Révélation (3/4)

Et Presquebonne commence à me couper les cheveux.Comme à chaque fois, elle essaye d'entamer la conversation. On a déjà eu droit aux vacances, où j'ai appris sans en avoir rien à foutre qu'elle partait voir sa famille au Cap Vert, aux études, où elle m'a forcé à parler (mais bon, avec sa mémoire de bûche, je n'ai pas eu trop de difficultés à innover, je n'ai eu qu'à répéter la même chose à chaque fois que je la voyais, pendant un an), et là aujourd'hui on attaque le boulot :

- Alors, vous ne travaillez pas aujourd'hui ?

- Ben non.

Je sens qu'il faut que je rajoute quelque chose, juste "non", ça ne fait pas poli.

- Jamais le lundi.

Et on en reste là. Une fois encore, l'esprit l'emporte sur la matière : je ne veux pas parler, elle se plie à ma volonté. Je déteste faire la conversation en général, et encore plus chez le coiffeur, ça sonne faux, on n'a rien à se dire et ça risque de la déconcentrer, allons mon petit, on coiffe, on coiffe !

Peut-être que j'ai eu tort, si j'avais discuté, ça ne serait pas arrivé.

Révélation (2/4)

En arrivant chez le coiffeur, je suis un peu surpris.Ok, je suis tombé du lit ce matin et je viens très tôt, mais quand même, ça fait bizarre un salon désert où tout le monde a l'air de se faire chier, on se croirait à Happy Time ! Mais le plus bizarre, c'est qu'avec trois employés dans un salon vide, on me fasse quand même asseoir avec un peu de lecture pour patienter. Je ne sais pas ce que j'attends, mais sagement et poliment, je l'attends. De pied ferme.

Comme il n'y a personne, Presquebonne (ma coiffeuse à moi qui a l'honneur de s'occuper de mes épis) vient dare-dare me chercher pour me shampooiner.

Et là, le doux rêve commence, parce que Presquebonne est la championne, la reine, la déesse du massage du cuir chevelu pendant le shampooing.

Le problème à chaque fois, c'est que c'est super agréable, mais je ne sais pas comment réagir : soit je me donne une contenance, je reste de marbre et elle pense que ça me plaît pas et elle le fera plus jamais, ou alors je me laisse aller, j'y vais à fond : je ferme les yeux, je gémis de plaisir en m'enfonçant les ongles dans la cuisse pour pas me mettre à crier comme Meg Ryan au restaurant, et là c'est un peu la teu-hon.

Du coup je dois avoir un air entre les deux, les yeux plissés sans qu'elle comprenne trop le message que je veux faire passer.

Après, on est passés à la coupe.

Révélation (1/4)

Pour lutter contre la déprime du moment (c'est quand même un long moment...), il n'y a qu'une solution : le changement, je l'ai vu à la télé, ça marche toujours avec les héroïnes malheureuses.Alors j'ai le choix entre m'acheter une nouvelle robe, ou aller chez le coiffeur (il y a aussi l'option manucure, mais ça me ferait grave chier de payer si cher juste pour avoir de jolis ongles à ronger).

Je pourrais aussi faire les deux, le shopping et les ch'feux, mais pour ça, il faudrait que je bosse beaucoup plus à Happy Time, et il n'en est pas question.

Le choix est difficile : d'un côté, je commence à avoir ma coupe Jackson Five (ouais, j'ai les cheveux qui poussent en s'éloignant de plus en plus de mon crâne, vivent mes épis), de l'autre, je déteste acheter des vêtements : il faut parler au vendeur, essayer des trucs, berk, berk, berk, c'est sale.

Le coiffeur, donc.

Leçon de géographie

Je m'étais juré de ne jamais parler de mon blog sur mon blog, parce que je trouve ça con et inutile et remplissage nombriliste, mais là, je ne peux pas m'en empêcher.

Putain, mais quelqu'un savait qu'il y a un pays, là ?!

Parce que moi je suis encore sous le choc.

