Leçon numéro 2 : dites-le avec du lait
Procellus, un café nommé désir.
Procellus, un café nommé désir.
Bien sûr, il y a des inconvénients à ne regarder presque que Disney Channel, et quasiment jamais les chaînes culturelles ou d'informations (également appelées "chaînes chiantes") : je n'assure pas un cachou dans les soirées de l'ambassadeur, pourtant réputées pour le bon goût du maître de maison.
Quand on se met à me parler d'une émission sur l'horrible destin des Aléoutes, et du triste rôle qu'ont joué les trappeurs Russes dans leur disparition, je ne peux que sourire niaisement en hochant la tête.
Les cours de la bourse, les séances de l'assemblée ou le résultat du dernier tournoi de polo, don't know don't care.
J'apprends en général les nouvelles avec une semaine de retard ("Et tu as entendu ce qui est arrivé à... Oui évidemment, tout le monde l'a entendu !" "Euh ? Hein non non, pas moi, quoi, il s'est passé quelque chose ? Mais dis moi !").
Et puis, il y a la honte, quand quelqu'un allume la télé chez moi : "Ah ? Tu regardes comme ma petite nièce !".
Mais il y a quand même LE avantage (en dehors de la grande qualité des programmes -tout, tout pour échapper à une nouvelle rediffusion du Cosby Show !).
Pendant que le commun des mortels doit se taper des publicités pour la nouvelle Nana qui, en plus de son pouvoir ultra-absorbant merci la sphaigne, permet à ta chatte de ne pas puer, moi j'apprends qu'il y a une nouvelle variété de corn-flakes double chocolat pour le p'tit-dej.
Elle est pas belle, la vie ?
Procellus, ou une télévision sur mesure.
Leçon numéro 1: Timing is everything
Je l'ai découvert en allant à la piscine, presque par hasard. Pour protéger son anonymat, je l'appellerai Bogosso.
La première fois que je l'ai vu, il était devant la porte, en train de fumer, et a levé les yeux quand je suis arrivé à sa hauteur, pour me lancer un Bonjour ! tout souriant.
Pendant 10 secondes, j'ai cru que c'était un mec avec qui j'avais couché et que j'avais oublié. C'était bizarre, parce que c'est plutôt le genre d'homme dont je me souviendrais, et je n'ai pas encore eu assez d'amants pour commencer à en oublier.
Du coup, je me suis dit, pendant 10 autres secondes, qu'il était là pour pécho, et que c'est moi qu'il voulait. Procellus, facilement inflammable ? Oui, peut-être.
Ensuite, j'ai compris qu'il bossait là, et que son bonjour était surtout commercial. Mais bon.
Depuis, à chaque fois que je suis allé nager, il a été là. Et ça m'a motivé pour aller faire des longueurs, maintenant j'y vais dès que je peux, dans l'espoir de le voir. Mais pas plus de deux fois par semaine, aucun mec ne vaut de s'épuiser dans l'eau, et de risquer une crampe ou la noyade.
Et à chaque fois, un nouvel indice sur l'ambiguïté de sa sexualité est apparu.
* A le voir, il ne fait pas hétéro pour deux sous. Il ne fait pas vraiment homo non plus.
* Il est toujours tiré à quatre épingles (Paris Hilton pawa !). Il fait attention à ne pas marcher dans l'eau quand il passe à côté des douches, pour ne pas se mouiller (duh, tu bosses dans une piscine !).
* Il masse toutes les caissières de la piscine. (J'allais dire "même les moches", mais bon, elles le sont toutes), et elles se laissent toucher, et poussent des petits gémissements (salopes ! C'est MON Bogoosso !) sans que ça ait le moindre caractère sexuel.
Ni pour elles, ni pour lui.
Alors l'autre jour, je me suis dit que j'allais essayer de lui parler.
Même pas forcément pour coucher, juste pour faire connaissance, en ces temps difficiles, ça pourra servir de connaître quelqu'un qui peut me faire entrer gratuitement.
J'ai pris mon courage à demain, et je me suis dit que j'allais peut-être essayer de l'aborder.
J'ai répété toute une conversation dans ma tête.
J'ai même prévu un plan B : "ouais et sinon, je peux avoir un euro pour le casier ? Merci !". Et zwouf, je file.
Mon plan est infaillible.
Un peu comme le coyote du dessin animé. Il ne peut pas m'échapper.
En arrivant à la piscine, j'ai cru le voir, son gobelet de café à la main, devant la porte.
