Comme un dimanche

Hier matin, une fois bien réveillé, je suis parti à la piscine. C'était bizarre, sur le chemin j'ai remarqué que les arbres commençaient déjà à faire des fleurs, alors qu'on n'est même pas encore au printemps, nan mais où va le monde hein franchement ?

Arrivé à la piscine, c'était chouette, y'avait pas encore trop de monde, juste la vieille qui est tout le temps là et qui avance à deux à l'heure en faisant chier tout le bassin, mais c'est pas grave, on la double.
Alors j'ai commencé à nager, et j'ai été aspiré dans un univers parallèle aquatique (paratique, ou aquarelle, donc), où j'ai dû délivrer un peuple de sirènes du joug tyrannique des poulpes maléfiques. Ca a été dur, surtout au niveau de la respiration, parce que j'ai pas de branchies, alors forcément, ça aide pas. Mais je me suis débrouillé, je vous en dis pas plus, juste que ça impliquait de vider des boyaux de poulpe pour en faire un tuba, sale affaire, brrr.

Les sirènes ont voulu faire une fête en mon honneur, mais je suis rentré chez moi prendre une douche, parce que sinon je puais le chlore, et c'est agréable pour personne, on est bien d'accord, merci.

Après ça, je suis sorti me balader un peu, pour me changer les idées, et là un dragon est venu me supplier de venir aider le prince d'un pays lointain, aux prises avec une malédiction ancestrale, ou un complot pour le tuer et lui piquer son trône, ou les deux, je sais pas j'ai pas tout compris.

J'y suis allé, j'ai combattu une armée de squelettes, des goules et un temple antique qui s'est effondré sur moi. Cette fois-ci, pas de problème de branchies, mais du sable plein les yeux, je sais pas lequel je préfère...
Le prince a voulu que je reste un peu pour qu'on puisse faire l'amour comme des sauvages, et comme cette fois-ci je ne sentais pas le chlore et que je n'aime pas décevoir, j'ai dit pourquoi pas.
C'était sympa.

Après je suis rentré, j'ai essayé de chatter un peu, de jouer aux Sims, de m'intéresser à Warcraft ou de regarder Lara Croft : Le berceau de la vie, mais le problème quand on mène une vie comme la mienne, c'est que les loisirs paraissent bien fades, comparés au quotidien.

Procellus, ou dur dur d'être un héros.

Chuis en réu

Ce matin en arrivant au boulot, une de mes chefs m'interpelle :

- Non David, tu t'installes pas, tu vas partir en réunion chez Jézabel.

- Ah ? Euh, d'accord. Mais qui c'est ?

- Bah tu sais, notre chef de l'étage ?

Ouah trop cool, je participe à des réunions Happy Time ? C'est comme si j'avais un vrai boulot, c'est super, faut absolument que j'en parle sur mon blog en rentrant !
Mais en chemin, je m'interroge.
Ils m'ont dit que mon erreur avait été corrigée, mais si ça se trouve c'était pas vrai, et là en fait c'est un piège, ils me font aller dans une pièce sombre pour me punir, et je vais m'asseoir sur une chaise et y'a un tunnel qui va s'ouvrir sous mes pieds et je vais tomber dans les catacombes d'Happy Time, et mourir.
Ou pire.

Finalement ça va, sur place, je retrouve une fille qui est aussi là "pour la réunion". Ouf, sauvé ! Au moins, si je tombe, ça ne sera pas seul.
Je suis son exemple, et moi aussi je pique un bonbon d'une boîte que quelqu'un avait apportée pour célébrer le nouvel an chinois.

Mais... Mais qu'est-ce que c'est que cette matière ? C'est de la merde ?
Non, c'est kloug.
C'est vraiment curieux cette substance qui colle aux dents comme un bonbon au sucre tout en n'ayant absolument aucun goût. Mais au moins, essayer de se le décoller de la bouche, ça permet d'attendre patiemment que ça commence.

Jézabel profite de ces instants pour préparer son bureau à la réunion. Il va falloir sortir les chaises, sinon il n'y aura pas de place pour tout le monde.
Ah, mais on va être combien ? Une petite dizaine ?
Ca va être chaud de faire tenir tout ce monde ici, parce que si on compte les chaises qui étaient là, la pièce est fait pour... une... deux... oui, c'est ça, deux personnes.