(Petit visiteur perdu au milieu de l'océan, pardon, mais c'est vrai quoi, tu vis un peu au milieu de nulle part.)

Procellus, ou la conquête du monde !

Fatigué

La scène : Après avoir mangé un yaourt, c'est bon les yaourts, amiam !, vous arrivez dans la cuisine, le pot à la main. D'un geste viril et néanmoins plein d'élégance, vous ouvrez la porte du lave-vaisselle, tandis qu'avec grâce (avec qui ?, voilà ça c'est fait) votre pied dégage l'accès à la poubelle.

D'une main, vous séparez la petite cuiller de son pot, que vous avez auparavant rempli de toutes les saloperies qui traînaient sur la table : mouchoirs pleins de mucus, pelures de vieux légumes, etc.

Une fois la séparation effectuée, toujours d'une main, vous dispatchez vos colis vers le lave-vaisselle ou la poubelle.

Au ralenti, vous voyez voltiger vos pelures de carottes et de concombres et tous vos détritus dans le lave-vaisselle, pendant que la cuiller va s'écraser avec un petit poc métallique au fond de la poubelle, qui bien entendu n'est pas vide.

De dépit, vous allez vous coucher.

Spider-Man 3

Mouais, mouais...

Dans le premier film, Peter découvrait ses pouvoirs, il était beau, il montrait son torse. Dans le deuxième, il se rend compte qu'être un super héros, en fait c'est pas si facile, mais il est fort ce Peter Parker, il arrive à sauver la fille et à avoir son happy end.

Et là, dans le troisième, on nous montre ce qu'on ne devrait jamais voir : ce qui se passe après le happy end, le lendemain matin, une fois que le soleil se lève.

Eh bah, c'est pas joli joli hein. Peter a pris la grosse tête, il voit même pas qu'il fait souffrir ses proches, sa copine commence à voir le revers de la médaille, sortir avec un héros finalement ça a des inconvénients.

En plus, Tobey s'est un peu laissé aller : il a un double menton, il n'a plus d'abdos, il déborde de sa chemise et ils sont obligés de couper tous ses plans torse nu au dessus des tétons. Du coup, on ne remarque plus que ses yeux globuleux et son teint blafard, il a perdu tout le charme qu'il avait dans les deux premiers.

Mais l'avantage d'avoir un héros moche, c'est que ça permet de se concentrer sur les nouveaux beaux gosses de la série : James Franco et Topher Grace, qui a bien grandi depuis That 70s Show. Mais vraiment bien grandi.

Alors voilà, c'est super sympa, mais les effets spéciaux de tueur, les scènes d'action toujours aussi bien foutues (pas comme Tobey !), et un scénario bien ficelé, ça ne rattrape pas un héros tout boudiné dans son justaucorps - même s'ils lui ont redessiné des muscles par dessus le costume (je vous ai dit, effets spéciaux de tueur).

En plus, il faut croire que je suis maudit. Pour être sûrs de pas être dérangés par des têtes de cons pendant le film, on a pris une séance dans l'après-midi, en pleine semaine. Pile le même jour qu'une sortie scolaire, quarante djeun's surexcités qui ont l'air de découvrir le cinéma. Gasp.

"C'est pas grave, tu vas voir, je suis sûr qu'ils vont être super sages pendant tout le film, mais par contre il va y avoir deux chieurs, ils vont s'asseoir juste à côté de nous et parler pendant tout le film". Et en effet, ça n'a pas loupé.

Ne regarde pas. Ni en avant, ni en arrière.

À gauche, ma grand-mère, trente-sept ans, à droite, ma mère, neuf ans.

Tout va bien, on fait bronzette tranquille en Espagne, merci le Front Populaire pour les congés payés.

Évidemment, Mamanprocellus fait un peu la gueule, mais c'est juste parce qu'elle a le soleil dans les yeux, elle n'a pas la chance d'avoir des jolies nunettes comme môman.