J'ai failli lui parler, mais je me suis rendu compte (à temps, quand même !) que ça n'était pas lui.
Hop, scénario A-2, j'entre dans la piscine, et je vais à la caisse, c'est là que je vais l'attaquer !
Tiens, je ne le vois pas à la caisse (scénario A-3, je l'attaquerai au bord de l'eau, ch'est romantique en pluche), il n'y a que le maître-nageur (moche, of course), et une caissière (moche aussi. Moins que le maître-nageur, mais moche quand même).
Et justement, ils parlent de lui :
- J'ai cru que c'était Bogosso, là dehors ! (rhoooooo ! Moi aussi tiens !)
- Ah ben non voyons, il n'est pas là aujourd'hui Bogosso, tu sais bien !
- Boah oui, c'est vrai !
Argl. J'ai mis des jours à me préparer à lui parler, et tout est à refaire.
Je te hais, monde, je te HAIS !
Procellus, ou le missile explose toujours à la gueule du Coyote.
Déjà commencé la guerre des transporteurs a.
Après avoir commandé et payé mon meuble, en une fois comme il se doit, oh mais qu'est-ce que c'est que ce trou dans mon compte ? C'est mon meuble !, vient l'étape tant attendue de la livraison.
Pendant la commande, je coche l'option "être livré samedi, entre 7h et 14h". Plus c'est long, plus c'est bon. Et une plage horaire de sept heures, un samedi matin, ça devrait être orgasmique.
En plus, c'est facile, de s'occuper, en attendant le livreur, j'ai plein de (desperate) housewife activities à faire, chez moi. Tiens, par exemple, je vais descendre la poubelle.
Ah, non, ils risquent de sonner quand je serai au local à ordures.
Forcément, c'est toujours comme ça, il suffit qu'on s'absente 5 minutes pour que ça soit les 5 minutes où ils surgissent du néant, apparaissent sur le pas de la porte, sonnent, s'impatientent et disparaissent, ne rappelant jamais, et emmenant mon meuble dans les abysses de l'oubli.
Oui, je vis les livraisons de façon traumatique et paranoïaque, et alors ?
Bon, ça n'est pas grave, j'ai plein d'autres trucs à faire.
Tiens, les courses. Ah non en fait, ça ne va pas être possible.
Et puis, ils ne vont pas tarder, il est quelle heure ? Ah, quand même. Neuf heures. Dans cinq heures au plus tard, j'aurai mon meuble !
Je n'ai qu'à m'armer de patience.
Et commence l'attente.
Comme un chien qui regarde vers l'horizon, là où son maître à disparu, je regarde par la fenêtre, n'attendant qu'un geste, un signe de vous. Mais rien ne vient.
Bon allez, ça fait un moment, il est quelle heure, là ? Neuf heures cinq ? Ah, ouais...
Finalement, de console en Famille Delajungle, de lecture en coups de téléphone, de coloriages en fixage intensif de l'interphone pour le faire sonner, on arrive à 13 heures. Comme le temps passe quand on s'amuse !
Je vais commencer à manger, ça va les faire arriver.
En fait, non.
Et là, je bascule, je sombre dans la folie, et en les attendant, je commence à penser à mon meuble. Ce que je vais en faire. Comment je vais l'aménager. Dans ce tiroir là, je mettrai ça ! Et dans ce tiroir là, ça... Ah oui, il y a celui-ci, aussi !..
A force de rêver, on arrive à 14h30. Là, le téléphone sonne.
- Allô, c'est le transporteur !
- (Ah ben quand même, j'ai failli attendre !) Oui ?
- Je sais pas ce qu'il s'est passé, je suis désolé, il y a eu une boulette (On a retrouvé Diam's ! Quand elle ne chante pas, elle livre des meubles, et en plus elle parle avec une voix d'homme (duh !) et un fort accent portugais !), votre meuble vient d'arriver dans nos entrepôts, et je vois que vous deviez être livré aujourd'hui...
- Ben oui... Il était temps de vous en apercevoir, d'un autre côté, mon brave monsieur !
- Mais ça ne va pas être possible, à l'arrivée du meuble, il faut au moins un délai de 48 heures pour décider d'un rendez-vous (et après, c'est moi qu'on traite d'indécis ?!), donc on peut vous livrer mercredi entre huit et dix heures, ça vous va ?
- ...
Adieu, veau, vache, cochon, couvée. Le meuble n'arrivera pas aujourd'hui. J'ai perdu une matinée de mon existence, pour rien. Nada. Nothing. Nichts. Que tchi. Des clous.