Et puis, tout le monde est enfin arrivé. Jézabel nous conseille de nous asseoir sur le bureau, "c'est du solide !", mais personne n'ose.
Elle ferme la porte, commence ses dessins au tableau, et Collègue est prise d'une violente quinte de toux.
Jézabel aimerait pas que quelqu'un meure à sa réunion, alors vite vite elle la fait sortir, et l'accompagne dans la pièce d'à côté. On l'entend lui servir à boire, puis lui dire toute fière :

- Alors, tu vois, ça y'est ça va mieux maintenant que tu as bu !

A travers la porte, Collègue se remet à tousser de plus belle. On dirait que non, Cristaline ne soulage pas si efficacement que ça les crises d'asthme.
Finalement, elle finit par se calmer, quand même, et la réunion reprend.

Et je suis tellement bien, là, adossé au dessus du radiateur, mes restes de bonbon encore accrochés aux dents, que j'en oublie d'écouter.

Je suis prêt pour une augmentation, je crois

Il paraît que c'est inévitable, l'erreur est humaine, tout le monde finit un jour ou l'autre par se tromper dans son travail.
Ca m'est arrivé au début, j'ai été convoqué deux fois dans le bureau de la Chef Suprême pour mes erreurs, suite à quoi j'ai battu ma coulpe, promis que je ne le ferais plus, pardon maîtresse j'ai été vilain, et tout a été oublié.

Ensuite, j'ai discuté avec des collègues, et j'en ai eu la confirmation : en effet, tout le monde a merdé un jour ou l'autre, on n'y peut rien, c'est tout c'est comme ça, on est tous bêtes (même si ça fait plus mieux de dire "faillibles").

Mais voilà, je n'ai pas une âme de mouton.
Je n'aime pas suivre les tendances, faire partie d'un groupe, être comme tout le monde, alors les petites conneries vite oubliées, merci mais non merci.

Du coup, aujourd'hui j'ai fait une connerie qui risque de coûter 8000 euros à Happy Time.

Ouais.

Seul contre tous

Ce soir, j'étais chez Papaprocellus, à me plaindre de ce que mes poches étaient déchirées. À une époque, j'aurais sûrement essayé de pleurnicher pour l'attendrir, que c'est l'hiver, que j'ai des trous dans mon blouson, que je risque de mourir comme la petite marchande d'allumettes, ouin, mais j'ai fini par comprendre que rien ne peut fissurer le coffre fort de Papaprocellus.

Alors j'ai décidé de me prendre en main, et je lui ai plutôt demandé vers quel commerçant il faut se tourner pour faire réparer la doublure de ma poche.
Belle-maman est arrivée elle aussi, et ils se sont tous les deux penchés sur mon blouson pour voir l'étendue des dégâts.

Et le verdict est tombé :

- Bah, c'est la doublure, sur du cuir... Il te faut une grosse aiguille, et tu fais ça toi-même !

Comme Ingrid me l'a appris, je jette la tête en arrière, je plisse les yeux et j'éclate de rire, en réponse à cette bonne blague.
Et je me reprends.

- Non mais sérieusement ? Faut aller voir qui ?

La même réponse, mais cette fois-ci, belle-maman met la main dans la poche et plie le tissu de la doublure, pour me montrer comment coudre en fermant le trou.
Doucement, le voile se lève, et je comprends qu'ils ne plaisantent pas. Je dois le faire tout seul.

Mais c'est pas possible !
Et le cordonnier ? Et je sais pas moi, la costumière, y'a pas quelqu'un dont c'est le métier de réparer les trous dans les poches ?

J'étais mortifié, cloué sur place.
Mais dans quel monde on vit ? Les gens veulent plus bosser, ou quoi ?

J'ai bien cru que j'allais devoir me mettre à coudre, moi qui ai déjà du mal à utiliser une fermeture éclair sans la casser, mais finalement, devant mon air atterré, ou pour essayer de me faire bouger du milieu du salon où j'étais encore scotché, belle-maman a gentiment proposé de me le faire "la prochaine fois que je viendrai dîner".

