La petite frayeur du lundi matin

Je ne sais pas s'il y a encore des gens qui ne sont pas au courant, mais j'ai une fausse dent, là, devant. Mon sourire Colgate qui fait tant de ravages et tourner tant de têtes dans la communauté, c'est du faux.
Oui, c'est un choc, j'imagine.

Enfin bon.
Depuis quelques temps (genre un bon mois), ma dent a beaucoup bougé. Et depuis un bon mois, je dois prendre rendez-vous chez le dentiste, parce qu'en plus d'être moche car de travers, ça fait de plus en plus mal.

Et ce matin, en me brossant les dents, j'ai ressenti une vive douleur eu un mal de chien de sa mère la pute.
J'ai passé la langue sur ma gencive, et senti un truc bizarre. J'ai regardé attentivement dans la glace, et là, horreur malheur, à la verticale de mon incisive, de la base jusqu'à loin sous la lèvre, il y avait un truc qui dépassait.

Nooooon ! J'ai trop attendu, et à force de bouger, la dent a entraîné le pivot qui a lui aussi bougé dans ma mâchoire, et il commence à m'attaquer la gencive pour sortir !
Et ça fait mal, et c'est horrible, mais qu'est-ce que je vais faire ?

Quelques minutes de pure terreur abjecte, j'ai vu toute ma vie défiler devant mes yeux.
Et si ça se trouve, il va falloir opérer, j'aurais du m'en occuper avant, mais pourquoi, pourquoi, pourquoi ?!

Finalement, j'ai été bien rassuré quand je me suis rendu compte qu'en fait, le truc qui me gênait, c'était ma brosse à dents qui avait perdu un poil.

Procellus, ou demain j'appelle.

Comment être un invité modèle

1. Mettez-vous en route un bon quart d'heure après l'heure à laquelle vous êtes attendu : plus vous arriverez tard, plus vous aurez de chances d'être pile à l'heure pour vous mettre les pieds sous la table.

2. Attention néanmoins à ne pas arriver trop tard, il faut quand même avoir le temps de se bourrer la gueule à l'apéritif.

3. Ne décrochez pas quand votre hôte vous téléphone. Laissez-le trépigner, ça lui fera les pieds, il n'avait qu'à pas vous demander de venir si tôt, c'est vrai quoi.

3. Arrivez les mains vides. On vous a invité à dîner, après tout.

4. Quand tout le monde commence à dresser la table, allez plutôt vous laver les mains.
Après tout, vous ne savez pas ce qu'il va y avoir à dîner. Et puis même, vous n'allez pas porter des assiettes avec vos mains dégueulasses, vous avez touché les transports en commun, beurk.

5. Veillez à finir tous les plats, qu'on comprenne que a) vous avez la dalle, ou b) vous avez de gros soucis que vous essayez de compenser avec la nourriture.

6. Ayant appris très tôt que mentir est une bien vilaine habitude, ne complimentez pas la maîtresse de maison sur sa cuisine.
Au contraire, rigolez bien fort quand on lui fait remarquer que ses crêpes ont l'air d'avoir été découpées à la grenade.

7. Dès que le repas est fini et qu'on commence à débarrasser la table, regardez votre montre. Ho ho, vous ne pensiez pas qu'il était si tard !
Faites-le remarquer à qui veut l'entendre, et laissez-les travailler, pour mieux vous préparer à partir.

8. Ne remerciez personne pour le dîner, l'invitation ou la charmante soirée. Attendez plutôt qu'on vous remercie d'être venu.

9. Soyez surpris qu'on vous demande de revenir bientôt.
N'en laissez rien paraître, au contraire, ayez l'air agacé "oh, écoute, on verra !".

10. Attendez votre RER 20 minutes. Mourez de froid, au sens propre.
Fatalement, ne revenez pas dîner.

Procellus, ou fallait pas l'inviter.

Record personnel


Six jours.

C'est le temps que j'ai tenu avant de me raser.

Au début, ça a été par fainéantise, nan je veux pas ça fait mal bouhouhou.
Ensuite, c'est devenu un défi : non, aujourd'hui, je ne me rase pas, de toute façon, être mal rasé ça fait grimper mon potentiel sexuel, et on va bien voir combien de temps je résiste (à me raser hein, pas à me violer dans un coin sombre).