Elles s'en font pas, toutes les deux, elles claquent la pose sur le matelas pneumatique que Pépéprocellus a dû gonfler avant d'aller prendre la photo, pour que quarante-quatre ans plus tard David puisse tomber dessus. Bon bien sûr, personne se doute qu'un jour quelqu'un ira scanner la photo et la mettre sur son blog, déjà s'ils la font développer ça sera pas mal.

Et puis personne ne pense à dans quarante-quatre ans, c'est trop vieux, c'est trop loin, on a le temps de voir venir !

Méméprocellus est contente. Elle est fière de sa petite famille, son beau mari, ses beaux enfants. Elle a encore le temps de faire plein de trucs de femme de l'époque, mais dont je n'ai aucune idée (aller épier chez les voisins pour prouver que Samantha est une sorcière ?). De son côté, Mamanprocellus est une petite fille espiègle, qui aime bien qu'on la prenne en photo avec sa maman, qui tape sur les garçons avec sa copine Sylvie, et peut-être même qu'un jour elle sera institutrice ou star de cinéma, elle sait pas elle hésite, en tout cas ça sera un truc où elle pourra continuer à taper sur les garçons et jouer avec ses copines et bien s'amuser dans la vie.

Elle sait pas qu'en fait les garçons vont tellement se venger qu'elle finira par ne plus oser voir personne, qu'elle ne sera jamais institutrice ou star de cinéma ni même heureuse dans la vie. Méméprocellus non plus, elle ne sait pas que dans quarante-quatre ans, sa fille la détestera, son fils sera mort, et qu'elle passera ses journées à faire sous elle, baver, avoir de la purée dans la tête et attendre d'y passer en jouant au rami -parce que ouais, moi aussi si je devais mourir quand je mourrai, ça sera à cause du rami.

Et moi aussi pour l'instant, je joue avec les garçons (sans leur taper dessus), un jour j'aurai un métier qui me plaît, et je serai heureux dans la vie et après quand je serai plus vieux je pourrai mater chez les voisins pour prouver que Samantha est une sorcière.

Et après, ça sera à mon tour de pleurer ma vie ratée, faire sous moi et baver en attendant de crever. Mais ça on n'y pense pas, pas encore.

Procellus, ou le plaisir de vieillir. Oh oui alors.

Mon premier joint

Je m'ennuie.Je ne sais pas quoi faire, je zappe, je m'invente une nouvelle vie dans ma tête, je joue, je me branle, mais rien ne m'amuse.

J'essaye de me rabattre sur le ménage, mais l'aspirateur c'est rigolo cinq minutes mais après, ben plus rien. Je passe à la bouffe, mais en vain, le frigo est à moitié vide, et les restes ne me disent rien.

Je reste debout dans la cuisine, à regarder dans le vide, vers le mur tout crassouille. Trainspotting attitude.

Et là, d'un coup, je trouve. Quelque chose que je pourrais faire.

Je vais refaire le joint d'étanchéité de l'évier (après avoir vérifié que ça s'appelle comme ça - évier dans la cuisine, lavabo dans la salle de bains, j'arrive jamais à m'en souvenir).

Alors d'abord on vire tout le vieux joint, berk, casse-toi sale vieux, et on admire ce trou béant (voilà, ça c'est fait...), parce qu'avant il y avait du carrelage entre le lavabo et l'évier, et depuis que je l'ai viré, il y a un espace d'un bon centimètre à combler.

On va faire des frais et acheter de l'enduit de rebouchage, hein, ça s'impose.

En cherchant bien de l'enduit, je tombe sur un truc fabuleux dans le rayon : un joint d'étanchéité autocollant. Ca a l'air génial ce truc ! C'est fait pour les nullards dans mon genre qui n'ont jamais étanchéifié une cuisine, ça se déroule, ça se colle, et poupouf, plus d'eau. En gros.

Avec mon investissement, je rentre chez moi, je retrousse mes manches, je me crache virilement dans les mains comme les bûcherons dans les dessins animés, et au boulot.