On n'a rien sans rien.

La vie secrète des toilettes d'entreprise

Pour revenir au thème du pipi-caca, aujourd'hui je vais vous parler des toilettes publiques. Vous connaissez, les toilettes publiques ? Sur les portes de la cabine, on trouve inévitablement les pseudo annonces de cul, avec des réponses plus ou moins sympathiques du type "sale pédé", "sale black", "sale céfran"...
Il y a aussi les dessins à la gloire de la levrette, de la sodomie et de l'éjaculation : le sexe, c'est encore plus fun quand c'est dessiné.

À Happy Time, les toilettes du personnel ne dérogent pas. On en a à chaque étage, et à chaque fois, c'est comme partout.

Sauf que l'autre fois, je me suis rendu compte qu'il y a aussi des grands penseurs parmi les employés, des philosophes dont le talent ne peut-être que sous-exploité, quel que soit leur poste.
Si si.


Moi je dis, y'en a quand même ils doivent se faire bien chier aux toilettes (notez le sens de l'à-propos avec ce jeu de mots, merci).

Oui bon, moi quand j'y suis, je prends des photos, mais c'est pas pareil, moi c'est moi.

La leçon de bon goût


Pourtant, je ne suis pas un expert en la matière. Je n'aime pas bien m'habiller, mettre des fringues jolies et pas confortables, passer des  heures à accorder les couleurs (d'ailleurs je sais juste que le noir, ça va avec le blanc), tout ça, ça me gonfle.

Pour ça, je suis content de bosser à Happy Time, où le seul dress code de rigueur est "Ne venez pas en sous-vêtements. S'il vous plaît".

Mais bon, malgré mon absence totale de sens de la mode, je sais que :

1) On ne met pas des petites chaussures à talons quand on a un vieux jean moche.

2) Si vraiment on veut mettre des talons (alors que ça ne se fait pas !) avec un vieux jean moche, on s'arrange pour que ça ne soit pas des chaussures violet flashy.

Parce que habillée tout en noir, tu es jolie classe, avec ces chaussures là tu es à chier.

3) Puisqu'on parle du vieux jean noir, c'est aussi bien de ne pas le porter avec des vêtements qui se veulent chics, surtout avec un manteau en daim beige, c'est laiiiid !

4) Quand on décide de passer outre les pourtant judicieux conseils vestimentaires de David, on évite d'attirer l'attention sur soi en rigolant comme une dinde avec ses copines tromblons dans une rame bondée.

Par contre, ce que je ne savais pas, c'est qu'on peut parfaitement prendre plusieurs photos (c'est pas évident d'en avoir une nette, le métro ça bouge !) des pieds des filles d'à côté sans que ça ne surprenne personne.

Procellus, ou le vrai chic parisien.

Le jour où la science est allée trop loin

Tous les objets bonshommiformes à la mode en ce moment, j'adore.
Ch'est rigolo, ça sert à rien, ça coûte la peau du cul, mais je craque à chaque fois.

Le Dégraiss'Boy ? Aussitôt repéré dans mon Monoprix, aussitôt acheté.
Depuis, chaque fois que je fais la vaisselle ou que je suis dans la cuisine, en avant les histoires : on se fait la conversation, il me fait rire, je l'aime.

Toute la collection Koziol ? Si j'avais l'argent, moi aussi j'aurais un gondolier en plastique qui tient ma cuiller en bois, ou un guerrier sauvage qui tient mes cure-dents.
Comme ça en plus, le Dégraiss'Boy ne s'ennuierait pas quand je ne suis pas là.

Vraiment, il suffit qu'un objet soit un minimum ludique pour que je me jette dessus.

Mais là, je sais pas...

C'est peut-être que cette fois ils l'ont rendu un peu trop mignon, ou alors parce que c'est juste dégueulasse, mais ça me pose un gros problème moral de volontairement pisser (et plus si affinités) sur un surfeur qui serait suspendu toute la journée dans la cuvette de mes toilettes.

Même s'il est vrai qu'on n'est pas censé le viser, non plus.
Mais quand même, j'aurais du mal à ne pas le faire.
Je suis comme ça, quand je vois une cible, je vise.
C'est mon instinct de chasseur.