C'était amusant, quand la peau commence à ne plus faire mal du précédent rasage, on s'habitue vite.
Et ça fait schhhkrriiiii schhhkrriiiii quand on se gratte la joue.
Et en prenant le bon regard, on peut jouer au bad guy en se regardant dans la glace de l'ascenseur.

Y'a pas à dire, la barbe, c'est trop fun.

Mais, au bout de six jours, c'est devenu trop désagréable, ça gratte, ça tient chaud, et puis ça ne ressemble à rien.
Au moins ça m'a permis, pour une fois, de me raser sans me vider de mon sang dans le lavabo. Et j'ai pu retrouver plein de sensations, comme quand on arrête de fumer : oh, quand on est dehors ça fait tout froid sur les joues !, ou oh, je peux sentir ma peau, en me passant la main sur la figure !.
En plus, pendant quelques jours, tout barbu que j'étais, j'ai eu l'impression d'être un vrai homme.

Procellus, ou il n'y a pas de petite victoire.

On a les soucis qu'on mérite

Entendu en sortant de chez moi :

Blondasse 1 : Oui, je te comprends, moi aussi j'ai le même souci ! Tous les matins, au réveil, je me demande...

Blondasse 2 : ...ce que je vais bien pouvoir faire aujourd'hui pour dépenser mon argent !

Puis les deux partent dans un grand éclat de rire complice, en s'attrapant le bras, c'est beau et naturel, on se croirait à la fin d'un épisode de Julie Lescaut.

Procellus, ou pourquoi pas moi ?!

Toutes les femmes de ma vie

Parce qu'une bonne idole se change aussi souvent que les draps, il faut maintenant mettre Kate Beckinsale à la poubelle.
En plus et surtout, je m'en suis trouvé une nouvelle, en la personne d'Anne Hathaway, et il n'y a pas de place pour deux dans mon coeur.

Officiellement, j'ai découvert Anne en 2001 dans The Princess Diaries.
La vérité, c'est que je n'ai jamais vu ce film, ni sa suite. Tout ce que j'en ai vu, c'est la bande-annonce et la pub pour la sortie en vidéo.
Mais déjà à l'époque, je me disais "Oh woah !". C'est vrai quoi, une histoire de princesse, avec en prime Mary Poppins, la petite fille en moi mouillait trop sa culotte !

Donc la première fois que je l'ai vue "pour de vrai", c'était dans Ella Enchanted.
A la voir se figer dans l'air et se fighter avec son reflet dans la salle des miroirs, je suis tombé sous le charme.
En plus, elle chante !

Après, tout s'est enchaîné très vite pour mon poulain.
Elle a commencé à essayer de se débarrasser de son étiquette "actrice Disney", en faisant la voix de Red dans Hoodwinked.
Là encore, fière de sa formation d'artiste complète, elle chante, avec la voix d'un ange.

Et ensuite, c'est la consécration.
Elle montre ses seins à l'arrière d'une voiture à mon Jake, dans un film où des cow-boys s'enculent.
Si CA ça ne dit pas que maintenant c'est une vraie actrice, et qu'elle en a fini avec les films pour enfants !

Bon, dernièrement, c'est vrai qu'elle a eu besoin d'argent et d'un peu de notoriété, alors elle a joué dans The Devil Wears Prada, mais que celui qui n'a jamais fait un boulot alimentaire lui jette la première pierre, hein aussi !

Avec sa bonne tête de fille à pédés gentiment nunuche, et malgré ses oreilles de souris, sa grande bouche et sa carrure à la Liv Tyler, elle arrive à être toujours la plus jolie et la plus fraîche.
Et dans tous ses films, elle s'est quand même tapé du beau gosse, alors respect.

Et elle peut aller aux avant-premières en montrant qu'elle n'a pas de soutien-gorge, sans que ça la décrédibilise.
Dans la catégorie "actrices Disney qui chantent", je ne pense pas qu'on verra un jour Hillary Duff porter ça.

Anne Hathaway, ou c'est toi la plus forte, et la plus belle, et je t'aime.