Le trou est rebouché plus ou moins comme il faut, c'est plus ou moins lisse (plutôt moins que plus, mais on s'en fout, c'est ma cuisine), on peut attaquer la partie rigolote, faire un joint en gommettes.

Alors, "enlevez toutes les traces de l'ancien joint" - ça, c'est fait, je suis trop fort, je vais même plus vite que la musique, oh oui moi.

"Nettoyez les surfaces à coller à l'alcool". Iiiiih ! Mais je n'ai pas d'alcool ménager, moi ! Tant pis, on passe en mode Mac Gyver, et on prépare le terrain du joint autocollant avec un sopalin imbibé de vodka. Si c'est pas malheureux...

Après tout ça, il ne reste plus qu'à apposer ledit joint sur toute la surface... ...et de se rendre compte que c'est de la merde ce truc, ça ne colle pas du tout.

Du coup, dès qu'on a cinq minutes, couvert d'enduit de rebouchage et puant la vodka, on court acheter de quoi faire un vrai joint, comme un vrai professionnel.

Parfois, je me dis que tout serait plus simple si je prenais un bouquin, quand je me fais chier.

L'infirmière d'Happy Time

- Bonjour monsieur Procellus, je vois que vous êtes déjà venu lundi pour un torticolis... Ah, le torticolis est toujours là, et vous aussi, hi hi hi ? Alors qu'est-ce que je peux faire pour vous ?

Comment ? Elle vous avait mis de la pommade lundi, et ça vous avait fait du bien ? Et un myolastan ? Mais ça vous avait pas endormi ça ? Si ? Bon bah si ça soulage hein, moi je vois pas d'inconvénient majeur à ce que vous piquiez du nez sur vos heures de boulot... Alors, la pommade, c'est celle-là ? Tenez, reniflez le tube et dites-moi si c'est la même.

Oui ? Bon bah... On y va...

Bon, et moi je mets des gants, mais c'est pas parce que je suis une précieuse horrifiée par le contact avec les malades, pouah mais quelle horreur, gardez vos miasmes, c'est juste parce que je suis allergique à ces produits.

Ah, tiens, mais c'est normal que vous ayez mal, vous avez une vertèbre déplacée ! Donc je peux plus rien pour vous, hein, j'arrête tout, parce que le contact humain, iiiiirk, quelle horreur !

Il vous fallait autre chose ? Ooooh ! Vous vous êtes brûlé au bras !

Voilàààààà, je vous mets un pansement pour éviter que ça frotte, oui il est en forme de gros papillon blanc, c'est laid, mais d'après les usagers, c'est ce qui tient le mieux.

Mais dites donc hein, c'est pas votre semaine... Vous auriez mieux fait de rester chez vous, allongé, à regarder la télé... ... ... ... Enfin, de loin hein, pour éviter les explosions !

A ce moment de la conversation, je ne sais plus quoi penser. Moi aussi j'ai eu envie de faire la blague "mais avec la chance que j'ai la télé risque de prendre feu !", mais j'ai eu assez de jugeotte pour me rendre compte qu'elle était pourrite. D'un autre côté, elle est tellement... tellement... imaginez un mix entre Paris Hilton et Susan Mayer, et faites-en une infirmière. Bah voilà.

Je crois que je l'aime.

Menteur !

Donc avec cette petite fleur, dont la plus grande réussite dans la vie est de sentir assez bon pour faire un désodorisant à chiottes, je m'assure santé, joie et félicité.

Et aussi plein de bonheur, parce qu'acheter son muguet à plein de petits Vincennois qui ne sont pas assez riches comme ça, non, ils ont besoin de faire chier à vendre leur muguet à 10 euros le brin qui sera mort à la fin de la semaine, emballé dans du cel-o-frais et tenu par un vieux bout de bolduc récupéré à Noël en prévision de ce jour magique, forcément ça va porter bonheur. Peut-être que si je le laisse tomber et que je marche dedans du pied gauche, ouais, à la limite pourquoi pas ? Mais là j'ai du mal à accrocher au concept.