Le lutin de Procellus

Dans ma famille, quand un enfant naît, un lutin malicieux lui est assigné, pour veiller sur lui, qu'il soit toujours heureux, et qu'il ait toujours à ses côtés un petit compagnon rigolo.
C'est une chouette tradition, je trouve.

Le problème, c'est que mon lutin avait un jumeau. Ils ont été séparés à la naissance, et le frère de mon lutin a grandi avec plein de haine dans son petit coeur. Forcément, il a fini par basculer du côté obscur, et un jour il a pris la place de son jumeau.
Il lui a tendu une embuscade, lui a mis un mini masque de fer sur la tête, et il l'a enfermé dans une petite prison sur une des îles de Lérins.

Maintenant, où que j'aille, quoi que je fasse, c'est le jumeau maléfique de mon lutin qui veille sur moi.
Et il est méchant. Oh ça oui alors.

Sa dernière trouvaille, ça a été de me blesser au pied. Comme une petite photo vaut tous les longs discours, voyez plutôt :

Voilà, ça c'est mon pied, et le truc rouge qu'on voit (mais siiiiii, regardez !), c'est la plaie béante qui me fait souffrir comme c'est pas possib'.
Je me souviens juste que je me suis fait ça en me grattant et en une seule fois, mais je ne comprends pas vraiment comment on peut arriver à ce résultat juste en se grattant, si ce n'est en faisant intervenir les pouvoirs magiques d'un lutin.

Et ça va faire une semaine que ça dure, et en plus c'est situé à un endroit bâtard où le jean frotte contre la chaussette et ça fait encore plus mal et aïeuh ouin.

Bon bien sûr, ça pourrait s'arrêter là, un méchant bobo mal placé.
Mais le méchant lutin m'en veut, en ce moment, et depuis que je me suis blessé, il n'arrête pas de mettre plein d'obstacles sur mon passage, si si je le sais c'est lui je l'ai vu !

Alors dernièrement, il m'a jeté sur le pied un bureau, une chaise (plusieurs fois), une porte, la roue de mon vélo, et même, mon autre pied.
'Culé de lutin, va.

Heureusement, comme je suis quelqu'un de prévoyant, j'avais mis un pansement.
Du coup, ça me permet de ne pas trop souffrir de ses tours pendant la journée.

Mais quand vient le soir, que je pense que je suis en sécurité et que le monde extérieur ne peut plus m'atteindre, je retire mon pansement.
À ce moment là, le lutin met tous ses petits pouvoirs au service du mal en augmentant la capacité de collage du sparadrap.
Et je me fais une épilation de la cheville.

Le lutin maléfique de Procellus, un jour il dominera le monde.

Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens

Comme mes voisins ne sont pas des bons catholiques, le jour du Seigneur ils s'en foutent, ils ne se reposent pas. Alors hier, ils ont eu la bonne idée d'abattre un mur.
Ben oui, le dimanche, ça sert aussi à ça !
Du coup, toute la journée (j'imagine, au bout d'un moment je suis parti) ça a été des bruits de perceuses, de coups de masse, de marteaux, juste de l'autre côté de mon mur... De quoi se faire plein d'amis dans l'immeuble.
Pour moi, ça a été comme une déclaration de guerre, un motif de meurtre, la fin de notre entente cordiale.

Et ce matin, j'ai croisé monsieur Voisin dans le hall. Il a commencé à s'excuser pour les travaux, et après, il a enchaîné sur le pourquoi de la chose.
J'ai eu droit à toute une histoire palpitante sur son installation électrique vétuste, qu'ils se prenaient des coups de jus en mettant la main sur le mur, "et quand j'embrasse ma femme (en avançant la tête pour embrasser le vide, au cas où je ne comprendrais pas), on se prend de l'électricité, vous vous rendez compte !"...

Comme je ne répondais rien à part un sourire moyennement poli de temps en temps, que dès qu'il s'approchait j'avais un mouvement de recul et que je regardais désespérément l'ascenseur, la liberté, là, à quelques mètres de moi, il a dû comprendre que j'en avais rien à secouer de son histoire, et il a abrégé.
Hier, ça a pris feu dans leur mur, donc ils ont dû tout refaire faire en urgence, d'où l'abattage dudit mur et les travaux qui n'en finissent pas.