Longview

Aujourd'hui, je ne suis pas sorti de chez moi, sauf pour aller acheter de la tequila.Je ne me suis pas rasé depuis une bonne semaine, pas douché depuis longtemps, je ne ressemble à rien et je pue. Je suis resté collé à l'ordinateur, à essayer de trouver un plan cul, mais comme les mecs c'est tous des cons et que je n'habite pas à Paris (et que je ne ressemble à rien, et que je pue), personne n'a voulu venir. Et je me suis explosé le pied je ne sais pas comment, donc je ne peux pas bouger (sauf pour aller acheter de la tequila).

Procellus, ou la dépression.

Chronique d'une mort annoncée

L'autre fois, en sortant du ciné, je suis allé à Nature et Découvertes. Meryl Streep avait été tellement méchante avec Anne que je devais me changer les idées.

Le vendeur était très beau, alors quand il s'est approché "bonjour vous avez besoin d'un renseignement ?", j'ai attrapé le premier truc que j'ai trouvé : un "bonsaï à faire soi-même", on plante les graines et poupouf au bout de quelques jours, on a un bonsaï.
Je lui ai expliqué que j'avais déjà essayé d'en faire pousser un, que ça n'avait rien donné, mais que j'avais très envie de retenter l'expérience.

Il était beau, souriant, et m'a dit qu'il ne voyait pas pourquoi ça ne pousserait pas. Alors je l'ai acheté, pour lui faire plaisir, en me disant que si vraiment rien ne se passait, je pourrais toujours revenir le voir pour me plaindre.
Ho, le vilain vendeur...

Cette fois-ci, j'ai bien lu le mode d'emploi, j'ai bien tout fait comme ils disaient.
Et ils disaient que la germination était rapide, et qu'au bout de deux ou trois jours, les plantules devaient sortir de terre (c'est d'ailleurs suite à ça que j'avais fait ce rêve).

Au bout de plusieurs semaines, il ne s'était toujours rien passé.

Comme je suis d'une patience angélique, j'ai décidé d'y croire encore, et j'ai continué à méticuleusement arroser ma terre de coco.

Et puis il y a quelques jours (plus d'un mois après l'achat), oh, surprise, un truc sort du pot.

J'ai réussi ! J'ai créé la vie, à force de soins, de patience et d'amour !
JE SUIS UN SURHOMME, JE SUIS DIEU !!!

Maintenant, je peux passer des heures à observer ma pousse de bonsaï, à m'émerveiller de comment en fait "on ne naît pas arbre, on le devient" : il n'a pas encore son petit tronc en dur, juste cette espèce de mini tige verte.
Oui, je suis un gosse des villes, je pensais que les arbres sortaient de terre avec déjà leur tronc et l'écorce.

Procellus, ou c'est beau la nature, quand même.

Et toi tu fais quoi ?

- Allô, je ne te dérange pas ?

- Non non, je suis chez F., on était en train de zapper entre Les enfants de la télé et Charmed, et la télé est morte, et comme on a la flemme de chercher la télécommande de la Freebox, on regarde la neige à l'écran.
Enfin bon, et toi ?

- Moi, oh ben là y'a un mec avec qui j'ai chatté une fois qui vient de m'appeler, il me propose qu'on se rencontre ce soir. Comme je me faisais chier, j'ai accepté.
Il fait une soirée féodale en costumes, à O*** sur Oise.
Donc il passe me prendre à 22h30, et il m'a dit que ça allait durer au moins jusqu'à 5 heures, et c'est dans une cave.
Alors là, le temps de prendre un pull et on y va !

- ...

- Oui et puis je pense que ça ne risque rien, il m'a dit que chacun apportait un bout du dîner !
Bon et au pire je te rappelle hein, s'il y a un souci !
Bonne soirée !

- Euh... Toi aussi maman...

Procellus Family, ou des nuit plus folles qu'on ne pense.

Plic, ploc

En plus de l'odeur de Litchi, j'ai un problème dans ma douche.

Ca va bien faire plusieurs mois (ça a commencé quelques semaines après avoir changé de pomme de douche, parce que le tuyau était percé et qu'ils ne vendaient que des ensembles "tuyau + pomme", alors j'avais été obligé de tout remplacer) que la pression du jet  de ma douche a bien diminué.
Dernièrement, j'ai un peu l'impression de me laver dans un ruisseau, mais avec de l'eau chaude.