Bien sûr, le 1er mai, je pourrais choisir de l'ignorer comme la fête des grand-mères ou la Saint-Valentin, mais depuis ce 2 mai où Mamanprocellus m'a appelé en vociférant que j'étais un fils indigne de ne pas avoir fait l'aller-retour dans la journée pour lui apporter ses clochettes, j'ai décidé que le muguet, sous ses airs innocents, c'est le Diable.

Et non, je ne suis pas aigri parce que je me suis rendu compte hier soir en partant du boulot que je ne pourrai pas faire mes courses aujourd'hui et que du coup je suis obligé de vivre sur des réserves que j'étais censé reconstituer aujourd'hui, justement. Pas du tout.

Enfin bon, heureusement, j'ai mon porte-bonheur, rien ne peut m'atteindre.

Et si vraiment ça ne marche pas, je me suiciderai en mangeant ses tiges et en buvant son eau de trempage. Bien fait pour sa gueule.

Les réunions d’Happy Time, c’est toujours un succès (3/3)

La réunion se poursuit, et je commence à piquer du nez jusqu'au moment où le débat s'élève et me réveille : est-ce que les produits sont de meilleure qualité chez Franprix, chez Monoprix, ou chez Lidl ? Et est-ce que c'est vraiment plus cher ? Parce que Grossechef fait ses courses chez Franprix, mais elle arrive pas à savoir si c'est parce qu'il est juste en bas de chez elle, ou si c'est parce que c'est vraiment moins cher qu'à Monop, où Schtroumpfettechef passe sa vie.Euh... on s'en fout ?

Oui, on s'en fout, c'est vrai. C'est comme ça qu'on arrive au point ultime de la réunion, celui qui justifie à lui seul cette heure et demie perdue dans ce placard surchauffé : "la présentation est importante au travail". C'est pour ça qu'ils nous rappellent qu'il faut arriver en étant douché et en portant des vêtements propres. "Sinon, si on n'est pas propre, ça se sent et le client n'aime pas".

Duh.

Ensuite, on commence à dire qu'on va parler de comment gérer les clients difficiles, les situations de crise et tout ça, mais pas de bol, on n'a plus le temps, il faut partir.

On a donc passé une heure et demie à dire qu'il fallait continuer à se laver, porter des vêtements propres, et dire bonjour et au revoir (et que c'est cher chez Monoprix).

Heureusement, c'était sur mon temps de travail.

Les réunions d’Happy Time, c’est toujours un succès (2/3)

D'abord, on s'auto-congratule pendant 10 minutes parce que notre BQS est quand même un des meilleurs du magasin, ouais, vive nous, allez on se fait la bise ? Non. Définitivement non.Les dix minutes suivantes, on essaye de comprendre ce qu'est le BQS. Un Brevet Qualité Service ? Un Baromètre Qualité Service ? Bon de toute façon on s'en fout, le notre est très bon, alors hein qu'est-ce qu'on est forts, et hop, deuxième round de félicitations, on fait des blagues en demandant des augmentations, c'est refusé, tout le monde rit jaune.

Ensuite, la réunion commence pour de bon. Le thème de la réunion ? Le BQS.

Or, je ne sais pas si je vous l'ai dit, mais le notre est excellent. Donc les trois quarts de la réunion se passent à énumérer tout ce qu'on fait bien, et toutes les façons dont on pourrait ne pas bien le faire. Par exemple : on dit bonjour au client quand il arrive, c'est bien, on est fort, parce qu'on pourrait aussi l'ignorer ou lui tirer la tronche, là ça serait pas glop. Bon par contre si vraiment on voulait être des lèche boules comme les auditeurs le suggèrent, on pourrait dire bonjour monsieur quand c'est un client mâle, et bonjour madame quand c'est une cliente femelle. Mais ça, c'est laissé à notre entière appréciation, à Happy Time ils veulent pas nous tenir trop en laisse, ça va quoi on n'est pas des branques.

C'est juste après ça qu'on a abordé les vrais motifs de la réunion.