Must. Kill. All. Humans.
Procellus, ou la lente mais inexorable descente vers le côté obscur.
Il arrive un jour, dans la vie d'un homme, où il en a assez de vivre dans un show-room Ikea. Alors, il se décide à s'acheter des nouveaux meubles.
Pendant des jours, des semaines, des mois, il erre dans les magasins de meubles, passant son temps chez Fly, Atlas, Domus... Il lui arrive même d'aller dans des magasins qui vendent des trucs franchement moches et pas vendables, même pour une mauvaise émission de télé-réalité.
En plus, il y a des contraintes d'espace, pour les nouveaux meubles. Et l'homme sait ce qu'il veut : un meuble d'une forme qui semble n'exister que dans son imagination.
Deux solutions s'offrent à lui : fabriquer le meuble lui-même, de ses mains viriles et pourtant délicates, ou changer d'avis, et se trouver un autre modèle.
Evidemment, plan B).
L'homme aime l'originalité : pourquoi ne pas se mettre au mobilier asiatique ? Après le show-room Ikea, le show-room Omote.
Faut vivre avec son temps !
Bon, il ne reste plus qu'à trouver une bibliothèque-escalier aux bonnes dimensions, qui s'intègrera parfaitement sur le bout de mur qu'on lui réserve.
Le problème, c'est que ce type de meuble a une forme carrée, et que ce qu'il me faut, c'est un meuble plus haut que large.
Je pourrais en acheter un qui ait la hauteur désirée, et le scier sur le côté, mais en fait, je ne suis pas sûr.
Quand soudain, au détour d'une navigation sur le ternet, je le trouve.
Le meuble de mes rêves. Un escalier plus haut que large. Tout pile aux bonnes dimensions !
Je te veux !
Qu'importe, si tu as été fait à la chaîne dans une usine de Vasavoiroù, et pas construit à la main par un moine Tibétain, tu es beau !
Come to daddy !
Ah mais ouais, quand même, tu coûtes cher, un peu...
Plus la livraison... ah, p'tin, ils se touchent, là ?
Bon, c'est pas grave. Le comptable de père l'a toujours dit, "la meilleure façon de gagner de l'argent, c'est d'en dépenser !".
Cool, je vais être riche !
En plus, ça va, ils proposent le crédit sur 10 mois. Ce qui du coup rend le meuble presque abordable.
Alors, clic, je prends le meuble... Non, pas le choix du coloris... Oups, j'ai recliqué, je l'ai mis deux fois dans mon panier, huhuhu, il faut en enlever un.
Hoooop, numéro de carte, je clique, je valide, YIHAAA ! Je serai livré samedi.
Et soudain, un doute.
A quel moment j'ai dit que je voulais le paiement en 10 fois ? Ah, aucun. Je ne l'ai pas dit. Je me suis foiré. Je paye en une fois.
Oups, bêtise.
Procellus, ou à ce rythme là, je serai bientôt millionnaire.
J'ai toujours été un garçon très simple, quoi que puissent en dire deux ou trois mauvais coucheurs. Un garçon très simple (mais pas benêt), avec un rêve simple : travailler chez un traiteur asiatique.
Depuis toujours, ça me fascine, les traiteurs asiatiques. L'étalage de bouffe rigolote. Leur accent quand ils demandent "éplou ?" en souriant d'un air de "dis moi stop tant que tu veux, je fais genre de pas te comprendre", et en vidant généreusement le plat de riz cantonnais dans la barquette.
Le moment que je préfère, c'est celui où ils mettent le film sur la barquette. Je ne sais pas pourquoi, mais quand ils referment la Mystérieuse Machine à Sceller le Dîner, je mouille ma culotte, et je me dis que c'est ça, la vraie vie : être serveur chez un traiteur asiatique.
Malheureusement, ça n'arrivera jamais. Je suis né quelques milliers de kilomètres trop à l'ouest. Enfin non, mes parents sont nés trop à l'ouest. Et du coup, avec mes yeux bleus et ma tête d'Américain, je n'aurais aucune crédibilité si j'y bossais.
Sauf que récemment, je me suis rendu compte que ça aurait pu se faire.
Quand j'étais en primaire, j'étais super copain avec la fille de la patronne du chinois du coin.
Alors, à cette époque là, je n'y pensais pas encore, à mon avenir. Mais j'aurais du pousser un peu plus cette relation, et sortir avec elle.