Alors, ce matin, porté par un sentiment de révolte et d'injustice, comme toutes ces femmes qui chaque mois sont trahies par leur serviette, j'ai décidé de faire quelque chose.

Je suis passé à la force de jet supérieure.

Puisque la position "douche toute bête" est devenue trop faible, on va passer à la position "massage", qui fait mal d'habitude. Normalement, même si l'eau ne sort pas par les mêmes trous que dans "douche", et qu'elle est projetée plus fort, grâce à la perte de pression, je devrais avoir un semblant de douche normale.

Oui mais non, pas du tout.
La pression est plus faible que ce qu'elle devrait, mais l'eau jaillit quand même assez fort, et quand elle atteint mon corps ferme et musclé, elle se pulvérise en une délicieuse petite bruine qui s'en va faire tout froid tout partout, surtout en contraste avec l'eau qui arrive très chaude.

Du coup, je suis revenu au ruisseau, au moins je me caille pas.

Procellus, ou cet enfer qu'est ma vie.

Jamais content

Parfois en début d'après-midi, quand il fait beau et soleil, on met juste un t-shirt et un blouson léger, et comme Martha Stewart, d'un geste énergique mais classe, on ouvre grand les fenêtres pour aérer. Puis on s'en va tout guilleret parce que la vie c'est trop chouette quand même, or something like it.

Après, quand on repart le soir, il est onze heures et des brouettes, les thermomètres dehors indiquent qu'il fait 7° (putain, SEPT !!!), alors je ferme mon blouson, mais j'ai quand même froid aux mains et aux oreilles, aïeuh.

Et puis après je rentre chez moi, fenêtres ouvertes en grand, et là le thermomètre de ma chambre indique qu'il fait 12.9°, et en effet, il caille sa mère la pute, c'est horrible j'ai froid, ouin.

Procellus, ou y'a que les imbéciles...

Lost

Après avoir téléchargé de façon farpaitement illégale un épisode de Lost,  je m'installe bien devant mon écran, je prends des gâteaux, parce que voir tous ces pauvres mecs qui meurent de faim à chasser du sanglier sur leur île, ça ouvre l'appétit.

Et je lance l'épisode.

A l'écran, une fille que je ne connais pas, dans une petite pièce.
Tiens, je me demande de qui ça peut être le flashback ?

Une autre fille arrive dans la pièce.
Je ne la connais pas non plus ?

Pourtant elles, elles ont l'air de bien se connaître, et de beaucoup s'apprécier, à en juger par la pelle qu'elles sont en train de se rouler.

Putain, c'est assez osé comme série, Lost, en fait.

Si ça se trouve ça va être un épisode sur le manque sexuel, et un des persos est en train de fantasmer à mort ?

Ah ouais, il fantasme grave quand même, une des deux filles a déshabillé l'autre et est en train de lui mordiller bouffer un téton en lui malaxant un sein, mais quel personnage est en train de flashbacker, purée ?!

Arrivé au cunni, j'ai compris que j'avais téléchargé un fake.

Procellus, ou une naïveté touchante, si si.

Vous avez dit bizarre ?

Il y avait déjà les yaourts et autres Danette saveur petit beurre. Ca n'a pas du tout la consistance qu'on attend, par rapport à leur goût.
Un truc au goût de petit beurre mais qui est tout mou, crémeux et froid dans la bouche, grosse surprise.

Ensuite, il y a eu les gels douche Ushuaïa à la mangue. L'odeur donne l'impression qu'on vient de préparer un kilo de mangues dans la salle de bains.
En bon alcoolique, je me suis habitué, grâce au Malibu Mango, à sentir le fruit sansle voir ou le manger, donc ça va.

Mais ce matin, en essayant mon nouveau gel douche au Litchi, j'ai eu soudain une grosse envie d'être dans un restaurant chinois à manger des litchis, ou boire un saké, ou n'importe quoi, mais ça n'allait pas du tout avec ma douche.

Je suis sûr qu'avec des produits comme ça, une femme enceinte pourrait tuer pour un litchi, alors moi je dis STOP !

