La Salle de Bains (d'après l'oeuvre d'Astrid Veillon)

 Bon, je ne vous fais pas un rappel de la situation hein : fausse dent, bougé, douleurs, dois appeler le dentiste mais ne le fais jamais, gnagnagna.

De toute façon, ça fait mal depuis tellement longtemps que je finis par m'y habituer.
Et si je ferme les yeux très très fort, ça disparaîtra peut-être tout seul.

D'ailleurs, un matin, je me suis réveillé et je n'avais plus mal !
Sauf qu'au bout d'un moment, j'ai eu l'impression qu'un truc me gênait. Pas comme l'autre fois, le poil de brosse à dent, non, plutôt comme si j'avais un petit pois coincé sous la gencive.
Je suis allé voir dans le miroir : c'était un abcès. Là, gros comme un grain de maïs, à un demi centimètre au dessus de ma dent.
Aaaaaaaaaaaaaaaah !

Bon, ne paniquons pas. Première chose à faire : prendre rendez-vous chez le dentiste.
Voilà, c'est chose faite. Il va juste falloir tenir une semaine avant de la voir.
Ca devrait aller, ça ne me fait même pas mal.
Mais le lendemain, il a commencé à me gêner. Alors je l'ai remontré à qui voulait (encore) le voir :

- 'iens 'e'arde, il a 'as em'iré ?
- Ah ben si, on dirait... Et puis c'est blanc un peu... Ca doit être le pus qui essaie de sortir...

Ah, ok. Tu m'excuses trente secondes, je vais vomir, mourir, et je reviens.
Ne paniquons toujours pas, ça ne servirait à rien (oui mais quand même quoi !).

Quelles sont mes options ?

- Soit je le laisse comme ça en attendant de voir le dentiste.
- Soit je fais ce qu'on fait en général avec les abcès : je le perce.

Mais il est au niveau de la gencive, c'est impossible !

Je demande conseil autour de moi, et je récolte un "ah oui, je me l'étais fait une fois, percer un abcès dans la bouche... Ca ne fait pas si mal, la peau est tellement gonflée...", qui est presque rassurant.

Bon, bah on va le percer alors... Un dernier conseil pour la route ?

Tu prends un verre de tequila pour le courage, et pour désinfecter la bouche et l'aiguille, et bonne chance.

Bien sûr, j'aurais pu désinfecter à l'alcool à 90°, mais 1) je n'en ai pas, et 2) c'est beaucoup plus amusant de faire ça à la barbare.
Allez, un dernier verre, et à l'attaque...

L'aiguille est bien désinfectée, mais n'étant qu'humain, j'ai du mal à volontairement me l'enfoncer dans la gencive.
Alors je la positionne, je ferme les yeux et j'appuie. Quand je les rouvre, pour vérifier ce que je viens de faire, un liquide blanchâtre est en train me couler sur les incisives.

Encore une victoire de canard !

Oui, mais l'abcès ne désenfle pas, il est toujours aussi gros, et plus rien ne coule, et ça me fait encore mal. Et je ne me vois pas recommencer avec l'aiguille, c'est carrément pas pratique.

C'est là que j'ai eu l'idée de me le faire à la main. Un peu comme on peut s'exploser un bouton.
A la une, à la d... splatch.
Ca a... marché, kind of.

Bon, j'en peux plus, j'ai mal, j'ai plus de gencive, et je pense que si c'est encore enflé, c'est à cause de ce que je viens de faire.
Je vais me coucher, ou je m'évanouis, je ne me souviens plus trop.

En fait, percer un abcès, c'est pas si dur.
Non, la vraie difficulté, c'est les jours suivants, quand le trou qu'on a fait n'est pas encore cicatrisé et que le pus s'écoule par intermittences.

Pendant la formation, d'un seul coup, boum, un goût salé au niveau des incisives ? Ah, c'est mon pus, je vais prendre un tic-tac.

Le point positif à cette histoire, c'est que ce matin, j'étais presque content de voir ma dentiste.

Procellus, ou je vous rassure, c'était pire à vivre.