En plus, sa mère, elle était géniale. C'était une bonnasse d'1m80, avec des jupes très très courtes, des talons très très hauts, et des cheveux très très longs. Et comme à cette époque là, je ne payais pas, je m'en moquais, qu'elle ne s'arrête pas de servir quand on lui disait stop.
Du coup, aujourd'hui, je pourrais aider belle-maman à servir des nems, du porc au caramel et des nouilles chinoises, et surtout, je pourrais utiliser la machine.
Je n'aurais pas à me poser des questions à la con sur mon avenir, ma vie et tout ça. Et belle-maman serait la plus jolie belle-maman du monde.
Mais voilà. On a déménagé avant même que je sois assez vieux pour me demander si le problème "vagin-seins" serait plus important que la machine.
La chance d'une vie.
Envolée.
Maintenant, il faut chercher une autre idée de travail.
Procellus, ou ça tient à peu de choses, quand même.
L'autre jour, je me suis engueulé avec un vieux, dans un ascenseur. Histoire de s'occuper, pendant 5 étages, se foutre sur la gueule avec le troisième âge, c'est toujours agréable.
En plus c'est lui qui a commencé, maîtresse !
Et même, à la fin, il m'a dit "merde". Enfin, plutôt "merdEUH !!!". Alors que moi, je suis resté poli, et je suis sorti en lui disant "Oh, ça va !". Oui je sais, j'ai une force argumentative hors du commun.
Tout ça parce qu'il est vieux, moche, et que de toute façon, s'il survit à la canicule, il n'aura un sursis que de quelques années, grand maximum, il croit qu'il a le droit de devenir grossier ?
Ce qui m'ennuie le plus, avec cette engueulade, c'est que je ne m'y attendais pas du tout. Au début, quand il m'a parlé, je lui ai répondu avec mon sourire Colgate "spécial vieux", qui permet d'avoir l'air aimable tout en parlant assez fort pour être entendu (c'est pas facile, essayez, vous verrez !).
Et au bout de trois échanges, comme ça, poupouf, j'ai été agressé, sans trop comprendre comment.
Depuis tout petit, à cause d'une éducation Breevandekampienne, je vis dans l'illusion que si on sourit et qu'on est poli avec les gens, ils nous rendront la pareille, et la vie sera plus belle.
Mais en fait, non.
Le pouvoir du sourire, c'était juste une histoire, comme le loup qui vient nous manger si on ne finit pas notre assiette (j'ai testé pour vous : il ne vient jamais, même si on ne finit pas).
La petite souris, le père Noël et l'amabilité : même combat.
Procellus, ou une candeur qui flirte avec la bêtise.
Depuis que j'ai récupéré des droits sécu, ma vie a complètement changé.
Pour commencer, j'ai pu m'acquitter de mes dettes, et payer ma petite note à l'hôpital. Au bout de quatre mois, ça leur a fait plaisir, et ça va faire du bien de ne plus recevoir des lettres de relance avec menaces.
Ensuite, urgence numéro deux, je suis allé chez l'ophtalmo. Il m'a appris que si je n'y vois rien à moins d'un mètre cinquante, c'est à cause de mon strabisme divergent. Du coup, des lunettes ne serviront à rien, il me faut des séances d'orthoptie. Pour apprendre à ne plus loucher.
Maintenant, il faut encore que j'aille chez le dentiste. J'ai mal, au niveau de ma fausse dent. En plus, elle a bougé, et elle est un peu de traviole. Du coup, j'ai une incisive en biais, ce qui n'est pas du meilleur effet.
Et puis, je commence à en avoir marre de pisser le sang dès que je me brosse les dents.
Après, je n'aurai plus qu'à aller chez le dermato, pour faire quelque chose contre ces vilains boutons rougeâtres qui me poussent sur le bras dès que le soleil tape un peu (trop).
Procellus, ou la moisissure sous le crépi.
Pour certains, la nature, c'est Bambi, les p'tits animaux dans la forêt. La verdure, la cueillette des champignons à l'automne, l'eau qui gazouille et les bêtes qui viennent y boire leur coup.
Pour d'autres, c'est la montagne, les grands paysages, les beaux espaces, un grand bol d'air pur.
La nature, ça peut aussi être trier ses ordures, économiser l'eau et l'électricité, voter écolo, tout ça pour protéger les générations futures et leur laisser un monde plein d'avenir.
Alors qu'à Greenpeace, ils l'ont bien dit : la Terre, elle est trop forte, et c'est pas parce que l'homme est apparu depuis 10 minutes que ça va y changer quoi que ce soit.
La nature, elle était là avant, elle sera là après.