Les réunions d'Happy Time, c'est toujours un succès (1/3)

Hier, pour la deuxième fois de ma carrière, j'étais "convié à une petite réunion d'une heure", comme c'est joliment dit, on croirait une invitation à un mariage.A l'heure dite, j'arrive dans la "salle" (eux ils disent salle, moi je dis cagibi), et je vois qu'elle est de la même taille que l'autre fois, sauf que cette fois, on est trois fois plus nombreux. Pas grave, je m'assieds le plus loin possible des gens que je n'aime pas (c'est à dire juste en face, vu la taille de la pièce).

Une fois que tout le monde est installé, on se rend compte qu'il ne manque plus que la fille qui doit nous faire la réunion (en retard, paaaas bien !). Et qu'il faudra qu'elle aille s'installer à l'autre bout de la "salle". Or, la table + les chaises autour + les gens dans les chaises = occupation totale de l'espace de la pièce. Il faudrait qu'on évacue les locaux pour qu'elle puisse aller s'asseoir.

Heureusement, il n'y a pas de problèmes, juste des solutions, et en arrivant, elle n'a pas d'autre choix que de monter sur la table et ramper jusqu'à sa chaise, à la Kim Basinger. Comme elle le dit elle-même, heureusement qu'elle a un physique à la Mimie Mathy, sinon elle aurait pu avoir des problèmes.

Tout le monde est prêt, la réunion peut commencer.

Slap me with a splintered ruler

J'aime me faire du mal. La preuve, après avoir pleuré toutes les larmes de mon corps devant Le Secret de Térabithia, je me suis acheté le bouquin. Déjà, se remettre à la lecture au bout de presque un an, c'est pas facile. J'ai promené le livre dans mon sac pendant une bonne semaine avant de l'ouvrir. Et encore, si la batterie de l'iPod n'était pas lâchement morte dans le métro, je ne sais pas si j'aurais attaqué.

J'ai commencé par lire un peu ce qu'il disaient sur l'auteur, et ça m'a fait tout bizarre, parce que d'après le résumé de ses autres livres, c'est l'équivalent américaine de la comtesse de Ségur, elle n'écrit que des belles histoires pour les petites filles qui ont encore des papillons dans les yeux. Bon, ben c'est pas grave, je vais lire un livre pour gamines, y'a pas de honte à ça hein...

Non, la honte elle est arrivée plus tard. J'ai commencé à lire, le chapitre 1, jusqu'ici tout va bien. Comme le film est encore récent dans ma tête et apparemment très fidèle au bouquin, je visualise tout ce qu'elle dit.

Je visualise tellement que je commence à me remémorer la fin. Et je sens un pincement dans mon petit coeur, au premier chapitre. Pas parce que le livre est triste, non, Jess est en train de prendre son petit déjeuner. Non, là je suis triste 100 pages à l'avance, par anticipation.

Je ne suis donc pas capable de lire un livre du niveau des Malheurs de Sophie sans avoir envie d'y aller de ma larmichette. Mais je vais tenir bon, et bientôt, oh oui, bientôt, je serai fort et j'attaquerai le chapitre 2. Les yeux secs, with a stiff upper lip.

Procellus, réveille la guimauve à l'intérieur de toi.

Les Tortues Ninja

Après Big Movie, il fallait bien remonter la pente, se hisser vers les bons films, toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus fort (merci Olivier Minne) ! Mais bon, avant d'arriver au sommet, il faut bien faire des petites haltes.

Alors, c'est pas mal hein (Big Movie a flingué tous mes critères), si on en croit l'expert, c'était même une très bonne adaptation, super fidèle (oui, sauf qu'April est devenue une ninja-archéologue...), l'animation est super jolie (ça c'est vrai, on peut pas leur retirer). C'est aussi très sympa que les Teenage Mutant Ninja Turtles fassent vraiment teenagers, cette fois : ce sont quatre crevettes (mais non, c'est des tortues, hihihi) aux allures d'ados, et pas les paquets de muscles stéroïdés qu'on avait l'habitude de voir. En plus (mais je ne l'ai découvert qu'au générique), il y a plein de voix célèbres, comme Sarah Michelle Gellar, Chris Evans ou Laurence Fishburne, ouah, si seulement je l'avais su avant j'aurais pu les reconnaître...

