Désenchanté

Comme tout le monde, quand j'étais petit, je croyais aux magiciens. Une fois, après un pestacle de magie, à peine rentré, j'avais fourré le foulard de mon coffret de magicien dans mon petit poing, et j'avais essayé de le faire changer de couleur en tirant dessus.
Bien sûr, ça n'a jamais marché.

Au bout d'un moment, j'ai compris que peut-être, la magie ça n'était pas pour moi. C'est là, alors que j'étais jeune et influençable, qu'un nouveau héros est venu frapper dans la télé.
Après la magie et la lévitation, j'ai découvert la ventriloquie.

Après Mandrake, Tatayet.
My hero.

Tatayet, j'y ai vraiment cru. Je savais bien que la marionnette n'était pas vraiment vivante, et que c'est le monsieur qui la fistait qui la faisait parler, mais quand même. J'étais persuadé que ce grand mage parlait avec son ventre.

J'ai donc eu ma période où je voulais être ventriloque. Pendant de longues heures minutes (je n'ai jamais été très patient), j'essayais de faire bouger mon ventre, pour voir si j'arrivais à le faire parler. Je ne m'attendais pas vraiment à réussir à dire "bonjour je suis le ventre de David" du premier coup, mais le moindre petit son, ça aurait été bien.
C'est d'ailleurs à cette période là que j'aurais pu devenir danseur du ventre.

Je n'y arrivais pas, mais je savais que c'était possible, je le voyais à la télé !

Jusqu'au jour où mon père m'a appris la dure, l'horrible vérité.
"Mais non, ça n'existe pas, les ventriloques ! Ils parlent juste sans trop bouger les lèvres. C'est pour ça qu'ils ne prononcent pas beaucoup de phonèmes p et b, et qu'ils ont une moustache !".
Comme ça, froidement, presque en se moquant de ma candeur juvénile.

Depuis, je ne crois plus en rien. Buffy, Charmed, Roswell... Je sais que tout ça, c'est du flan.

Ce jour là, mon père m'a ouvert les yeux, mais il a détruit ma vie.
Garcimore, Copperfield et autres Sylvain Mirouf, j'aurais aimé vous croire, mais non.

Procellus, ou le drame d'une vie dans un monde triste et sans magie.