qui avait pourtant bien commencé. Presque content de partir bosser, la pêche dans le métro, "ouais je suis un winner !!!", comme ça arrive rarement.
Bonjour collègue que je ne connais pas, bonjour collègue que je... je connais ? Ah oui ben alors, salut... toi, je connais pas ton prénom mais c'est pas grave, de toute façon c'est pas comme si j'avais plus l'intention de te parler que la première fois, héhéhé.
Ensuite, les clients s'enchaînent, tous plus bêtes les uns que les autres.
Et où est-ce que nia nia niaaaaaa ?
Et pourquoi c'est comme ça ?
Sourire poli, au revoir madame, merci monsieur.
Jusqu'à ce qu'elle arrive. La chieuse ultime, dans toute sa splendeur.
Elle commence à se plaindre que gnagnagna, et que ça serait bien que j'en parle à mes supérieurs, parce que rolalala non vraiment c'est pas possible hein !
Mais vous savez madame, mes supérieurs, ils sont comme moi, ils en ont vraiment rien à péter de ce que vous dites, ça ne servirait à rien... Alors voilà, passez-vous les nerfs vite fait et cassez-vous...
Et la chieuse râle, encore et encore. Elle ne s'arrêtera jamais, je le sais, je le sens.
Alors au bout d'un moment, j'ai craqué.
Calmement, comme toujours, j'ai attrapé mon Bic, vérifié que la pointe était bien sortie (mais en général je la laisse sortie, sinon on raye le papier), et je lui ai planté dans l'oeil.
Comme elle criait, forcément, ça doit faire mal, je l'ai tirée vers moi de dessus mon comptoir, et je lui ai sectionné les cordes vocales d'un grand coup de dents, en faisant quand même attention à ne pas abîmer ma fausse incisive, parce que c'est fragile, peut-être.
Apparemment, j'ai dû atteindre une artère ou un truc dans le genre, parce que ça saignait beaucoup.
En même temps du coup, on ne l'entendait plus.
Après, j'ai décidé que peut-être il était temps de prendre ma pause. J'ai prévenu ma collègue, celle que je connaissais déjà, et j'ai escaladé le comptoir, en poussant l'autre conne qui me barrait le passage.
J'ai grogné sur tous les gens qui se sont trouvés sur mon chemin, en traînant madame la chieuse par les ch'feux.
C'est marrant, il suffit qu'on ait un peu de sang sur le visage, un corps au bout du bras et qu'on grogne pour que plus personne vous fasse chier.
J'aurais du y penser plus tôt, tiens !
Arrivé à la porte, j'ai brandi mon Bic ensanglanté sur les gars de la sécurité (en grognant encore, AGRRRRR !!! - bah oui, il y a des habitudes qu'on prend vite), et je suis sorti.
J'hésite encore à prendre ma journée, demain.
Procellus, ou un de ces jours, ils vont voir.