Mais n'oublions que le plus souvent, quand ça n'est pas les allergies au pollen ou les pigeons qui chient sur les balcons, la nature, c'est aussi ça :
Procellus, ou la (difficile) survie en milieu hostile.
* Ta Mère la pute.
Parce qu'à l'origine, c'est un p'tit gars ben d'chez nous.
Parce que maintenant, c'est un héros ben d'chez eux.
Parce qu'ils l'assument sans vraiment avoir l'air de se rendre compte.
Parce qu'à son époque, les noms de famille n'étaient pas juste un héritage parental, mais une petite description de la personne, un peu comme dans un Disney.
Parce que du coup, son nom fait regretter de ne pas l'avoir connu.
Et parce que, voilà quoi.
Guillaume Couillard, ou des héros qu'on n'oublie pas.
Ce soir, une vision étrange, au Ciné Cité Bercy.
Tout commence aux caisses. Personne. Juste quelques guichetiers, ça et là. Personne pour acheter des friandises, du coup on peut commander en huit fois et en une heure. Le pied.
Ensuite, devant la salle 33 (une des grandes salles, donc), quelques instants avant la séance : personne. Du jamais vu.
Mais euh les gens, vous êtes où ?
Du coup, c'est sympa, une salle pour deux.
Enfin, si cinq autres pèlerins n'étaient pas venus en cours de route, en s'excusant de nous priver de notre projection privée, ça aurait été sympa, une salle pour deux.
Et puis, en sortant du cinéma, personne. Bercy Village, complètement désert. Encore une fois, du jamais vu. On se serait cru un lendemain de catastrophe naturelle ou d'explosion atomique, les cadavres en moins.
La coupe du monde, ou comment vider une ville dans la soirée.
Comme vous pouvez le voir, mon téléphone fait des photos pourries. Si vous voulez que je sois heureux (Heureux ! E-R-E !), vous pouvez vous cotiser pour m'en payer un nouveau. D'avance, merci.
Je pars en vacances pendant 2 semaines, et donc, plus de blog. Oui, je sais, c'est dur. Ne retiens pas tes larmes, lecteur, Procellus comprend ta peine.
Et pour que vous vous sentiez moins seul, je vous laisse avec ma mascotte du moment : Pooyoo.*
En ces périodes de fortes chaleurs, Pooyoo vous apporte un peu de sa fraîcheur natale. En plus d'être tout mimi adorable, Pooyoo aime rendre service.
Enfin, je dis ça façon de parler, parce que Pooyoo est un manchot, et je ne sais pas si ces bêtes là apprécient grand chose. A part glisser sur le ventre, et se faire gerber dans le bec par les parents quand ils sont petits, puis gerber dans la gueule des petits quand ils sont devenus grands. Un juste retour de bâton.
Le manchot, un animal rancunier ?
Pooyoo ne le sait pas, mais il a de la chance. Enfin, s'il ne se fait pas dévorer par un orque en allant pêcher sa ration de krill, il aura de la chance. Il ne va pas finir comme ses cousins du Sea World, bagué et en vitrine, à tailler le bout de gras avec des gens qu'il n'aime peut-être même pas, et ne pouvant plus glisser sur la banquise, parce qu'à Sea World, il n'y a pas de banquise.
Alors cet été, rendez un manchot heureux, boycottez un zoo. Si plus personne n'y va, ils fermeront, et on arrêtera de rendre les animaux tout fous, à les enfermer dans des toutes petites cages.
Oui, je sais, je suis dur dans mes propos, mais quand il y a un vrai problème de société, un sujet brûlant, je n'hésite pas, j'enfile mon costume de justicier, et je dénonce la barbarie et l'abus.
Procellus, ou la lutte sans fin pour un monde plus beau.
*Certains noms ont été modifiés.
Je me présente : Procellus, descendant direct d'une longue lignée de téléphages. Etant fils unique et ne souhaitant pas spécialement perpétuer mes gènes, il est probable que cette tradition ancestrale, présente dans ma famille depuis au moins 1877, s'éteindra avec moi.
Comprenons-nous bien : on continuera de regarder la télé longtemps après ma mort, mais plus jamais comme un Procellus.
Je suis le garant de l'Ancienne Tradition, et si tout disparaît avec moi, je ferais en sorte que le flambeau qui m'a été confié brille plus fort que jamais.
Dernièrement, pour faire honneur à mon héritage, je me suis penché sur les nouveautés, et j'ai découvert une petite série qu'elle a l'air bien chouette, oh oui alors : Desperate Housewives.