Maintenant, régalons-nous avec les points négatifs, youpiiiiie ! D'abord, l'histoire. Ils ont découvert un truc super original : tiens, s'il fallait arrêter le méchant avant que les étoiles soient alignées selon l'axe de machin truc chose ? Ah mais ouais mais c'est génial, oh, et ça n'a probablement pas été fait des miyards de fois auparavant ! Ben, si, un peu quand même... Et même, normalement, ils essaient de greffer des trucs autour de leurs histoires d'alignements trimillénaires, là, ben... non. Tant qu'il y a des scènes d'action (qui déchirent ta race, quand même), ça va, mais dès qu'on s'intéresse plus à l'histoire, c'est difficile de ne pas rire (alors que pourtant je suis super fort pour garder mon sérieux, si si !).

Mais le truc le plus chiant, ça a été la salle.

Une toute petite salle aux fauteuils défoncés, pleine de geeks, forcément (à part deux mamies à cheveux bleus qu'on se demandait qu'est-ce qu'elles venaient bien foutre là), mais de geeks méchants : et vas-y que je sors mon sac plastique pendant le film pour pique-niquer, et que je discute, que je commente, que je joue avec mon portable, que je me crois dans mon salon... Même que quand on leur criait dessus (pourtant ça non plus c'est pas dans mes habitudes), ça les faisait pas taire, et ils disaient qu'ils faisaient pas tant de bruit que ça. Les salauds.

Du coup moi ça m'a un peu gâché le film, une petite salle sans clim (!!!) avec plein de moches à cheveux gras qui font du bruit en parlant (même pas ils auraient chuchoté, non ?) avec leurs chips plein la bouche. Et tant pis si le fait d'avoir conscience que le cinéma n'est pas mon salon, même si je ne paye pas la place, ça fait de moi un vieux con.

Alors bon, bien sûr, on n'était pas en train de nous jouer La Dame Aux Camélias, c'était que les Tortues Ninja, ça ne réclamait pas un silence religieux. C'est juste une question de respect. Mais au cinéma, ça n'existe plus, maintenant, à chaque séance, quel que soit le film et la salle, il y a toujours des cons pour faire chier.

Et faut que ça cesse. Parce que là, au final, c'était un pas si mauvais film, punchy et rigolo, mais dans lequel je n'ai pas réussi à rentrer, à cause des autres connards de leur mère la pute. Alors la prochaine fois que je vais au ciné et que je tombe sur des chieurs irrespectueux à côté (ce qui ne loupe jamais, les chieurs irrespectueux sont toujours dans le siège à côté), je passe en mode Punisher, et ça va chier.

Wouah. Trop, trop wouah.

Vous en avez assez de votre vieil XP qui plante tout le temps depuis qu'ils ont voulu mettre leur saloperie de mise à jour de validation de Windows (cette bande de cons de paranos) ?Vous l'avez réinstallé et activé tellement de fois que les filles de chez Microsoft vous regardent d'une sale oreille quand vous appelez, sous-entendant que vous êtes assez con pour avoir une version pirate et quand même demander à la hotline de la faire marcher ? Vous vous dites, entre deux sanglots, que vous êtes pourtant quelqu'un de bien, et que c'est pas possib' qu'est-ce que vous avez fait pour mériter ça ? Arrivé au bout du rouleau, vous vous dites : quitte à reformater le disque une énième fois, si on passait à Vista, eh ?

Rien de plus simple, il vous faut :

- Une chèvre; - un joli CD d'installation de Vista acheté à bas prix à une jolie jeune fille aux yeux bridés et à gros seins; - un PC de merde (pléonasme) - votre vieux CD d'installation d'XP; - quelques chastes jeunes filles; - des heures de patience.