Les odeurs artificielles et trop ressemblantes de nourriture dans un cadre de non-mangeage, c'est pas glop, et c'est perturbant.

Maintenant ma journée est foutue, je veux un litchi.

Procellus, ou les goûts et les odeurs...

Once I was a wood nymph

La dernière fois que je suis allé chez Ikea, j'ai voulu viriliser un peu mon intérieur, et j'ai acheté un article masculin s'il en est : une orchidée.
Parce que même si elle n'apporte pas une grosse dose de virilité dans la pièce, son nom veut dire testicule, et ça, ça me suffit.

Je n'ai pas la main verte, j'en ai donc acheté une (d'orchidée, pas de main) qui était encore en boutons, en me disant que peut-être comme ça, le temps qu'elle éclose, j'aurais l'impression de pouvoir faire pousser quelque chose, et de ne pas tuer tous les végétaux qui franchissent le pas de ma porte.

C'était un peu une opération suicide, tout le monde n'arrêtait pas de me dire que l'orchidée, y'a rien de plus fragile, vraiment c'est peine perdue gnagnagna.
Ca m'arrangeait assez, parce qu'une fleur, ouais c'est joli, mais ça va bien cinq minutes, quoi.

Que nenni, ça va bientôt faire deux mois que je l'ai achetée, et je suis bien embêté, elle n'a pas l'air plus décidée que ça à mourir.
Pourtant, j'y ai vraiment mis du mien, j'ai essayé de la noyer, de l'assoiffer, les menaces et les insultes, mais rien n'y fait.

Les orchidées Ikea, c'est autrement plus solide que leurs meubles.
Et oui, je suis certain que c'est une vraie, je n'essaye quand même pas de tuer une plante en plastique.

Du coup, ma table est un modèle d'élégance et de bon goût, et j'aimerais bien que ça change.

Procellus, ou fuck la nature.

Le jour où

Aujourd'hui, j'ai fait un grand pas vers ma vie d'adulte.
Un pas que j'avais un peu honte de n'avoir pas encore fait, surtout à mon âge, et du coup j'étais un peu stressé.
Et si ça se voit ? Et si je me plante ?

J'ai essayé de me raisonner, après tout, c'est une pratique sociale très répandue, il n'y a pas de quoi en faire tout un plat, je n'ai jamais entendu parler de quelqu'un qui en serait mort.
Mais bon, ça risque quand même de me changer, plus rien ne sera comme avant.
Adieu innocence et jeunesse éternelle.

Aujourd'hui, j'ai passé mon premier entretien d'embauche.

Et comme si ça n'était pas assez stressant de passer un vrai entretien, il a fallu que ce soit en groupe.
Retour à l'école, on se présente devant toute la classe et on raconte sa vie.

Et comme à l'école, le temps de me demander "bon alors, je me lance, ou je laisse quelqu'un d'autre parler ?", tout le monde est passé, il ne reste plus que Jolibrun et moi.
Échange de regards, et il me fait comprendre qu'il est aussi adepte du "laissons passer tout le monde et on verra".
Sauf que je suis plus malin (héhéhé), et je sais que c'est mieux de ne pas parler en dernier.

Alors undeuxtrois je me lance.
En n'oubliant pas de sourire énergiquement mais pas trop, faut pas leur faire peur.
Et ne pas oublier de respirer, non plus.

Oui, bonjour, je m'appelle David, j'ai 24 ans et je suis en train d'oublier de vous parler de mon cursus. Je tiens juste à dire que ce boulot, c'est mon rêve de toujours ! Je ne vis que pour travailler chez vous, et je sais que je suis FAIT pour ce job, les produits d'animalerie, c'est toute ma vie !

Le temps de rentrer chez moi, de laisser le charme opérer, et à peine mon manteau posé, ils me rappellent pour savoir quand je peux venir signer.

Procellus, ou un pied dans la porte du monde des grands.

C'est la vie pas le Paradis

L'autre jour, en faisant les courses, j'ai découvert ça :


Du Nesquick en yaourt ?! Mais... Mais...
On fait le bonheur en crème dessert maintenant ?