Ouais, non seulement je viens d'une famille de téléphages (pôpa n'a pas eu la télé avant ses 18 ans, et môman admire le jeu d'actrice d'Ingrid Chauvin), mais en plus, je suis un précurseur.
Desperate Housewives, donc. J'aime beaucoup les séries, voir les problèmes des autres (le malheur des uns...). Mais ce que j'aime encore plus, c'est quand une série me parle de moi. Moi moi moi.
Et là, le problème de Desperate, c'est que ça parle de tout sauf de moi.
Mais il n'y a pas de problèmes, il n'y a que des solutions, et Internet est là pour pallier ce manque. Longue vie aux quizz en ligne !
Quelle Desperate Housewife êtes-vous ?
Et voilà, on retombe sur mes pieds. Si la série ne vient pas à David, David ira à la série.
Alors, clic clic, je fais le test... On attend les résultats avec impatience.
Vite, petite ADSL, le suspense me tue !
Alors, déjà, je n'ai pas de problèmes avec mes enfants, et peu m'importe d'avoir sacrifié ma carrière pour leur éducation. Je ne serai donc pas Lynette.
Allez, au revoir Lynette !
Je suis psychorigide, je n'hésiterais pas à empoisonner mon mari s'il m'annonçait froidement qu'il veut partir. En plus, j'ai des gants roses pour faire le ménage. Je veux être Bree, je veux être Bree !
Bree, c'est tout à fait moi. Not acknowledging the elephant in the room is what we do best !
Ah, tiens, non. Le test a parlé, je ne suis pas Bree. Dommage.
Peut-être que je suis Gabrielle ? Après tout, j'aimerais bien. Je suis un peu matérialiste. Si un mari m'offrait une maison, un jardin et des jolies choses, je chercherais sûrement encore les bras du jardinier pour aller y pleurer. Je VEUX être Gabrielle !
Madame Solis, c'est moi !
Et non, le test est formel, je ne suis pas Gabrielle.
Il ne reste que Susan. Susan la bonne poire, Susan la godiche, qui se repose entièrement sur sa fille pour tout. Susan qui met le feu à une maison, qui passe une journée le cul coincé dans le plancher du premier étage, qui ne sait pas faire un pas sans déclencher une catastrophe.
Je refuse d'être Susan ! QUI voudrait être Susan ?!
Je ne suis PAS Susan !
Jusqu'à tout à l'heure, où, en me brossant les dents, j'ai fait tomber le bouchon du dentifrice, je me suis précipité pour le rattraper avant qu'il n'atteigne le sol, et suite à un malheureux concours de circonstances, j'ai fait tomber ma brosse à dents dans les toilettes.
Procellus, ou comment on n'échappe pas à son destin.
Ma première révolution, c'était à l'école primaire. Un jour, il a bien fallu se rendre à l'évidence, j'étais différent des autres.
Papa, maman, il faut que je vous dise quelque chose : je suis gaucher. Et donc condamné à écrire comme un porc toute ma vie, à toujours rendre mes rédactions avec des pâtés, à perdre tous les points de présentation parce que la maîtresse était une vieille vicieuse qui nous forçait à écrire au stylo plume et que la vitesse de séchage de l'encre est nettement inférieure à ma vitesse d'écriture.
Du coup, il a fallu choisir : étaler l'encre en écrivant, ou me tordre complètement le poignet. Comme je n'aime pas choisir, j'écris avec le poignet tordu, mais ça étale quand même l'encre.
Ca a été une petite prise de conscience, mais quand même : je faisais partie d'une minorité ! Yihaaaa !
La deuxième, ça s'est passé au lycée. Le sexe avec les garçons, c'était rigolo, mais au bout d'un moment, je me suis rendu compte que je ne finirai pas ma vie avec une femme et des enfants.
Non, maman, ça ne sert à rien de crier, tu peux prendre tous les rendez-vous que tu veux avec la CPE et le médecin de famille, je suis à peu près sûr que ça n'y changera rien.
Et là, aujourd'hui, on arrive à la troisième. Papa, maman, je crois qu'il faut oublier les rêves de grande carrière et de travail glorieux que vous aviez pour moi !
Je ne sais pas encore si je vais dépasser Bac+3, et du coup, mes diplômes ne me propulseront pas directement dans les hautes sphères, comme l'homme canon que vous aviez imaginé.
Ne nous méprenons pas, cependant. Je reste un homme, et je reste canon.
Juste pauvre.
C'est pas encore cette fois que je vais rentrer dans le moule qu'on a vendu à mes parents quand je suis né.