Moi je dis, pourquoi pas.
Mais bon. L'idée que mes voisins, le mari, la femme et les enfants auraient pu mourir brûlés vifs, dans d'atroces souffrances est plaisante, certes.
Mais ça ne compense malheureusement pas la gêne occasionnée.

Va falloir y remédier.

Dans un an et un jour, il sera mien. Un an. Et un jour.


Je sais, je sais, trop bon trop con, trop honnête trop bête. J'aurais dû le mettre dans ma poche comme on me l'a conseillé...
Mais on ne se refait pas !

Et puis, comme collègue me l'a fait judicieusement fait remarquer, "maintenant t'es obligé de rester encore un an pour gagner vingt euros !".

Procellus, ou je gagne ma vie en différé.

Gnihihi, et en plus du coup j'ai un autographe de ma chef trop cool !

The Imperius Curse

Alors voilà, à peine dix-huit ans et Harry Potter joue les allumeuses, non mais vraiment hein, où va le monde, si c'est pas malheureux de voir ça !

Ceci dit, Daniel Radcliffe ça a été un bon investissement, quand même.

J'ai juste un peu de mal à comprendre le trip avec le ch'fal, j'imagine que le photographe voulait faire passer une idée, mais là, c'est un peu raté, au moins pour moi.



Harry Potter, ou vivement les prochaines sorties.

We only come out at night

Il y a un mal ancestral qui rode dans ma cuisine. Plus méchant que la date de péremption dépassée, plus vicieux que les vilaines tâches de graisse qui ne partent pas même avec du Cillit Bang, et même pire que les verres ébréchés qui font tout bizarre quand on boit là où c'est abimé.
C'est dire, hein ?

Je l'avais déjà vu quand j'étais chez ma mère, il m'avait trouvé, sans que je le comprenne. Les nuits sans lune, quand tout était calme (contrairement aux autres nuits où Maman Procellus faisait une teuf d'enfer dans la cuisine), il sortait de sa tanière pour s'attaquer méthodiquement à ses proies, une à une, jusqu'à les contaminer toutes.

Son repaire, je le connais. Il se cache dans le lave vaisselle, sournois, à épier ce qu'on y dépose. Je ne sais pas ce qu'il veut, ni comment en venir à bout, ou si je dois appeler Buffy ou Van Helsing ou les Ghostbusters.

Ce mal, j'ai décidé de lui donner un nom, pour en avoir moins peur : vu qu'il fait des vilaines tâches brunâtres je vais l'appeler... "rouille" [ʁuj].
Voilà, maintenant qu'il a un nom, peut-être que si je lui fais prononcer à l'envers, il disparaîtra ? Mais faire dire "elliuor" au démon qui habite dans le lave-vaisselle, ça va pas être facile, accroche-toi hein.

Il ne me reste plus qu'à le comprendre, avant de le vaincre. Alors voilà, aujourd'hui, je lui pose la question bien haut : pourquoi, mais pourquoi est-ce que tu ne t'en prends qu'aux couteaux ?!
C'est même pas logique, au début je pensais que c'était parce qu'ils avaient une plus grande surface en contact avec l'eau / le produit / le whatever attaque que tous les autres couverts, mais en fait non, les cuillers à soupe ont une surface encore plus importante, alors non, vraiment, je ne vois pas.

Mais un jour, oh oui, un jour, je comprendrai, et je le vaincrai.
Et ce jour, là... J'aimerais mieux pas être lui.

What I Like About You - 2x18 - The Interview (1)

Gary : Well, what are you gonna do ?

Holly : I don't know... Well, maybe I'll just take a year off and hang out with Tina !

Tina : I'm not hanging out ! For the first six months I'm gonna work in an animal shelter, and then I have a job at a vet's office in TriBeCa !

Holly : Wait a minute...! So all these times that we say goodbye and I go home and listen to music, you guys are actually doing stuff ?!

Tina : Alright, alright, what is your backup plan ?

Holly : Oh my God you have backup plans too ?!