1 - Commencez par égorger la chèvre. Barbouillez-vous le visage de son sang, tout en pratiquant une dans rituelle autour de sa dépouille. Au mieux vous vous attirerez la sympathie des dieux, au pire ça ne sert à rien mais vous vous serez changé les idées avant de partir pour l'enfer.

2 - Mettez le CD de Vista dans le lecteur. Redémarrez à partir dudit CD. Regardez l'installation se dérouler sans problème. Naïvement, croyez-y.

3 - Sacrifiez une de vos vierges en remerciement, à la fin de l'installation.

4 - Remarquez avec stupeur que non, Vista ne s'est pas installé par dessus XP, il s'est simplement assis à côté. Ne vous étonnez pas des conflits que ça crée, forcément, pendant une révolution, si le nouveau dictateur ne tue pas le précédent mais s'installe à sa droite en lui faisant un câlin, le peuple est tout confusionné.

5 - Sacrifiez une autre vierge, ça peut pas faire de mal. Cherchez comment formater avec Vista, rendez-vous compte qu'on ne peut pas.

6 - Sortez votre vieil XP d'une boîte tout poussiéreuse pleine de vieux souvenirs (il s'en est passé des choses depuis janvier). Lancez le formatage, et vite vite vite, une fois que c'est fini et qu'XP veut s'installer, échangez les CD. On peut reprendre l'installation de Vista sur un disque propre, lavé des précédentes souillures de Microsoft.

7 - voir 3.

8 - À présent que tout s'est bien déroulé, arrachez-vous les cheveux, griffez-vous jusqu'au sang, massacrez le reste de vos vierges à coups de pelle, mais ne vous étonnez pas de la merde dans laquelle vous vous êtes mis, tout seul comme un grand.

Les vrais ennuis commencent maintenant : configurer Vista (i.e. ne pas avoir Explorer comme navigateur par défaut, faire sortir le son par les haut-parleurs - un truc inimaginable), le challenge d'une vie, même les mecs de Microsoft ont l'air d'avoir baissé les bras.

9 - Lancez un regard amoureux à votre Mac. Réfugiez-vous dans le réconfort de son clavier.

Ca doit être vos yeux

Ca fait plus d'un an qu'on m'a fait remarquer que j'avais une vue de taupe. J'avais mis plusieurs mois à me décider, et puis finalement j'étais allé voir un ophtalmo, qui m'avait prescrit plein de séances d'orthoptie. J'avais dit "ouais ok", j'étais parti et je suis jamais allé faire les séances, parce que ça va quoi, la kiné des yeux, pas que ça à foutre non plus. Moi j'veux des lunettes pour bien voir et pour pouvoir jouer à Clark Kent / Superman quand je m'ennuie.

Mais bon, pour ça il faut retourner voir l'ophtalmo.

De préférence, un autre, parce que celui-là je me vois pas lui dire "oui je suis venu vous voir il y a un an, mais bon, vous m'avez dit de la merde, je veux des lunettes, ok ?".

Alors, début janvier, j'ai pris les pages jaunes, j'ai cherché un ophtalmo pas loin de chez moi, et hop, on prend rendez-vous. Ah, vous n'avez pas de place avant le 23 avril ? Oh quand même. Bon bah oui, je viendrai.

Même que je l'ai noté sur mon Google Agenda, parce que grave comment je suis trop un homme moderne qui vit avec son temps.

Seulement voilà. Depuis janvier, je ne me souviens pas de grand chose sur ce rendez-vous. Déjà, si j'avais pas regardé sur l'agenda, j'y serais allé le matin.

Et puis je me dis que j'aurais aussi dû noter le nom du médecin, parce que je n'ai aucune, mais alors aucune idée de avec qui j'ai rendez-vous.

Alors je vais me la jouer "j'ai de la chance, je me fie à mon instinct", refaire une recherche dans les pages jaunes et aller voir celui qui a le nom qui m'inspire le plus, parce que c'est déjà comme ça que j'avais choisi la dernière fois.

Mais bon. Ca serait quand même plus pratique avec un cerveau.