Et quelque part, je crois que c'est rassurant.
Procellus, ou le perpétuel renouveau des rêves d'avenir.
Aujourd'hui, j'ai décidé de prendre mon avenir en main, et de retourner m'inscrire à la fac. Parce qu'être rentier, c'est bien, mais être rentier et faire des études, ben... apparemment, ça fait mieux.
Seulement, retourner s'inscrire à la fac, ça implique de prendre le métro, marcher dans le Xème arrondissement à pieds, parler à l'administration, et risquer de croiser des gens que je n'ai absolument pas envie de voir : mes anciens camarades, qu'ils crèvent.
Ma réinscription est plus importante que ces petites angoisses, alors je vais faire comme si je n'étais pas névrosé et phobique, et que tout ça ne me faisait pas faire dans ma culotte.
Je vérifie bien les horaires d'ouverture de la scolarité, je prends ma carte d'étudiant, je respire un bon coup, et j'essaie de me calmer.
Mode maître du monde : ON.
J'enfile mon polo Abercrombie. Comme ça, même avec mes valises sous les yeux (bah oui quoi, il fait chaud et on dort mal !) et pas rasé, je suis une pure bombe. Les femmes me dévorent du regard, et les hommes qui ne veulent pas sauvagement me faire l'amour, là, en pleine rue, m'envient et me jalousent.
En plus de mon pouvoir sexuel, que je lis sur tous les visages, tout me dit qu'aujourd'hui, tu vois, c'est ma journée.
Je suis jeune, en pleine ascension, je ne suis pas encore sur la pente "vieillesse - déchéance - oubli". Je suis plein d'avenir, un excellent coup, potentiellement riche, et là je vais faire des études, même pas parce que j'en ai besoin, juste pour essayer d'avoir un travail et de vivre comme le commun des mortels.
Et si quelqu'un que je connais m'aborde, je lui ferai bien comprendre que je lui accorde quelques instants de mon temps, afin que dans mon infinie miséricorde, je le laisse, pauvre fou, baigner dans la lumière de ma perfection.
Viens, approche de David, tu peux lui parler pendant quelques secondes. Si tu n'es pas trop pète-couilles, je t'autoriserai même à le raconter à tes amis, si tu vois encore un intérêt à avoir des amis - ou même une vie -, après cette expérience.
L'assurance, c'est dans le regard et la démarche.
Voilà quoi. La prochaine fois, j'essaierai quand même d'aller à la fac un jour où la scolarité n'est pas exceptionnellement fermée.
Mode maître du monde : OFF.
Il y avait déjà les statues de l'île de Pâques. Qui sont-ils, ces Moais ? Que regardent-ils ?
Et les lignes de Nazca ? Elles sont pas bizarres, les lignes de Nazca ? Comment est-ce que les Péruviens ont pu dessiner sans les voir des condors visibles uniquement depuis le ciel ?
N'oublions pas le saint suaire de Turin. Est-ce que c'est celui du Christ ? Et même si ça n'est pas le sien, il semblerait quand même qu'un corps ait irradié le drap. C'est quand même bizarre ça !
Saluons au passage et en vitesse le monstre du Loch Ness, le triangle des Bermudes et la combustion spontanée.
Mais tout cela, c'est du pipi de chat, de la gnognotte, à côté de cette nouvelle énigme, ce mystère sur lequel les scientifiques risquent de se pencher pendant des milliers d'années, en vain :
les drôles de marques sur le poignet de Procellus, alors qu'il ne s'est jamais fait mal à ce poignet là.
Bizarre power, always.
Comme tout le monde, quand j'étais petit, je croyais aux magiciens. Une fois, après un pestacle de magie, à peine rentré, j'avais fourré le foulard de mon coffret de magicien dans mon petit poing, et j'avais essayé de le faire changer de couleur en tirant dessus.
Bien sûr, ça n'a jamais marché.
Au bout d'un moment, j'ai compris que peut-être, la magie ça n'était pas pour moi. C'est là, alors que j'étais jeune et influençable, qu'un nouveau héros est venu frapper dans la télé.
Après la magie et la lévitation, j'ai découvert la ventriloquie.
Après Mandrake, Tatayet.
My hero.
Tatayet, j'y ai vraiment cru. Je savais bien que la marionnette n'était pas vraiment vivante, et que c'est le monsieur qui la fistait qui la faisait parler, mais quand même. J'étais persuadé que ce grand mage parlait avec son ventre.