Mes infidélités

Je ne sais plus vraiment depuis quand on est ensemble, P. et moi. Je crois qu'on a été présentés officiellement en décembre 2001 ou 2002. On se connaît par coeur, il sait des choses sur moi que personne d'autre ne sait, et inversement.
Je l'ai soutenu quand il était au plus mal, j'ai passé des nuits blanches parce qu'il n'était pas là, je le connais jusqu'au plus profond de sa petite personne.

Il m'a suivi dans tous mes choix, parfois il a été ma seule vie sociale, mon seul ami.

Et puis, il n'y a pas très longtemps, on j'ai rencontré l'autre. Tout jeune, super beau, bien dessiné, bien foutu...
Je ne sais rien d'autre de lui, à part ça, et une réputation quand même impressionnante.
Le goût de la nouveauté, tout ce que P. n'a pas et que je voulais, lui, l'a. Et en mieux.
C'est plus fort que moi, c'est physique, il me le faut !

Je me suis interdit de faire quoi que ce soit pendant des jours, des semaines. Ca risquait de trop me coûter, je ne le connaissais pas vraiment... Ah, j'en ai fait chier du monde avec mes hésitations !
"Je le veux ! Rah mais il faut pas, c'est mal, qu'est-ce que je vais faire quand je l'aurai eu, ça sert à rien ! Mais je le veux, je sais pas quoi faire, bouhouhou !".

P. a bien compris que quelque chose n'allait pas. Alors je lui ai dit que depuis quelques temps, je pensais à un autre.
Je lui ai expliqué que ça ne changeait rien, j'avais encore besoin de lui, que personne ne pourra jamais le remplacer.
Il m'a promis qu'il allait essayer de changer, de s'améliorer, mais je sais que tout ce qu'il veut, c'est ressembler plus à l'autre.

Ca n'a pas été suffisant. Son changement, j'y crois, mais c'est trop tard, je pense à l'autre tout le temps. Je passe devant lui tous les jours à Happy Time, même si ça n'est pas du tout, mais alors pas du tout sur mon chemin. Juste pour le mater discrètement.
J'en parle à tout le monde, tout le temps, tout le temps.

Et puis hier, j'ai sauté le pas. Je me suis dit que la vie était trop courte, et que ça ne servirait à rien de passer mon temps à y penser sans rien faire, ça me rongeait. Et je ne veux pas me retrouver un jour avec des regrets à la pelle.
Alors voilà, je fais ce que je dois faire, and let's move on.

Le plus dur, ça sera de me débarrasser de toutes ces habitudes que j'avais prises depuis des années, et d'arrêter de les comparer, mais en tout cas, je ne regrette rien, parce qu'après des débuts un peu chaotiques, mon nouveau bébé s'est parfaitement intégré dans son nouveau foyer.
Même PC n'est plus jaloux.


Procellus, ou j'ai deux amours.

Le téléphone est mon ami

D'abord, j'ai demandé à ma chef. Elle m'a renvoyé vers sa chef, qui m'a renvoyée vers sa chef, qui a réussi à me donner le nom et le numéro de la personne à joindre.
Encore une victoire de canard ! (Coin. Coin.)

Alors, j'ai pris sur moi et sur mes heures de boulot (quand même) pour l'appeler.
Le téléphone me rend malade, mais c'est le seul moyen de joindre cette personne, alors la main moite et tremblante, je compose le numéro, et j'attends.

- Allô ?

(Merde, déjà il se présente pas comme j'avais imaginé qu'il le ferait, "Monsieur Kilfalèhapler, j'écoute ?", je fais quoi je fais quoi je fais quoi je fais quoi ?!)

- Oui, monsieur que personne n'aime et dont personne ne connaît vraiment le job, parce qu'on croyait tous que vous bossiez aux ressources humaines mais en fait non ?
Bonjour, ici David Procellus, je vous avais écrit au sujet de ma demande de prolongation...

(Là, je fais une pause, pour indiquer que s'il pouvait se décider à reprendre la main, ben ça serait pas de refus, parce que je ne suis pas très à l'aise au téléphone, déjà je vous fais grâce de tous mes bafouillages, mais je vous laisse imaginer).

- Oui ?