Vite vite, je dévalise le rayon, tant pis si je n'ai plus de place ou d'argent après pour acheter des trucs vraiment importants après, de toute façon rien ne peut être plus important que ça.
Au passage, j'en fais acheter aussi à mon autre cantine, pour être sûr de trouver du bonheur même si je ne suis pas chez moi.
David content, petit orgasme.

Et puis hier, je suis retourné en courses, comme j'ai fini mes pots de plaisir(s), et maintenant j'en veux encore, il faut que tu m'en redonnes, s'il te plaît, j'en ai besoin, je sais j'ai un problème, je te promets, je vais me faire soigner, mais il m'en faut encore une fois, juste une dernière fois, allez je vais pas tenir sinon, putain mais tu vois pas que je souffre là ?!

Mais à l'endroit où samedi encore on trouvait des petits pots de Paradis, maintenant, il y a une espèce de truc dégueulasse au soja.
Ils n'en ont plus, et pourtant, j'ai bien cherché.
David tout triste, bouhouhou je veux mourir.

Procellus, ou la cyclothymie justifiée.

Le jour d'après

16h30
Comme il a fait beau toute la semaine et qu'il fait de plus en plus chaud, je sors en t-shirt. Je vérifie que cette fois-ci, les roues du vélo sont bien gonflées.

Je fais vingt mètres, pan v'la la pluie !

Au bout d'une demi-heure de vélo sous ce déluge, je suis bien évidemment trempé comme une soupe.

Heureusement, au fur et à mesure de mon avancée, ça se calme.
Et quand j'arrive enfin, il fait beau c'est magique !
J'ai donc réussi à sortir, léger et court vêtu, pendant la seule demi heure où il a plu comme vache qui pisse ?
Mais où s'arrêtera ma chance ?

Comme mes cheveux sont faits de sphaigne*, ils ont emmagasiné plusieurs litres d'eau, qui s'écoule sur mon visage à chaque coup de pédale, et donc je n'y vois rien, et si j'ouvre trop la bouche, je risque de boire la tasse (hein quoi, non je n'exagère pas !).

A peine arrivé, j'enlève tout, désolé, mais je suis trempé et c'est froid.

20h30
C'est chouette, on dirait qu'il ne pleut plus, au moins je vais rentrer au sec, ce soir !

Ah tiens, c'était quoi ça ?
Un éclair.
Oh, encore un ?
Bon, ben j'ai rien dit hein.

22h50
Finalement, ça a l'air de s'être calmé, je vais y aller, entre deux averses, en plus il commence à se faire tard.
Euh attends, qu'est-ce qu'ils disent à la télé ?

Tempête ?
La mairie de Paris déconseille les sorties après 23 heures, ce soir ?

Tant pis, vivons dangereusement.
J'enfile mes fringues mouillées et glaciales, et je pars me suicider à grands coups de mauvais temps.

Procellus, ou si Dame Nature me cherche...

*Non, en fait j'ai des vrais cheveux hein !

I saved the world today

En ce moment, je suis en pleine recherche d'un cravail.
Pour savoir dans quoi je pourrais bien bosser, je me suis posé la question : pour quoi est-ce que je suis doué ?

Et là, vive comme l'éclair, précise comme un laser, la réponse m'a frappé : mon truc, c'est de sauver le monde.

J'ai déjà sauvé les bonnes gens de Cocolint (même si là, comme sauvetage...), Labrynna, Holodrum, et j'avais déjà sauvé Zelda et son peuple, à Hyrule (ou "en" Hyrule ?) une première fois.

Alors, quand en allumant ma Game Boy j'ai vu que le méchant Vaati avait ENCORE changé tout le monde en pierre, enlevé la princesse et tout et tout, ça a été plus fort que moi.
Je suis retourné la sauver.

Qu'est-ce que vous voulez, c'est comme ça, quand on est un  vaillant justicier, il y a des priorités.

Il aura beau se transformer en un gros monstre à plein de pattes et d'yeux, je l'ai bien appris, en regardant Buffy : il n'y a pas de démon indestructible.
(Même avec seulement un quart de coeur, je peux me le faire, j'ai mis des fées dans des flacons !)