J'ai donc eu ma période où je voulais être ventriloque. Pendant de longues heures minutes (je n'ai jamais été très patient), j'essayais de faire bouger mon ventre, pour voir si j'arrivais à le faire parler. Je ne m'attendais pas vraiment à réussir à dire "bonjour je suis le ventre de David" du premier coup, mais le moindre petit son, ça aurait été bien.
C'est d'ailleurs à cette période là que j'aurais pu devenir danseur du ventre.
Je n'y arrivais pas, mais je savais que c'était possible, je le voyais à la télé !
Jusqu'au jour où mon père m'a appris la dure, l'horrible vérité.
"Mais non, ça n'existe pas, les ventriloques ! Ils parlent juste sans trop bouger les lèvres. C'est pour ça qu'ils ne prononcent pas beaucoup de phonèmes p et b, et qu'ils ont une moustache !".
Comme ça, froidement, presque en se moquant de ma candeur juvénile.
Depuis, je ne crois plus en rien. Buffy, Charmed, Roswell... Je sais que tout ça, c'est du flan.
Ce jour là, mon père m'a ouvert les yeux, mais il a détruit ma vie.
Garcimore, Copperfield et autres Sylvain Mirouf, j'aurais aimé vous croire, mais non.
Procellus, ou le drame d'une vie dans un monde triste et sans magie.
En ce moment, j'ai pas mal de temps libre, que j'essaye d'occuper tant bien que mal. J'ai eu ma période bricolage, mais ça n'a qu'un temps : au bout d'un moment, à moins de retaper entièrement son loft soi-même, on n'a plus rien à bricoler.
Je me suis donc lancé dans le ménage.
Mais les détergents, ça attaque la peau, et je tiens à garder des mains douces et délicates. Alors, je mets de jolis gants roses pour les protéger (bah oui quoi, je vais pas me laver les mains avec du détergent !).
Et l'autre jour, en les enlevant, je me suis rendu compte que les gants en latex, ça laisse sur la peau la même odeur que les préservatifs.
Du coup, maintenant je vais m'amuser à les mettre, les garder un peu, les enlever et me renifler les mains.
Comme ça, j'aurai un peu l'impression d'avoir niqué.
Procellus, ou la misère sexuelle.
Aujourd'hui, c'était l'anniversaire de ma filleule.
Enfin non, c'est nul de mentir. Je n'ai rien à prouver à personne.
Je ne sais pas quand était l'anniversaire de ma filleule. Tout ce que je sais, c'est que la semaine dernière, ma mère m'a dit que ça allait être son anniversaire. Comme on fait toujours dans ces cas là, j'écris la lettre, je la laisse à ma mère qui va ensuite la signer et la poster, et grâce à un calcul connu d'elle seule, la carte arrive pile le jour de l'anniversaire, et oh, surprise, bon anniversaire !
Je sais, je suis un mauvais parrain.
Enfin bon. Je ne sais pas quel jour elle est née, mais au moins, je sais quel âge elle a : à peu près 6 ans.
Du coup, j'ai été un peu surpris, aujourd'hui, quand ma mère m'a forwardé le mail de remerciement que Marion (ma cousine / filleule, gouziguiliguili) nous a envoyé. C'est curieux, elle a 6 ans et déjà son adresse mail ? Et elle écrit rudement bien, quand même.
Et elle nous raconte qu'elle va aller au bowling pour fêter son anniversaire la semaine prochaine.
Hein ? Je suis le parrain d'une fille vachement précoce, quand même. A son âge, elle va au bowling ?
Mais au fait, quel âge elle a ?
Je calcule vite fait. Voyons voir. Elle est née en 1994. On est en 2006.
Tac, quatre pour aller à six... Deux...
Neuf pour aller à zéro... Je retiens un...
Ah ouais, quand même ?
Elle n'a pas 6 ans, elle en a le double. Elle a probablement déjà ses règles, et si ça se trouve, elle est enceinte.
Elle a l'âge que j'avais quand elle est née, putain !
D'ailleurs, on peut dire que je suis un mauvais parrain, mais à la base, c'était un peu idiot de confier cette responsabilité à un gamin de douze ans.
J'ai encore du mal à m'en remettre. Ca fait douze ans qu'elle est née. Douze ans.
Mais il est passé où, le temps ? La dernière fois que je l'ai vue, elle était grande comme ça et elle faisait des câlins en veux-tu en voilà. A quel moment elle a arrêté d'avoir six ans ?!
Non, vraiment, je ne comprends pas.
Pourquoi ça va aussi vite ?
Il est où, le bouton pause ?