(Connard. C'est quoi ça, "oui ?" ? Je fais quoi moi maintenant, hein ?! C'est assez clair le sujet de mon appel, non ?)

- Ben voilà, mon contrat s'arrête dans deux semaines, donc je vous appelais pour savoir où ça en est...?

- ...

(Mais putain de bâtard de connard de merde, tu peux pas fucking répondre ? Why won't you talk to me ?! Je suis encore obligé de surenchérir, et ça fait déjà un moment que j'ai plus rien à ajouter, voilà, j'ai dit tout ce que j'avais à te dire !)

- Bah vous avez des nouvelles, des oreilles, une envie quelconque de me répondre ?

(Je ne supporte pas le téléphone. Je commence à m'angoisser et à perdre patience. Ma gorge est sèche, je ne parle plus beaucoup, mon sang quitte mes extrémités, et se met à battre très très vite dans mon petit coeur. Je suis au bord de l'apoplexie. Je vais bientôt pleurer.)

- Hmmmm... Oui, on peut déjà vous prolonger un peu, y'a plus qu'à signer.

Et je peux enfin raccrocher.
Tout ça pour ça. J'ai failli mourir pour presque rien, surtout que je m'en foutais un peu de savoir si j'étais prolongé, c'est juste un idiot qui passait par là qui m'a poussé à appeler pour avoir des nouvelles.
Crétin de pauvre type, va.

Procellus, ou le sursis.

The terrible curse of the trip

Aujourd'hui en arrivant au travail, je me suis pris les pieds dans un tapis. Personne n'a rien vu, je ne suis pas tombé, c'est l'avantage d'avoir un équilibre aussi précaire : au bout d'un moment on s'habitue.

Après, j'ai passé la journée à trébucher contre les pieds de ma chaise, glisser en me levant, essayer d'ouvrir des portes désespérément closes...
A deux reprises, j'ai descendu un escalier un tout petit trop vite. Je n'ai pas glissé, je ne suis pas tombé, non, je l'ai juste descendu un poil trop vite, pendant un instant j'ai senti que je n'avais plus totalement le contrôle de mes jambes.

Et là ce soir, je viens de manquer de tomber de ma chaise à bascule Ikea qui est censée être plus pratique pour la masturbation, sauf que j'ai jamais vraiment compris pourquoi, mais c'est pas grave c'est quand même rigolo un fauteuil qui s'incline.

Procellus, ou la crainte du moindre geste.

Je suis un incompris

A Happy Time, on ferme à 21h le mercredi, mais les employés sont censés rester vingt minutes de plus, pour aider les demeurés qui n'ont pas compris que "ça y est il faut partir maintenant messieurs dames, on ferme, bordel !".
Et il y en a, des cons qui ne comprennent pas ce qu'il faut faire quand la voix dans le haut-parleur dit "merci de vous diriger vers la sortie. A bientôt." !

Mais en général, tous les mercredis, la plupart de mes collègues se barrent à neuf heures tapantes, comme dirait mon pépé "comme des pets sur une toile cirée", expression classe s'il en est, je sais, je sais...
Et à chaque fois, on me fait soit les gros yeux (GRRR tu es encore là, grrr grrr !), ou alors on me regarde d'un air abasourdi (bah ? qu'est-ce tu fous ? t'attends quoi ???), parce que je reste jusqu'à la dernière minute.
J'aime pas être en retard ou partir en avance.
En plus, je suis payé pour être là jusqu'à 21h20, quoi.

Surtout qu'il faut pointer à l'heure, et "avant l'heure, c'est pas l'heure".
Du coup, tous les collègues qui partent en avance se retrouvent systématiquement à se les peler sévère dans le vent et le froid, à attendre de pouvoir pointer pour rentrer chez eux.
Et moi quand je pense à eux je me dis "bande de cons".

Alors forcément, je vais prêcher pour ma paroisse hein, mais je trouve que rester un peu plus longtemps au chaud et passer pour un mec très assidu, bah c'est plus intelligent que de passer pour un gros flemmard et risquer une bronchopneumonie, histoire de gagner un petit quart d'heure. Et encore, "gagner"...

Procellus, ou une conscience professionnelle qui semble confiner à la bêtise, alors qu'en fait pas du tout. Du tout.