Bon, bien sûr, ressortir mes vieux jeux game boy, ça n'est pas ce qui va faire bouillir la marmite.
Mais  à la fin de la journée, j'ai quand même la satisfaction d'avoir libéré un peuple du joug de son sorcier oppresseur.

En plus, j'ai gagné ça :


Et un Bouclier Miroir offert par un grand Goron de la montagne, ça n'a pas de prix.

Procellus, ou l'art du time management.

Bon appétit

Dans mon immeuble (et mon quartier, et ma ville), la moyenne d'âge est de soixante ans (à cinq ans près).
Alors je n'ai pas ce problème qu'ont certains, d'entendre mes voisins niquer en pleine nuit, ou en pleine journée, ou à n'importe quel moment (d'ailleurs, à une époque on ne vendait même pas de gel dans mon Monoprix, enfin bon, passons).
Enfin si, c'est arrivé, mais une seule fois, et ça n'a pas duré dix minutes, donc petite performance et je pense qu'il n'y aura pas de rappels.

Comme on est infestés de grand-parents et de petits-enfants (à Vincennes, il n'y a pas d'adultes entre 25 et 50 ans. J'ai peur pour mon avenir), les mamies font à manger pour les petits enfants, pendant que les papys font du bricolage.

Et il semblerait que quelque part dans l'immeuble, des voisins aient installé la cuisine dans la salle de bains, ou au moins réussi à relier la hotte au système d'aération des salles de bains.
Du coup, c'est assez fréquent que ça sente le niam-niam quand je suis dans la baignoire.

Et en ce moment, la mamie est dans un trip où elle ne cuisine que des trucs qui puent.
Alors depuis dix jours, je me suis douché dans des saveurs de friture asiatique bizarre, d'agneau grillé, de poireaux, de morue, et là, de purée de céleri.
Et bleuark.

Procellus, ou l'aromathérapie nutritive.

J'aime le froid

Je n'aime pas l'été.
Ni le printemps, d'ailleurs.

Moi ce que j'aime, c'est quand il fait froid.
Quand on fait de la buée en parlant.
Quand l'eau a gelé dans le caniveau, que c'est tout blanc par terre, à cause du givre.

Quand on manque de se casser la gueule à chaque pas, tellement ça glisse.
Savoir que dès que je serai rentré chez moi, je pourrai enlever mon blouson, mon pull, et mon autre pull, et me faire un chocolat chaud (ou un grog ? Allez, un grog !) pour me réchauffer.
Noël sous la neige, un fantasme récurrent (mais sans cesse déçu).

En pour ça en général, j'aime bien l'automne.
Les jours raccourcissent, il commence à faire plus froid, on sort les pulls.
Quand on marche dans la rue, les feuilles mortes se ramassent à la pelle, et ça fait cric crac de marcher dessus.

Alors, imaginez à quel point je suis malheureux en ce moment.

Connerie de redoux, va !

Procellus, ou l'espoir qu'un jour l'hiver sera rigoureux.

Être un loser, en 5 étapes

1. En partant de chez soi, voir que le vélo a une roue crevée. La regonfler et partir, en se disant que bon, ça tiendra bien pour la soirée, parce que je suis un warrior, et il suffit que je le veuille pour que ça arrive.

2. En repartant sur le coup de minuit, pester parce qu'en fait, ça n'a pas tenu, et que la roue est complètement à plat.
Se dire qu'on aurait mieux fait de prendre au moins une pompe à vélo.
Repartir en métro, en abandonnant la saloperie de vélo contre sa rambarde.

3. Au bout de quelques jours, se rendre compte qu'être un piéton, c'est vraiment trop naze. En plus le métro ça pue et ça coûte cher.
Se décider à aller (en transports en commun, forcément) réparer la roue pour ensuite rentrer en vélo.

4. Arrivé sur place, se féliciter d'avoir eu l'idée d'emporter une chambre à air de rechange (au cas où ça ne serait pas réparable), un kit de réparation et tout ça.
Démonter la roue en pleine rue, à grand peine.

5. Se dire que c'est bête d'avoir oublié la pompe cette fois encore.
Contempler ses deux chambres à air toutes raplapla.
Envisager l'exil, puis la mort, puis un sacrifice, puis re-l'exil.

Procellus, ou quand on n'a pas de tête...